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Patrice Talon à propos de la fermeture de frontière avec le Niger : « … ma prière est que la situation se règle… »

Le Chef de l’Etat, Patrice Talon était face à la presse ce jeudi 8 février 2024 pour répondre aux préoccupations des professionnels des médias. Plusieurs sujets ont été abordés dont la fermeture de frontière avec le Niger. Lisez les réponses du président Talon à cet effet.

M. Jean-Luc APLOGAN (RFI) : Monsieur le président, bonjour ! Merci de nous inviter à cette conférence de presse. Ma première question, je voulais savoir si la normalisation que vous avez souhaitée avec les autorités du Niger est en marche. Est-ce que vous avez eu des contacts directs ? Est-ce que l’une des mesures symboliques ou majeures n’est pas d’ouvrir les frontières en dehors des sanctions économiques ?

M. le président. Le Niger ! Vous savez, c’est une question qui concerne aussi bien le Niger, le Burkina que le Mali. C’est une question qui, moi personnellement, me peine de plus en plus. Nous sommes dans une communauté. La plus petite de la sous-région, c’est l’UEMOA. Au-delà, c’est la CEDEAO et l’Union Africaine. Et puis, nous sommes tous dans les Nations-Unies. La mission dévolue à ces regroupements de pays, à ces communautés, c’est de veiller à ce qu’il y ait la paix, la liberté, le développement, la démocratie pour les habitants de cette planète, pour le monde. Les institutions internationales et régionales se sont données comme mission de veiller au développement matériel, moral, psychologique et physique des gens, mais de veiller également à leur bien-être relatif à la démocratie et aux libertés. C’est pareil aux Nations-Unies, à l’Union Africaine, à la CEDEAO et à l’UEMOA. Donc, c’est cette mission que nos diverses institutions ont. Développement mais dans tous les sens, y compris, liberté et démocratie.

