Dans une longue interview qu’il a accordée à RFI et France 24, le président Talon a rassuré les Béninois qui commençaient à douter de ses intentions et qui le suspectaient de vouloir s’éterniser au pouvoir suite aux réformes engagées sous son premier quinquennat.
L’on se souvient qu’à l’approche de la présidentielle de 2016 qui l’a triomphalement porté au pouvoir, Patrice Talon avait promis faire un mandat unique. Il proposait, par la même occasion, que le mandat présidentiel soit désormais porté à 7 ans. Cette proposition devait figurer dans une nouvelle constitution pour avoir force de droit. Mais après avoir tenté en vain de modifier la constitution, il avait déclaré qu’il aviserait quant à sa promesse. Effectivement, il y est revenu et a désormais eu le quitus du peuple béninois le 11 avril dernier pour briguer un second mandat.
Les Béninois tiennent beaucoup à un mandat renouvelable une seule fois, a déclaré le président Talon qui affirme que « personne ne changera pas cela, en tout cas, ce ne sera pas moi ni à mon initiative ». Il précise que c’est pour cette raison qu’il a renforcé la disposition dans la constitution adoptée au cours de son récent quinquennat. La constitution du 11 décembre 1990 stipule simplement que le nombre de mandats est limité à deux. C’était une innovation reprise par de nombreux autres pays africains. Mais l’expérience a montré que dans la plupart de ces pays, les constitutions ont été révisées, ce qui remettait les compteurs à plat et permettait aux Présidents de briguer un troisième voire un quatrième mandat. On peut citer les cas tout récents de la Côte d’Ivoire et de la Guinée mais aussi du Togo, du Congo et du Tchad. Dans tous ces pays, la révision de la constitution et le troisième mandat ont suscité des troubles politiques comme au Tchad où le président Idriss Déby a fini par être tué par une rébellion armée alors qu’il venait d’être élu pour un 6e mandat.
La question du nombre de mandats a toujours été un point d’achoppement qui a empêché de réviser la Constitution du 11 décembre 1990 malgré le fait que tout le monde était d’accord qu’elle a besoin d’un toilettage. L’un après l’autre, les présidents Mathieu Kérékou et Yayi Boni ont échoué sur ce point parce que l’opposition les a toujours soupçonnés de vouloir remettre les compteurs à zéro et se présenter pour un troisième mandat.
C’est pour éviter cette tentation et les troubles qui la suivent que le président béninois a bien voulu faire inscrire dans la Constitution que nul ne peut briguer plus de deux mandats dans sa vie.
Damien TOLOMISSI