A la date de juin 2021 le Covid-19 a occasionné le décès de 103 personnes au Bénin et plus de 3,82 millions dans le monde. Dès le déclenchement de cette maladie, les autorités béninoises ont pris des mesures visant à freiner la propagation du virus au sein de la population. Parmi ces mesures, le port de cache-nez apparait comme la plus visible.
Les réunions officielles ne se passent plus sans cet accessoire qui est aussi exigé à l’entrée des lieux de cultes. Les conducteurs de voitures et les motocyclistes sont, eux-aussi astreints à cette exigence. Et c’est ici que son application fait apparaître des paradoxes dont tout le monde semble s’accommoder. Même seul dans sa voiture, les agents chargés de faire respecter l’obligation de port de masque n’hésitent pas à s’en prendre au conducteur comme pour l’empêcher de se faire contaminer par lui-même, ce qui, évidemment, est impossible puisqu’il n’y a pas d’autre agent contaminateur dans cet habitacle clos.
Tout comme les automobilistes, les conducteurs de motos sont eux-aussi souvent verbalisés pour défaut de port de cache-nez. De même, les piétons, même en groupe, ne sont pas inquiétés, pas plus que les milliers de personnes qui s’agglutinent quotidiennement dans les marchés, le visage complètement à découvert.
L’autre paradoxe, qui mène à des tragédies, est la problématique du port de casque au Bénin. Ici également, seul le conducteur de la moto fait face à la rigueur de la loi qui oblige toute personne sur un engin à deux roues de se protéger la tête par un casque. Non seulement la quasi-totalité des casques vendus ne répondent à aucune norme sécuritaire, mais la personne transportée par le conducteur n’est nullement inquiétée alors qu’elle est, elle aussi, concernée par un éventuel accident.
La raison de cette discrimination dans l’application de ces dispositions paraît évidente. Il est difficile, voire souvent impossible de verbaliser les piétons et même des personnes remorquées sur des motos lorsque ceux-ci ne portent pas sur eux une carte d’identité ou tout document pouvant permettre de les retrouver. Le seul moyen de pression dont disposent les forces de l’ordre est de mettre en fourrière le moyen de locomotion du contrevenant. Ce qui revient cher à ce dernier mais permet de renflouer les caisses de l’Etat. Dans ce contexte, le pauvre piéton qui n’a pas d’engin à moteur n’est d’aucun intérêt, ses pieds ne pouvant être démembrés pour être gardés en fourrière. Pourtant, dans de nombreux pays, même africains, les dirigeants ont réussi, avec succès, à imposer ces mêmes mesures à l’ensemble de la population. Rien donc n’indique que cela est impossible au Bénin.
Pierre MATCHOUDO