Richard Boni Ouorou : « Notre priorité, c’est l’emploi… »

La scène politique béninoise, marquée par une polarisation croissante entre les soutiens de Patrice Talon et ceux de Boni Yayi, peine à aborder les questions essentielles de développement. Dans ce contexte, le parti Le Libéral se présente comme une alternative, refusant de s’inscrire dans ce duel stérile et appelant à un débat recentré sur l’économie et l’emploi. Son président, Richard Boni Ouorou, explique en quoi ce mouvement se distingue des autres formations et quelles sont ses ambitions pour 2026.
Contrairement à la majorité des acteurs politiques, Le Libéral ne s’inscrit pas dans la logique de confrontation entre l’opposition et le pouvoir. « Nous ne sommes pas venus accompagner les autres dans leur guerre. Nous sommes venus apporter un débat sérieux », affirme Richard Boni Ouorou dans une interview accordée à la télévision béninoise Canal3. Pour lui, la politique béninoise est aujourd’hui « faisandée », avec des discussions trop souvent réduites à des enjeux électoraux ou constitutionnels, au détriment des priorités économiques. « La démocratie est le système politique le plus cher au monde. Il faut payer les institutions, investir dans l’économie, accompagner les entreprises », souligne-t-il.
Priorité numéro 1 : l’emploi
Le parti place l’emploi au cœur de son projet : « Il est temps que l’emploi cesse d’être une question pour devenir une solution ». Le Libéral prône un État protecteur, capable à la fois de créer des opportunités et de sécuriser les emplois existants. Si le gouvernement actuel a amélioré l’attractivité économique du Bénin, des défis majeurs subsistent, notamment en matière d’inclusion des jeunes.
Un refus clair de l’alignement Yayi-Talon
L’un des principaux obstacles pour les nouveaux partis au Bénin est la pression pour se positionner dans le clivage dominant. « On nous demande : ‘Êtes-vous avec Talon ou avec Yayi ? », déplore Ouorou. Le Libéral rejette cette bipolarisation, refusant toute alliance avec l’opposition, notamment Les Démocrates.
Une critique acerbe contre Boni Yayi
Le président du Libéral fustige les méthodes de l’ancien chef de l’État : « Pendant ses 10 ans au pouvoir, on a manipulé les populations. Aujourd’hui, il joue les victimes ». Il dénonce également la récupération politique de la religion, en référence à la messe organisée récemment par Les Démocrates.
Un regard nuancé sur Talon
Si Ouorou reconnaît certains progrès économiques sous Talon, il critique la fermeture de l’espace politique : « Il a vicié le débat jusqu’à ce que les acteurs n’osent plus exprimer leurs ambitions ». Pour lui, cette situation affaiblit la démocratie.
2026 : Le Libéral prêt à jouer son rôle
Malgré un environnement politique tendu, le parti compte bien participer aux prochaines élections. « Quand on crée un parti, c’est pour affronter le vote populaire », rappelle Ouorou. Sans officialiser sa candidature, il laisse entendre que Le Libéral présentera un candidat, après consultation de ses militants. Le président du Libéral appelle à plus de transparence : « Il faut que les gens soient libres de porter leurs ambitions ». Il regrette l’absence de candidats indépendants crédibles, signe selon lui d’une démocratie en perte de vitalité.
Une troisième voie est-elle possible ?
Avec son discours centré sur l’économie et son refus des luttes partisanes, Le Libéral tente d’imposer une nouvelle approche. Reste à savoir si les Béninois, lassés des vieux clivages, seront sensibles à ce message. 2026 sera un test crucial pour ce parti qui se veut à la fois critique et pragmatique, refusant autant le suivisme que l’opposition systématique.
Arnaud ACAKPO (Coll)