Et par période, les communautés conviennent de ce qui est acceptable en termes de démocratie, de modèle politique ou en termes de liberté, des droits de l’Homme. Il a été dit dans toutes les institutions, notamment la CEDEAO et l’UEMOA, que le mode de changement de régime politique, d’acteurs politiques, c’est par le peuple. C’est le peuple qui choisit. Et toutes les fois qu’il y a forcing, soit par les armes, soit par des moyens non armés, mais aussi détestables que les moyens armés, ce que nous appelons les forcings constitutionnels ou institutionnels, que les communautés disent : « Non ! Ce n’est pas conforme à ce que nous avons tous convenu de faire ensemble, de protéger, de défendre ». Et on rappelle les gens à l’ordre. Au besoin, on met des sanctions pour les contraindre à ne pas persister. C’est ce qui s’est passé au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Niger où il y a eu des coups d’Etat. Dans chacun de ces pays le coup d’Etat est interdit, à plus forte raison au niveau de la communauté internationale, dans chacun de ces quatre pays, le coup d’Etat est interdit. Mieux, vous avez dû voir que les autorités maliennes actuelles sont arrivées par un coup d’Etat, mais ont mis en place une nouvelle Constitution et que cette nouvelle Constitution prescrit aussi que le coup d’Etat est interdit, et que, d’ailleurs, les actes du genre sont imprescriptibles. Même cinquante ou cent ans après, on peut poursuivre quelqu’un qui aura fait un coup d’Etat. Cela veut dire qu’eux-mêmes, ils savent que ce n’est pas bon, un coup d’Etat. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Il y a des choses qui ne sont pas convenables, acceptables, mais qui arrivent. Parfois, cela peut être fondé. Parfois, ce n’est pas fondé du tout. Alors, c’est arrivé une, deux, trois fois et puis une quatrième fois, au Niger. Et la CEDEAO dit que même si les coups d’Etat sont arrivés une, deux, trois fois, on parle aux gens. On dit : « Ne faites plus cela. On vous donne un délai pour partir ». La CEDEAO, notamment la conférence des chefs d’Etat, essaie de jouer son rôle pour montrer que si cela se fait, ce n’est pas bien. Il ne faudrait pas que cela continue pour que cela ne devienne pas l’exercice de tout le monde, que cela ne contamine pas les autres pays. Un quatrième coup d’état de la CEDEAO, sûrement un cinquième, parce qu’il y en a eu deux ou trois fois dans certains pays. Nous disons non ! Si cela continue, après, cela se passera au Bénin, au Togo, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et partout. Parce qu’on voit que quand cela se fait, personne ne réagit, personne ne désapprouve ou alors, personne ne sanctionne. Nous avons dit que cette fois-ci, c’est trop. Les sanctions ont été prononcées contre le Niger et des sanctions dures qui, en fait, ne sont pas destinées à durer dans le temps. C’est des mesures qui une fois prises, on estime qu’au bout de quelques jours, quelques semaines, ils vont revenir à l’ordre. Des jours et mois passent, mais cela ne change rien. C’est pour cela que j’ai eu à dire, il n’y a pas longtemps, que le moment est arrivé pour faire le point pour savoir si les mesures qui ont été prises ont produit leurs effets ou non. Comme ce ne sont pas des mesures qui sont destinées à durer dans le temps, parce que cela pose des préjudices graves aux populations, il faut être réaliste. Et d’ailleurs, les présidents béninois, togolais, nigérian et consorts ne vivent pas au Niger, ni au Burkina Faso. Donc, parfois aussi, il faut être humble. Nous ne savons pas quelles sont les vraies réalités de ces pays-là. Nous sommes dans notre rôle. L’on peut être dans son rôle et parfois, être à côté de la plaque. Ce qu’on nous demande dans la vie, c’est d’être de bonne foi. Et chaque fois que nous prenons une décision, que cela soit guidé par la bonne foi. Est-ce qu’au moment où ces décisions ont été prises, on était de bonne foi ?  Est-ce que ce n’était pas normal qu’on prenne ces décisions ? Si aujourd’hui, quelque chose se passe en Côte d’Ivoire ou ce qui se passe au Sénégal, est-ce qu’il ne faudrait pas que la communauté dénonce ce qui n’est pas bien ? Si demain, quelque chose se passe au Bénin, au Togo, est-ce que ce n’est pas bien que la communauté dise : « Non ! Ce n’est pas bien » ? Nous sommes dans notre rôle en disant que ce n’est pas bien. Il faut corriger. Il ne faut pas que cela continue. Mais quand les peuples, la nature, la vie ou le sort, parfois, nous imposent quelque chose, un responsable, c’est celui qui sait prendre acte, constater que, malgré sa bonne foi, les choses ne se passent pas comme il souhaite et qui dit qu’il faut tenir compte de cela. On a passé ce message au Niger. Je l’ai fait à titre personnel. J’ai dit que le moment est arrivé où nous devons dire maintenant : « Trêve des discussions, des relances, des recommandations, des sanctions et consorts ! Dites-nous exactement ce que vous voulez et on va vous accompagner ». Je dis que moi, personnellement, je suis prêt, au sein de la conférence des chefs d’Etat, à défendre la position qui est la mienne aujourd’hui en disant que le moment est arrivé pour qu’on fasse trêve de tout cela et qu’on reparte de zéro et qu’on prenne acte de ce qu’il se passe. Que les autorités nigériennes nous disent ce qu’elles veulent, parce qu’après tout, personne de la conférence des chefs d’Etat ne peut dire au nom des nigériens ce qu’ils veulent. « Vous voulez une transition ou non ? Vous voulez une transition de six mois, de quatre ans ou de cinq ans ? Dites-le, puisque la responsabilité nous impose de ne pas statuer dans le vide. Pour statuer, il faut quelque chose. Dites-nous ce que vous voulez. On va statuer dessus et puis, on va vous accompagner, parce que le peuple du Niger est en difficultés avec ces sanctions-là depuis ». Vous n’avez pas de réponse. Peut-être qu’eux-mêmes, ils sont en train de discuter entre eux, ils n’ont pas encore une idée claire de ce qu’ils vont faire. Même quand c’est ainsi, dites-nous : « Ecoutez ! Dans trois mois, six mois, un an, on vous dira quel va être le modèle ». Aujourd’hui, on n’en sait rien. On ne sait pas si vous savez quelque chose de ce qui va se faire au Niger. Nous sommes les premiers à vouloir que les sanctions s’arrêtent. Moi, je suis pressé de lever les sanctions. Pas parce que cela pose des préjudices graves au Bénin. Non ! Je veux que les Béninois le sachent. Cela cause des préjudices au Bénin, c’est sûr. Mais cela cause plus de préjudices au Niger qu’au Bénin. Nos frères nigériens souffrent plus que nous de ce qu’il se passe. Et ce sont nos frères et sœurs. Il est temps pour nous de lever ces mesures-là qui n’étaient pas destinées à durer.

