Pièces “gâtées” et billets froissés : Le refus persiste malgré l’interdiction

Le communiqué du Ministère de l’Économie et des Finances datant de deux ans, rappelant l’interdiction de refuser les pièces de monnaie usées et les billets de banque froissés, semble tomber dans l’oreille d’un sourd. Sur le terrain, commerçants, revendeuses et conducteurs de taxi-moto continuent de rejeter ces moyens de paiement, créant des tensions parfois explosives. 

À Akpakpa, un récent incident illustre cette réalité. Une vendeuse de riz a refusé une pièce de 200 francs CFA, jugée “gâtée”, tendue par un jeune client. S’en est suivi un échange houleux, évitant de justesse la bagarre grâce à l’intervention des zémidjans (conducteurs de taxi-moto). Cette scène, loin d’être isolée, se répète dans les rues de Cotonou et ailleurs au Bénin. 

Les raisons de ces refus varient. Certains estiment que les pièces de 250 F CFA ne sont plus en usage, d’autres rejettent catégoriquement les petites pièces de 5, 10 ou 25 F CFA, les associant à des pratiques fétiches. Des croyances que le Ministère de l’Économie et des Finances avait qualifié d’”infondées”. Hermann Orou Takou, Directeur de cabinet du ministre, avait rappelé que toutes les pièces et billets ayant cours légal dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) doivent être acceptés. 

Pourtant, malgré les menaces de sanctions et la possibilité d’échanger gratuitement les pièces et billets abîmés à la BCEAO, les commerçants persistent dans leur refus. Pour beaucoup, cette résistance relève d’un manque de confiance dans la monnaie endommagée ou d’une simple habitude difficile à briser.  En attendant une application stricte des règles, les tensions continuent de monter entre clients et vendeurs. Une chose est sûre : sans mesures coercitives, le désordre risque de perdurer. 

Fidèle AKODODJA