Patrice Talon : « Développer est facile, mais… »

Vendredi 13 juin 2025, le président béninois Patrice Talon s’est exprimé lors d’un séminaire consacré à l’évaluation de la gouvernance locale et à la réforme de la décentralisation. Réunissant préfets, maires, adjoints et représentants de l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB), cette rencontre a permis de dresser un bilan à mi-parcours de cette réforme structurelle, en vigueur depuis trois ans. Dans un discours empreint de conviction, le chef de l’État a insisté sur la facilité du développement, tout en appelant à la patience et à l’union des acteurs locaux.
« Le peu de chemin que nous avons parcouru ensemble depuis bientôt 9 ans nous a montré combien il est facile de se développer. Je dis bien facile », a déclaré Patrice Talon, selon le site Banouto. Une affirmation qui peut surprendre dans un contexte où de nombreux défis persistent, mais que le président justifie par une approche méthodique et une vision à long terme.
Pour lui, l’obstacle majeur n’est pas la complexité du développement, mais l’impatience des acteurs et des populations. « Parfois, c’est juste le temps nécessaire que nous ne savons pas apprécier. Développer est facile, mais développer met du temps aussi. Et c’est notre impatience qui, des fois, fait la différence entre nous », a-t-il expliqué. Cette déclaration rappelle l’importance de la persévérance dans les politiques publiques, notamment dans un processus aussi ambitieux que la décentralisation.
La décentralisation, un levier pour l’émergence du Bénin
La réforme de la décentralisation, lancée il y a trois ans, vise à renforcer l’autonomie des collectivités locales et à améliorer la gouvernance territoriale. Lors du séminaire, les participants ont émis des recommandations pour optimiser ce dispositif, soulignant à la fois les avancées et les ajustements nécessaires. Patrice Talon a assuré que les critiques et suggestions formulées seraient examinées dès la semaine suivante lors d’un séminaire gouvernemental. Une démarche qui montre la volonté de l’exécutif d’associer pleinement les élus locaux à la refonte du système.
Dans son allocution, le président a par ailleurs insisté sur la nécessité de l’unité et de la collaboration entre les différents acteurs politiques et administratifs. « Le privilège d’avoir la confiance de nos concitoyens pour conduire notre destin commun et plus de 13 millions de citoyens. C’est un privilège incroyable. […] Cela doit nous amener à dépasser nos divergences, nos différences, pour conjuguer nos réflexions, nos idées, notre compréhension des choses », a-t-il martelé. Un plaidoyer pour une gouvernance apaisée, où les intérêts partisans s’effacent devant l’objectif commun : sortir le Bénin de la pauvreté et assurer son développement économique.
Un héritage en construction et des adieux symboliques
Alors qu’il approche de la fin de son dernier mandat constitutionnel, Patrice Talon a pris soin de laisser un message fort aux élus locaux. « Mesdames et Messieurs, je crois que je n’aurai plus l’occasion d’avoir une telle rencontre avant de passer la main », a-t-il confié, laissant transparaître une certaine émotion. S’il se dit convaincu du potentiel du Bénin, il exprime aussi le souhait de vivre assez longtemps pour voir les fruits des réformes engagées. « Je vous dis combien je crois au destin du Bénin. Je crois à notre capacité de développement, à notre capacité de création de richesse. Et je n’ai qu’une prière, vivre un peu longtemps pour constater cela de mes yeux ». Enfin, il a plaidé pour l’institutionnalisation de ces rencontres entre l’exécutif et les élus locaux, afin de pérenniser le dialogue et l’évaluation continue des politiques publiques.
Un message fort
Le séminaire du 13 juin 2025 aura été l’occasion pour Patrice Talon de réaffirmer sa vision d’un Bénin uni, patient et résolument tourné vers le développement. Si son discours reconnaît les difficultés, il reste optimiste quant à la capacité du pays à se transformer, pourvu que les acteurs locaux travaillent en synergie. Alors que son départ approche, ce message apparaît comme un testament politique, appelant ses successeurs à poursuivre les réformes avec la même détermination.
Damien TOLOMISSI