Présidentielle 2026 : Paul Hounkpè en quête désespérée de parrainages

À moins d’un an de l’échéance présidentielle, Paul Hounkpè, secrétaire général des Fcbe, se bat pour obtenir les parrainages nécessaires à la candidature de son parti. Problème: il n’a aucun élu à l’Assemblée nationale et il compte sur la charité de la mouvance présidentielle. Celle-ci acceptera-t-elle de courir le risque de disperser ses voix ?
Depuis la réforme du code électoral en mars 2024, les conditions d’éligibilité à la fonction présidentielle se sont durcies. Pour être officiellement candidat, tout aspirant doit recueillir désormais à avoir 28 parrainages pour la validité de leur candidature. L’article 132 du texte dit clairement que nul ne peut être candidat aux fonctions de président de la République ou de vice-président de la République s’il n’est de nationalité béninoise de naissance ou acquise depuis au moins dix ans ; n’est de bonne moralité et d’une grande probité ; ne jouit de tous ses droits civils et politiques ; n’est âgé d’au moins 40 ans révolus et au plus 70 ans révolus à la date d’entrée en fonction ; a été élu deux (02) fois président de la République et a exercé comme tel deux mandats; n’est présent en République du Bénin lors du dépôt de sa candidature ; ne jouit d’un état de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois (03) médecins assermentés désignés par la Cour constitutionnelle ; n’est dûment parrainé par un nombre de députés et/ou de maires correspondant à au moins 15 % de l’ensemble des députés et des maires et provenant d’au moins 3/5 des circonscriptions électorales législatives. Ce qui fait 28 parrainages exigés étant donné que les 77 maires et les 109 députés font 186 élus. Le texte va plus loin pour préciser qu’un député ou un maire ne peut parrainer qu’un candidat membre ou désigné par le parti sur la liste de laquelle il a été élu. Toutefois, en cas d’accord de gouvernance conclu avant le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle et déposé à la CENA, le député et/ou le maire peut parrainer un candidat membre de l’un ou l’autre des partis signataires de l’accord. Autrement dit, aucun député ou maire ne peut laisser le candidat de son parti pour aller parrainer le candidat d’un autre parti.
Cette disposition, censée renforcer la crédibilité des candidatures, s’est rapidement transformée en barrière infranchissable pour les partis politiques minoritaires. Les Fcbe en sont un parfait exemple. Depuis les élections législatives de 2023, le parti ne compte aucun député à l’Assemblée nationale, compromettant ainsi l’accès aux parrainages nécessaire à la candidature à l’élection présidentielle.
Techniquement dans l’opposition, les Fcbe devraient logiquement faire front commun avec le parti de l’ancien président de la République, Yayi Boni. Mais, même dans ce cas, Paul Hounkpè ne pourra espérer être positionné comme candidat, encore moins un autre membre de son parti. D’où une recherche d’alliance contre-nature avec les partis de la mouvance que sont le BR et l’UPR. Ces deux formations, à elles seules, peuvent en effet aligner plusieurs candidats au prochain scrutin.
La grande interrogation demeure : le BR et l’UPR seront-ils disposés à prêter main-forte à un ancien adversaire ? Rien n’est moins sûr. Le système de parrainage, en l’état, favorise un resserrement de la compétition autour de deux ou trois candidats, souvent issus des grandes formations politiques ou soutenus par des coalitions solides. Accorder des parrainages à un candidat Fcbe pourrait être perçu comme une dispersion stratégique des voix, voire un risque politique inutile.
Mais certaines voix au sein de la mouvance estiment qu’une telle ouverture pourrait aussi renforcer la légitimité du processus électoral, souvent critiqué pour son caractère fermé. D’autres y voient une opportunité de mieux contrôler le jeu démocratique, en favorisant un candidat qui ne représente pas une menace directe, tout en évitant les accusations d’exclusion.
Pierre MATCHOUDO