A moins de deux ans de l’élection présidentielle de 2026, les frustrations commencent à être mal continues au sein de la mouvance. La raison en est qu’après avoir mouillé le maillot dix années plus tôt pour l’arrivée du gouvernement dit de la Rupture, ils n’ont pas eu leur part de gâteau. Que fera le président Talon pour maintenir sa troupe dans l’unité?
Peu après la formation du premier gouvernement du président Patrice Talon en 2016, un cadre confiait à ses amis qu’il lui a été demandé de fournir son curriculum vitae et de choisir trois postes au sein de l’administration en tenant compte de ses compétences. Après consultations, il a fini par faire ses choix, certain qu’il ferait désormais partie de l’équipe dirigeante à un niveau quelconque. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et l’espoir s’est mué en une colère sourde.
Comme lui, ils sont nombreux qui ont reçu des promesses et qui se disent aujourd’hui trahis. D’autres, par contre, plus chanceux, ont fini par être positionnés mais ils estiment n’avoir pas été récompensés à la mesure de leur engagement.
En 2016, le candidat Patrice Talon a été soutenu par tous les opposants au président Yayi Boni mais aussi et surtout par un grand nombre de partisans de ce dernier qui avaient des choses à reprocher au système mais qui continuaient à y travailler pour diverses raisons. Cette catégorie de supporters, pour la plupart des fonctionnaires, ont pris d’énormes risques car encourant des sanctions s’ils venaient à être démasqués.
Aujourd’hui, très peu de cadres appartenant à cette catégorie ont été récompensés. C’est aussi le cas des membres des partis politiques transfuges des FCBE (Forces Cauris pour un Bénin Emergeant du président Yayi) qui jouaient double jeu ou qui ont ouvertement claqué la porte.
A son arrivée au pouvoir, le président Patrice Talon a rebattu les cartes en faisant adopter une nouvelle charte des partis politiques à la faveur de laquelle seuls les partis soutenant son action n’ont pas eu de difficultés à se faire accepter. Et contrairement à son prédécesseur, il n’a jamais négocié avec ses adversaires en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. On est pour lui ou on est contre lui. Conséquence : il y a eu une ruée vers ses deux partis à savoir le Bloc républicain (BR) et l’Union Progressiste le Renouveau (UPR). Même Adrien Houngbédji, grand homme politique jaloux de son indépendance d’action a fini par se saborder au profit de l’un des partis de la mouvance.
Mais la vérité est que cette ruée vers les partis au pouvoir ne permet pas au chef de l’Etat de connaître les supporters qui sont avec lui par conviction et ceux qui le suivent par intérêt et qui sont prêts à le lâcher à tout moment. Si rien n’est fait dans les mois qui viennent, la surprise risque donc difficile à digérer au sein de la mouvance qui, de façon naturelle, verrait bien un des leurs remplacer le président Talon en 2024.
Face à cette situation, une meilleure stratégie s’impose au chef de l’Etat. Et cela implique un changement d’équipe ministérielle mais également de nouvelles nominations qui prendraient en compte les laissés pour compte.
Pierre MATCHOUDO