Projet d’alphabétisation des filles et des femmes de la Vallée. : Une initiative du duo Michel-Pancrace

Permettre aux artisans notamment les patronnes et leurs apprenties filles de savoir lire et écrire dans leur langue. C’est le but que vise la Fondation Michel et Pancrace pour l’Entraide et la Solidarité en initiant le projet d’alphabétisation des filles et femmes de la Vallée dont la première phase a été lancée  jeudi 2 mars dernier dans les locaux de l’arrondissement central d’Adjohoun.

La cérémonie de lancement du projet s’est déroulée en présence d’un parterre d’invités de marque, des représentants d’artisans, des  bénéficiaires et d’autres curieux. À sa prise de parole à l’occasion, le Superviseur du projet, Michel Essèkpagnon a indiqué que l’initiative vient en réponse à un besoin pressant de la population. Aussi a-t-il invité les bénéficiaires à plus d’attention durant les différentes séances de cours. « Ce projet pour combler un vide. Le constat fait état de ce que des filles et  femmes natives de cette région qui n’ont jamais mis pieds à l’école  sont dans les différents corps de métier et n’arrivent pas à écrire leur propre nom, à lire ni  compter pour s’en sortir. Nous avons donc initié ce projet pour leur venir en appui afin de combler ce vide. Nous demandons aux participantes d’avoir la volonté parce que ce n’est pas facile. Si elles ont la volonté, c’est qu’elles sont motivées. Et si quelqu’un est motivé par rapport à une initiative, il n’y a aucun risque que le projet réussisse » a-t-il martelé. Ce projet d’alphabétisation bénéficie de l’appui financier de l’Association Grain de Sable Bordeaux. Lequel soutien n’est pas le fruit du hasard vu la pertinence du projet à en croire sa  présidente Véronique Thiébaud présente également à la cérémonie du lancement. « Ce qui motive, c’est d’abord le fait que les porteurs du projet sont eux-mêmes très motivés et ensuite le fait que l’éducation  nous paraît fondamentale pour les femmes pour se débrouiller dans la vie, pour leur avenir professionnel et que savoir lire, écrire et compter nous semble des compétences de base que tout le monde et partout dans le monde doit acquérir. Donc, pouvoir soutenir les femmes qui à ce jour sont un peu dépendantes déjà entre elles, nous semble fondamentale » a-t-elle affirmé. À tour  de rôle, les représentants d’artisans  ont pris la parole pour saluer cette vision des porteurs du projet qui, selon eux vient à point nommé.

La genèse du projet…

Loin d’être un simple acte utile à une communauté pour la plupart analphabète, la mise en œuvre du projet d’alphabétisation des filles et femmes de la Vallée de l’Ouémé tire son origine du caractère sensible des initiateurs face aux difficultés que rencontrent les personnes cibles. Selon le secrétaire général de la fondation et facilitateur sur le projet Pancrace Zoclanclounon, l’idée a pris corps de la mésaventure d’un jeune artisan analphabète qu’ils ont vécu. « J’étais à la poste avec Michel quand un artisan est venu faire un dépôt. Pour lui permettre de gagner du temps, il lui a demandé de se faire aider pour le remplissage du papier devant lui permettre de faire l’opération. Du coup, le jeune homme en question commence par tourner en rond parce qu’il ne sait pas lire ni écrire. Et c’est avec un pincement au cœur qu’il m’a approché pour lui demander de l’aider à écrire son nom sur le document. Partant de cette mésaventure de l’homme, je me suis dit qu’il faut faire quelque chose à cette communauté. Il faut les aider à apprendre tout au moins à lire et à écrire. S’il savait au moins lire et écrire, il ne serait pas tourné vers moi » a-t-il confié. La cérémonie s’est achevée par une démonstration de quinze minutes ayant permis aux bénéficiaires d’écrire quelques lettres de l’alphabet sous la houlette de leur maître Félicien Zoclanclounon qui se dit d’ores et déjà ravi de la motivation de ses apprenantes. Au total 30 personnes sont concernées par cette première phase du projet.

Edmond HOUESSIKINDE