Brutalement, on apprend que les trois pays, le Burkina Faso, le Niger et le Mali sortent de la CEDEAO. Moi, cela m’a beaucoup peiné. Et même après cette décision, j’ai personnellement téléphoné à l’un d’entre eux. J’ai parlé au téléphone avec un des trois présidents. A un moment donné, il faut tout dire. Et je lui ai dit que ce n’est pas bien. Les peuples ne nous ont pas élus pour les diviser. Moi, j’ai été élu au Bénin. Vous, vous êtes en fonction depuis dans votre pays. Notre rôle, c’est de conduire le destin de la communauté globale de la CEDEAO pendant un temps. Mais la volonté des peuples, c’est de s’intégrer. Il n’y a pas de conflit entre le peuple du Bénin et le peuple du Niger. Il n’y a pas de conflit entre le peuple du Bénin et les peuples du Burkina Faso ou du Mali. Et c’est vrai. Il n’y a aucun problème entre les peuples de la CEDEAO ou de l’UEMOA. Aucun problème. C’est au niveau des organes de la CEDEAO. La CEDEAO des peuples n’est pas en difficultés. Il n’y a aucun problème dans la CEDEAO des peuples. C’est au niveau de la conférence des chefs d’Etat, au niveau de la commission de la CEDEAO et de l’UEMOA qu’il y a un problème. Parce que, ceux-là sont en charge de veiller au respect des règles par, notamment, les autorités de ces pays-là. La conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA et de la CEDEAO, le Conseil des ministres de la CEDEAO et de l’UEMOA, la commission de la CEDEAO et de l’UEMOA sont en charge de veiller au respect des règles par les autorités de ces pays-là. Personne n’a dit que le peuple burkinabé, nigérien, malien ou guinéen a fait quelque chose de contraire aux règles. Non ! C’est au niveau des responsables. Donc, s’il y a un problème au niveau des responsables et que leurs homologues, leurs pairs, l’ont constaté et ont dit : « Non ! Ce n’est pas bien. Ce n’est pas conforme aux règles. Ne faites plus cela », si on ne s’entend pas et que cela génère un conflit entre nous, même des heurts ou des bagarres entre nous, ce n’est pas l’affaire des peuples. Même si ces conflits ou ces différends persistent, il ne faut pas que cela aboutisse à la division des peuples. Moi, je conçois que les présidents du Niger et du Burkina Faso disent, à un moment donné : « On suspend notre participation aux organes de ces institutions ». Cela se comprendrait. Mais dire que je veux détacher le peuple burkinabé, malien, nigérien du peuple béninois, togolais, sénégalais et consorts, le problème n’est pas entre les peuples. Or, ces décisions qu’ils ont prises, sont des décisions qui séparent les peuples. Ce n’est pas normal. Et, c’est pour cela que j’ai dit à celui d’entre eux avec qui j’ai parlé, que c’est allé trop loin. Nous allons trop loin là. Il faut qu’on se revoie. Qu’on dise que quoi qu’il se passe, quel que soit ce qu’il s’est passé, balle à terre. On arrête tout et on préserve l’essentiel qui est la communauté des peuples. Ce qui est reproché aux uns et aux autres, les sanctions, tout ce qu’il se passe, est mineur par rapport à l’intérêt des peuples et à la communauté des peuples. C’est mineur. Il faut regarder, à un moment donné, ce qui est important et majeur, et laisser tomber ce qui n’est pas plus important que l’intérêt des peuples.

