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Nouvelle proposition de changement de la constitution : Une blague de mauvais goût

 Nouvelle proposition de changement de la constitution : Une blague de mauvais goût

Un peu plus de deux ans après l’adoption d’une nouvelle constitution au Bénin, un groupe de jeunes prétendument patriotes demandent un nouveau changement, avec à la clé, cette fois-ci, d’un mandat unique. Cette initiative qui a tout l’air d’une blague est cependant prise au sérieux par le bureau de l’Assemblée nationale. Ce qui inquiète.

C’est à l’ouverture de la session ordinaire du Parlement, jeudi 16 septembre, que Sofiath Schanou, la première secrétaire parlementaire a lu une correspondance à travers laquelle le mouvement Coalition des jeunes patriotes (Cjp) demande aux députés de faire du mandat unique une exigence pour le poste de Président de la République. Une demande qui ne peut être satisfaite que dans le cadre d’une révision de la Constitution. Après cette annonce, le président du Parlement, Louis Vlavonou, a affecté le courrier à la Commission des lois qui devra l’étudier et faire un compte rendu de ses propositions à la plénière.

Au cours de la Conférence nationale de février 1990, le Bénin a instauré un régime démocratique caractérisé par la limitation d’âge (70) pour être candidat à la magistrature suprême d’une part et, de l’autre, par la limitation des mandats à deux. Depuis, ces deux principes ont été respectés sans faille. Ils ont même été renforcés dans la nouvelle constitution adoptée en 2019 sous l’impulsion du président Talon. Cette dernière en effet précise qu’aucune personne ne peut briguer plus de deux mandats « dans sa vie ».

La question du mandat unique a fait surface lorsqu’en 2016 Patrice Talon, alors candidat à l’élection présidentielle, a indiqué qu’il ferait de ce dernier une réalité une fois élu. Mais il a fini par jeter l’éponge et fait adopté une nouvelle constitution sans ce principe.

Un mandat de 7 ans ou deux mandats de 5 ans chacun ? La question est d’importance. Mais, au-delà des positions des uns et des autres, c’est la pertinence d’un tel débat qui se pose aujourd’hui. Demander un nouveau changement de la Constitution, c’est jeter de l’huile sur le feu. Les dernières élections ont été émaillées de violences qui ont causé beaucoup de dégâts et surtout qui ont entraîné la fracture sociale dans le pays. Les plaies ne sont pas encore pansées et, dans ce contexte, toute forme de tripatouillage de la loi fondamentale ne sera que porteuse de crise que le pays risque d’avoir mal à gérer.

Pour une grande partie de l’opinion publique, cette initiative vise à permettre au président Talon de briguer un nouveau mandat légitimé par le fait qu’il s’agira d’une nouvelle constitution. Les porteurs d’un tel projet semblent être aveuglés et sourds face à ce qui se passe dans la sous-région où la question de troisième mandat a secoué des pays comme la Côte d’Ivoire et la Guinée. Pour ne pas se faire des complices, les acteurs politiques devraient immédiatement se désolidariser, en premier lieu des principaux bénéficiaires d’une telle initiative.

Patrice Talon : «Je ne ferai pas un 3ème mandat»

Le président Patrice Talon a participé le samedi 10 juillet 2021 dans la salle bleue du Palais des Congrès de Cotonou au  sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance, l’alternance et la démocratie. Dans son speech, le chef de l’Etat a martelé qu’il ne fera pas un troisième mandat.

« Je mesure la portée du relais et devant vous combien je vais m’engager, vous prendre à témoin pour passer ce relais, le troisième dimanche de mai 2026, à celui qui aura la confiance du peuple béninois…Je voudrais vous garantir que je demanderai une dérogation du protocole d’Etat pour que le symbole de l’alternance que vous venez de me remettre fasse partie des éléments du rituel de passation de charges», a-t-il promis. Douter de la bonne foi du Président de la République est une particularité de la société béninoise. Le président Mathieu Kérékou a été victime de ce manque de confiance lorsqu’il a promis à la nation qu’il ne serait pas candidat pour un troisième mandat. Après lui, Yayi Boni a également subi le même sort malgré le fait qu’il ait invité ses pairs africains à respecter la limitation des mandats.

Pour mettre fin à des appels de briguer un troisième mandat, le président Talon peut interdire à tout individu de ne pas coller son nom à un tel jeu. Comme l’a fait l’ancien président nigérien Mahamadou Issoufou.

Pierre MATCHOUDO

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