Sans eux, point de Marina : Les négociateurs-clés de 2026

En marge des soutiens publics et des discours officiels, une poignée d’acteurs discrets façonne l’échiquier politique béninois. Experts en stratégie, négociateurs aguerris ou anciens décideurs, ces « faiseurs de roi » influencent, en coulisses, le destin des candidats à la présidentielle de 2026. Leur soutien, souvent invisible, reste pourtant un passage obligé vers le palais de la Marina.
Le Bénin a toujours eu ses figures discrètes mais incontournables. Loin des projecteurs, ces stratèges analysent, conseillent et nouent des alliances décisives. Leur expérience des rouages du pouvoir et leur réseau étendu en font des interlocuteurs-clés pour tout prétendant à la magistrature suprême. En 2026, comme lors des précédentes élections présidentielles au Bénin, le vainqueur devra autant aux électeurs qu’à ces acteurs discrets, mais puissants, qui façonnent le paysage politique. Ces influenceurs silencieux, leaders religieux (Églises évangéliques, leaders musulmans et vaudou ont un poids considérable. Leur bénédiction, parfois publique, parfois en coulisses, peut faire basculer une élection), chefs traditionnels (Gardiens des usages et de la légitimité culturelle, ils mobilisent des communautés entières. En 2016, leur soutien discret a été crucial dans certaines régions), hommes d’affaires (Les barons économiques et bailleurs de fonds financent les campagnes en échange d’accès privilégié au pouvoir. Leur influence s’exerce aussi via les médias qu’ils contrôlent), cadres de l’administration jouent un rôle décisif dans l’ascension d’un candidat. Leur point commun ? Une connaissance fine des équilibres régionaux, ethniques et économiques du pays. Sans leur caution, même les candidats les mieux placés peinent à convaincre.
Aussi faut-il le préciser la présidentielle de 2026 se déroulera dans un contexte différent : renouvellement générationnel, montée des attentes citoyennes et possible recomposition des alliances. Et pour cause, il aura l’émergence de nouvelles voix c’est-à-dire les jeunes et la société civile, plus connectés, pourraient contester l’hégémonie des réseaux traditionnels. De même on peut assister à la fin des soutiens automatiques. En effet, les alliances d’hier ne garantissent plus les loyautés de demain. Les électeurs, plus exigeants, pourraient réduire la marge de manœuvre des « faiseurs de rois ». A tout ceci, il faut ajouter le rôle accru des médias sociaux. Les influenceurs en ligne et les plateformes numériques redistribuent les cartes, offrant une tribune hors des circuits traditionnels.
Cependant, malgré ces évolutions, les cercles d’influence traditionnels resteront incontournables. Le futur président devra naviguer entre modernité et héritage, entre transparence et jeux d’alliances occultes.
2026 : le ballet discret des négociations
À moins d’un an de l’élection, les tractations ont déjà commencé. Les « faiseurs de roi » évaluent les prétendants, pèsent leur viabilité et anticipent les scénarios. Leur objectif : soutenir celui qui garantira stabilité et continuité ou, à l’inverse, ouvrira des opportunités inédites. Dans un contexte politique marqué par des réformes et des tensions, leur rôle est plus crucial que jamais. Car au Bénin, comme ailleurs, le pouvoir ne s’obtient pas seulement par les urnes : il se négocie dans l’ombre. Raison pour laquelle, en 2026, comme par le passé, la victoire ne se jouera pas seulement sur les meetings et les affiches, mais aussi dans les salons feutrés, les palais royaux et les arrière-cours du pouvoir. La démocratie béninoise, vivante et complexe, continuera de reposer sur cet équilibre subtil entre voix du peuple et murmures des puissants.
Damien TOLOMISSI