Ma position, aujourd’hui, et si j’ai l’occasion de l’exprimer au sein de la conférence des chefs d’Etat, je le dirai, c’est qu’il faut tout laisser tomber. Que veulent les Maliens ? C’est d’accord ! Que veulent les Burkinabés ? C’est d’accord ! Que veulent les Nigériens ? C’est d’accord ! Pour que cette décision de séparer les peuples n’aille pas plus loin que l’intention ou la déclaration. On peut le dire et revenir. Moi, c’est ma position. C’est mon souhait. C’est ce que je dirai haut et fort partout. S’il faut arriver à la division des peuples, alors là, non.

Cela va bien au-delà du cas du Niger. Cela concerne les responsables des pays qui, aujourd’hui, sont en mal avec les responsables des autres membres de ces organes. Parce que ce n’est pas contre les peuples qu’ils ont un problème. C’est entre nous. Moi, Patrice Talon, dans mon mandat qui est en cours au Bénin, je voudrais bien que les autorités béninoises m’accompagnent dans cette démarche, pour dire qu’il faut revenir à la case départ et tout laisser tomber pour préserver la CEDEAO des peuples, préserver l’UEMOA des peuples. Des peuples qui ne sont pas en conflit mais qui, au contraire, ne demandent qu’à vivre ensemble. Et que, quel que soit ce qu’il s’est passé, cela importe peu désormais de savoir qui a tort ou raison. C’est cela ma position. Je voudrais que les autorités nigériennes, burkinabés, et maliennes m’entendent. Et, je pense que ma position ne manquerait pas d’être partagée par les autres chefs d’Etat pour qu’on fasse la paix entre les organes pour préserver la paix entre les peuples.

Je ne peux pas évoquer cela sans parler du Sénégal. On observe, aujourd’hui, que le Sénégal aussi est en difficulté. Ce qu’on observe au Sénégal et qui est regrettable, est de nature à nous interpeller sur le rôle des communautés auxquelles nous appartenons. Est-ce que la CEDEAO ou l’UEMOA, cette fois-ci, doivent condamner ou non ? Est-ce qu’elles doivent condamner ou non ? Quand on condamne, on dit qu’il ne faut pas condamner. Quand on sanctionne, on dit qu’il ne faut pas sanctionner. Il faut faire quoi ? On va dire : « Oui ! Mais si vous avez condamné ici, il faudrait condamner là ». D’accord, on l’a fait. Après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, on l’a fait une ou deux fois. Vous savez que le Burkina Faso n’a pas été sanctionné ? Du tout ! Mais, le Niger, oui parce qu’on a dit, à un moment donné, trop, c’est trop ! Ce trop, c’est trop là continue. Il y a encore un trop qui s’ajoute. Il faut faire quoi ? Est-ce que la CEDEAO doit condamner ? Dire non, ce n’est pas admissible ? Non, revenez en arrière ? Non, si ce n’est pas fait, voilà les sanctions ? On va dire, mais, ils n’ont pas vu ce qui se passe au Niger ? On l’a fait au Niger et voilà où cela est en train de nous amener. Donc, je suis un peu perdu. Je suis perdu. Mais, qu’est-ce qu’il faut faire ? Si on regarde ce qui s’est passé dans les quatre pays et ce que nous avons pris comme décisions, ce que cela a donné, qu’est-ce que nous devons faire aujourd’hui, si demain, quelque chose se passe encore dans un autre pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo, la Guinée-Bissau ? On fait quoi ? Et c’est là aussi que j’interpelle les médias et nos peuples pour dire mais, parfois, dites-nous ce qu’il faut faire.

