Dans une interview accordée aux médias français RFI et France 24, le chef de l’État Patrice Talon a évoqué plusieurs sujets notamment sa réélection, le taux de participation à l’élection du 11 avril, les échauffourées préélectorales, les arrestations des opposants, les réformes politiques et bien d’autres.
Toujours égal à lui-même, orateur de grande classe, le président Talon a paru serein, sûr et confiant à chaque prise de parole. Sa gestuelle, mesurée est allée dans le même sens. Néanmoins, ses réponses frôlaient l’agacement, la défensive. Le président a paru être sur le qui-vive. ” Écoutez”, “vous m’étonnez», “écoutez-moi bien” sont des expressions de ce sentiment qui ont truffées l’interview du premier des béninois. Face aux journalistes Christophe Boisbouvier de RFI et de Marc Perelman de France 24, Patrice Talon s’est expliqué, s’est défendu, et s’est parfois justifié. “Pour moi, c’est un vote d’adhésion” a déclaré le président faisant allusion aux résultats de l’élection présidentielle dont au cours de laquelle le peuple lui a réitéré sa confiance avec un score de plus de 86 % dès le premier tour. Selon lui les citoyens auraient pu faire un vote de sanction, tel n’a pas été le cas.
Évoquant le taux de participation de cette élection qui a baissé comparativement à l’élection de 2016, le chef des armées a estimé que ce taux était pour lui satisfaisant mais a tenté d’expliquer le pourquoi du comment. “Nous avons, il faut l’avouer, participé à cette élection, en tout cas les 3 candidats en lice, dans un environnement assez mauvais, de menace, violence, d’intoxication. C’est l’une des premières élections au Bénin, soit la première élection au Bénin depuis le renouveau démocratique où l’argent n’a pas été le principal élément d’attrait pour les électeurs. Quand on met tout ça bout à bout, on peut comprendre qu’environ 10% des électeurs n’ont pas participé au vote par rapport à nos habitudes, alors quand on a quand même 50%,” a notifié la première autorité du Bénin.
Les opposants arrêtés
A en croire Patrice Talon, personne n’est en prison pour des raisons politiques. Pour lui, “il y a des gens qui ont été appelés à rendre compte de leur gestion, parce que nous sommes dans un pays d’impunité totale depuis longtemps, et que quand on décide que les choses changent, les gens ne veulent pas répondre de ce qu’ils ont fait, qui sont partis par eux-mêmes en exil, qui ont refusé de répondre à la justice, mais sinon je ne connais pas un acteur majeur de la politique derrière les barreaux avant les élections.” La polémique ne cesse de s’enfler concernant les opposants qui sont incarcérés ou en exil pour des motifs assez grave. Le cas de l’universitaire Joël Aivo et de l’ancienne ministre, Reckya Madougou a été abordé par Patrice Talon qui selon lui ont tout fait pour empêcher le déroulement effectif du scrutin. “Est-ce que dire que les élections n’auront jamais lieu, et agir pour que ça n’ait jamais lieu, pour vous est convenable ? Interroge le président. “C’est-à-dire au point de recruter des mercenaires, des chasseurs, les armer et amener ceux-ci à tirer sur les forces de l’ordre. Monsieur Aïvo dont vous parlez, parlons-en, et même plus que ça, Reckya Madougou, ça vous allez y venir ! Ils sont dans quel parti politique ? Ils n’ont pas de parti politique. Une dame débarque, n’est pas membre du parti, avec des valises d’argent, avec des sponsors, des chefs d’Etats de pays voisins, avec des opérateurs économiques…”
Les Violences préélectorales
L’actualité durant la période préélectorale a vu quelques manifestations violentes dans certaines localités du Bénin qui a engendré des blessés dans le rang des forces de l’ordre. Le président Talon était même parti rendre visite à ces soldats qui ont été touchés et leur apporter son indéfectible soutien. Du côté, des manifestants, certaines sources ont indiqué qu’il y avait des pertes en vies humaines. Le mutisme face à cela du président a donc été interpellé par les hommes du quatrième pouvoir. “Moi jusqu’à maintenant en tant qu’autorité en charge de la sécurité de tout ce qui relève de notre bien-être ensemble, nous avons cherché à savoir qui sont ceux qui seraient éventuellement victimes des coups de feu de défense des forces de l’ordre, c’est important de savoir, même pour les enquêtes ça a été nécessaire, on n’a pas vu, nous n’avons même pas vu de déclaration de décès.” a martelé l’autorité.
Le président Talon ” n’envisage point l’impunité”
Dans cet échange de plus d’une heure, le chef de l’Etat, Patrice Talon a voulu être pointilleux, ne laissant rien au hasard, point de place au doute ni à la suspicion. ” Elle n’a pas été retoquée, l’information n’est pas juste.” faisait-il savoir à son vis-à-vis à propos de la candidature de Reckya Madougou. “Ça c’est vous qui le dites, moi je n’ai pas dit ça. Est-ce que quand des autorités étrangères, même des chefs d’État appuient un candidat, financent même éventuellement un candidat, est-ce que leur implication va jusqu’aux actes criminels que ceux-ci pourraient commettre ? C’est deux choses différentes.” clarifiait le chef du gouvernement béninois. À qui veut l’entendre, le président ” n’envisage point l’impunité”. Tout opposant dans le collimateur de la justice devra en répondre. “Je n’envisage pas à nouveau de fermer les yeux sur ce qui s’est passé ou bien de gracier ou d’amnistier, parce que ça devient récurrent. Il n’est pas envisageable qu’une fois encore, les gens soient graciés de quelque chose qui devient récurrent. On a arrêté des gens qui ont été auteurs des actes en 2019 et qui ont récidivé. Vous voulez les gracier à nouveau ? Ce serait une faute. ” a estimé le président de la République du Bénin.
Talon confirme que c’est son dernier mandat
Un prochain mandat, le président ne compte plus aviser. C’est son dernier mandat. ” Je nous souhaite longue vie et bonne santé, pour que nous puissions ensemble constater cela.”, souligne-t-il.
Léonard SONEHEKPON