Musée plein air de Parakou : Un trésor abandonné

 Musée plein air de Parakou : Un trésor abandonné

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Malgré son immense superficie et ses riches collections ethnographiques, le musée plein air de Parakou est laissé à l’abandon. Faute d’investissements et de vision stratégique, ce site unique peine à attirer les visiteurs et rate l’occasion de devenir un véritable moteur du tourisme et de l’économie locale.

Situé au cœur de la ville de Parakou, le musée ethnographique et plein air est un patrimoine culturel d’une valeur inestimable. Inauguré officiellement dans les années 1970, avec une première pierre posée en 1969 et des travaux débutés en 1972, ce musée est l’un des plus vastes du Bénin avec une superficie estimée à plus de 50 hectares. Mais plus de cinq décennies après son ouverture, il reste aujourd’hui l’ombre de ce qu’il aurait pu devenir : un véritable pôle d’attraction touristique, économique et culturel.

Sur ce vaste domaine, moins de 10 % de la superficie est effectivement clôturé, limitant considérablement l’aménagement et la sécurisation du site. Pire, une partie de cet espace restreint est désormais occupée par une société chinoise spécialisée dans l’hydraulique, réduisant davantage l’espace disponible pour les activités muséales.

Et pourtant, le musée possède une collection remarquable : environ 500 objets répartis entre mobiliers domestiques traditionnels, outils agricoles et artisanaux, instruments de musique, vêtements locaux, armes de guerre et de chasse, poteries et objets de tissage. Une richesse ethnographique et historique qui aurait pu faire de ce lieu un carrefour culturel incontournable pour la ville de Parakou.

Malheureusement, le site est dans un état de délabrement préoccupant. Malgré les efforts du personnel pour balayer la cour quotidiennement et nettoyer les vitrines trois fois par semaine, le manque d’investissements et d’initiatives pour dynamiser le musée est flagrant. Le témoignage d’un visiteur relayé sur le blog de voyage MondoBlog résume tristement la situation : « C’est tout penaud que je suis sorti de ce musée. […] Il n’y avait presque rien à voir à part l’air. »

Cette situation interpelle à plus d’un titre. Car un musée bien entretenu et valorisé ne se limite pas à préserver la mémoire collective : il génère aussi des ressources économiques importantes. À titre d’exemple, les musées dans d’autres régions du monde attirent des milliers de visiteurs chaque année, avec des retombées notables sur l’hôtellerie, la restauration, l’artisanat local et même l’emploi. Il suffit d’un plan de réhabilitation, d’un encadrement professionnel et d’une stratégie de communication efficace pour transformer le musée plein air de Parakou en véritable levier de développement.

Parakou, en tant que carrefour économique et culturel du septentrion béninois, aurait pu tirer un avantage énorme d’un tel centre d’attraction. Le potentiel est là, dormant, en attente d’une volonté politique forte et d’un partenariat intelligent entre État, commune, opérateurs privés et société civile.

Le musée plein air de Parakou est aujourd’hui un symbole d’occasion ratée, mais il peut encore devenir un modèle de renaissance patrimoniale et touristique. Il est temps d’agir, avant que ce patrimoine précieux ne disparaisse définitivement dans l’indifférence générale.

Pierre MATCHOUDO

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