Moi, j’ai entendu mes populations, majoritairement, dire qu’il ne faut pas sanctionner le Niger parce que ce sont nos frères et sœurs qui vont souffrir. Et, j’ai dit oui, d’accord. Mais, moi, dans mon rôle, je ne peux pas faire ce que vous me demandez parce que, la plupart des Béninois n’étaient pas d’accord pour les sanctions. Je fais quoi ? Je dis, dans mon rôle, certes, vous n’êtes pas d’accord, mais pour l’intérêt de nos peuples et l’intérêt même du peuple nigérien, il faut faire quelque chose. Il ne faut pas laisser comme ça. Il faut sanctionner. On a vu ce que cela a donné. On est en train de voir si l’on n’a pas eu tort d’être allé jusque-là. Si cela se passe ailleurs, on fait quoi ? Est-ce que désormais, nous devons considérer que les problèmes politiques, de démocratie, de liberté, de droits de l’Homme et consorts dans les pays de la communauté, ce n’est pas l’affaire de la communauté ? Peut-être que nous allons finir par en arriver là. Si demain, il y a un coup d’Etat ici ou là, il y a remise en cause des droits humains, remise en cause des droits fondamentaux, politiques et consorts, qu’il y a coups d’Etat ici et là, peut-être qu’à l’avenir, on devrait dire que cela relève de la souveraineté exclusive des pays et que la CEDEAO et l’UEMOA ne doivent pas se prononcer là-dessus. Peut-être ! Donc, moi, si je pouvais faire un référendum, je le ferais pour demander aux uns et aux autres, aux intellectuels, à la masse, aux acteurs politiques, est-ce que le Bénin doit plaider au niveau de ces institutions pour qu’on enlève des prérogatives des institutions, ce fait d’être le garant de la démocratie, le garant des libertés, le garant des droits fondamentaux. Parce que c’est le fait d’être garant qui amène les positions que nous adoptons et qui causent ces problèmes qui sont décriés. Je vous pose la question. Vous, qui êtes dans la masse, qui relayez les opinions des uns et des autres, est-ce qu’il ne faudrait pas qu’à l’avenir, aux prochaines réunions de la CEDEAO et de l’UMOA, que le Bénin dise qu’il faut enlever de nos missions, le fait d’être garant de la démocratie, le fait que la CEDEAO doit être garante des libertés et des droits fondamentaux ? Moi, c’est à cela que je voudrais que mon peuple m’éclaire, que la classe politique m’éclaire pour que je sache quelle position je dois défendre prochainement dans les réunions. Mais si on dit non, qu’il faut qu’on continue d’être garant, c’est veiller à ce que cela ne se passe pas. Et si cela se passe, il faut sanctionner. Il faut contraindre. C’est ce que cela veut dire être garant. Alors, si quelqu’un veut me conseiller, je le veux bien. Merci !

M. Rodrigue AZINNONGBE (Fraternité FM) : Concernant le Niger, je reviens toujours sur les questions de la fermeture de frontière avec le Niger. Vous n’avez pas totalement répondu en ce qui concerne l’ouverture de la frontière. Quand est-ce que vous pensez pouvoir l’ouvrir ? Parce que, au même moment où c’est fermé chez nous, les nigériens préfèrent maintenant faire passer leurs marchandises par le Togo. Puisque le Togo apparemment, n’a pas respecté les décisions de la CEDEAO dans ce sens-là, ce qui constitue un énorme manque à gagner pour les caisses de l’Etat. Alors, qu’est-ce que vous comptez faire dans cette situation, vu que les nigériens aussi disent, puisque les Togolais les ont aidés, qu’ils n’ont plus envie de passer par le Bénin ?

M. le président. Quel conseil vous me donnerez-vous sur le Niger ? Vous avez dit tout à l’heure qu’il y a un pays qui n’a pas respecté les recommandations de la CEDEAO et de l’UEMOA. N’est-ce pas ? Et, que donc, les frontières ne sont pas fermées. Quels sont les conseils que vous me donnez en tant que citoyen béninois ? Est-ce que le Bénin devrait aussi ne pas respecter les prescriptions de sa communauté, de l’UEMOA ou de la CEDEAO ? Quel est votre conseil ? Moi, j’éprouve beaucoup de peine pour voir ce qui se passe au Niger, au Bénin. Il y a beaucoup d’acteurs économiques béninois qui souffrent de cela. Le peuple nigérien souffre beaucoup de cela. Chaque jour, chaque matin, ma prière est que la situation se règle, que l’on trouve au sein de la communauté, une solution rapide parce que nous subissons, nous aussi. Alors, donnez-moi votre conseil. Et je ne dirai pas que je vais vous suivre. Mais je tiendrai compte de cela. Quel est votre conseil ?

M. Rodrigue Azinnongbé (Fraternité FM) : Monsieur le président, moi, je suis à Parakou où il y a beaucoup de transporteurs qui souffrent de cette situation. Donc, pour moi, avec l’inefficacité de cette décision, vu que tout passe par le Togo, l’idéal serait peut-être de prendre langue avec les autorités nigériennes et d’ouvrir les frontières pour permettre aux Béninois, parce qu’il y a beaucoup de Béninois qui souffrent, vous venez de le dire, il faut que nous aussi, on arrive…

M. le président. Quel est votre conseil ? Je vous ai dit tout à l’heure que j’ai pris langue non ? Que je parle avec eux non ? Je vous ai dit cela. Mais aujourd’hui, la CEDEAO et l’UEMOA n’ont pas encore décidé de lever les sanctions. L’UEMOA ne l’a pas décidé, la CEDEAO ne l’a pas décidé. Nous subissons des préjudices graves, nous aussi. Alors, votre conseil, c’est que le Bénin également ne respecte pas les décisions ?

M. Rodrigue Azinnongbé (Fraternité FM) : Non ! Je n’ai pas dit cela. C’est de voir aussi quels sont les intérêts du Bénin dans ces conditions et là, vous pouvez prendre une décision.

M. le président. Mais je dis la même chose. Du fait de nos intérêts, il ne faut pas que le Bénin respecte les décisions de la CEDEAO et de l’UEMOA, en raison de nos intérêts. Ah vous n’avez pas dit cela ? D’accord !

(Rires)

Vous voyez ?

M. le président. Oui, monsieur Sounouvou !

M. Ozias Sounouvou : Pour des intérêts du Bénin justement, que vous fassiez pression sur vos pairs pour qu’une décision en faveur de l’ouverture rapide des frontières soit prise. Vous-mêmes vous vous êtes plaint de la durée par trop de ces sanctions qui ont plus pénalisé les peuples que les dirigeants.

M. le président. Merci ! Et c’est ce que je fais déjà. Je n’ai pas à dire… Lisez entre les lignes. Comprenez entre les mots. Ce qui est dit à moitié peut être compris entièrement. Mais je n’ai pas à vous dire là… Qui suis-je, moi, pour faire pression sur les présidents des autres pays et le dire que je fais pression sur les présidents ? J’ai utilisé tout à l’heure le mot plaider. J’ai utilisé le mot « plaider ». Et c’est cela mon rôle. Je n’ai pas les moyens de faire pression sur qui que ce soit. Je ne peux que plaider, et c’est ce que je fais déjà d’ailleurs. Et je vais espérer, je l’ai dit tout à l’heure… Lisez cela entre les lignes. Il est dit que j’espère que cela se fera très vite. Que l’on va prendre une décision. Mais, le Bénin n’est plus du genre à ne pas respecter ses engagements. Même à l’intérieur de notre pays, si chacun de vous, chacun doit, au gré de son intérêt, ne pas respecter les règles de la communauté béninoise, est-ce que cela serait bien ?

Vous voulez que moi, je vous dise que le Bénin ne respectera pas à cause de ses intérêts les prescriptions de notre communauté commune ? Alors, demain vous me direz, monsieur le Président, à cause de mes intérêts, moi, en raison de mes intérêts propres, je ne veux plus respecter une telle disposition, une telle règle du Bénin. Et, vous aurez raison puisque moi-même j’aurais donné l’exemple. Moi, je ne suis pas le Togo. Je ne suis pas le président du Togo. Le Bénin n’est pas le Togo. Chacun fait ce qu’il veut. Je ne sais pas. Peut-être que le Togo respecte, je ne sais pas. C’est vous qui avez dit que le Togo ne respecte pas. Moi je ne sais pas. Pour moi, le Togo respecte.

Transcription : Peace Fm

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