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Modification de la constitution au Bénin : Les partisans de Talon font du forcing

Bien que le président Patrice Talon ait publiquement déclaré être contre, les députés membres de sa majorité ont justement fait programmer pour mercredi 21 février l’étude en plénière du projet de changement de la constitution par le Parlement.

Déposé par le député Assan Seibou du Bloc Républicain (BR), le projet de loi portant modification de la constitution entre dans sa phase ultime mercredi prochain avec les débats en plénière. En plus du BR, il est soutenu par l’Union Progressiste le Renouveau (UPR). Majoritaires, ces deux partis ne peuvent cependant à eux seuls faire adopter la loi. Avec ses 28 députés, le parti Les Démocrates dispose d’une minorité de blocage et il entend justement barrer la route aux révisionnistes.

En plus, au sein du BR et de l’UPR, il y a des voix discordantes qui trouvent le projet inopportun. Parmi eux, Lazare Sèhouéto qui invite ses pairs à la sagesse. Pour lui, la révision de la constitution n’est pas une priorité à l’heure actuelle. Sans doute par crainte de représailles, d’autres ont à présent évité de se prononcer publiquement contre la démarche de leurs collègues de la mouvance présidentielle.

Mais aussi et surtout, le président Patrice Talon qui a longtemps gardé le silence a fini lui aussi par aller à l’encontre de sa majorité. « Je ne suis pas demandeur d’une relecture de la loi fondamentale », a-t-il déclaré le 8 février, contredisant ainsi le député Assan Seibou qui affirmait en avoir parlé avec le chef de l’Etat. « Je ne suis pas d’accord qu’on change une seule virgule de la Constitution », a martelé le chef de l’Etat que, pourtant, les députés veulent contenter à travers leur projet.

Au vu de ce tableau, l’insistance à faire programmer le projet de révision constitutionnelle pour des débats en plénière est assez surprenante. C’est en effet vers un échec garanti que ces députés s’acheminent, ce qui risque de ne pas être sans conséquences pour ses partisans. Et ceux-ci doivent donc bien le savoir. Mais alors, pourquoi  s’obstinent-ils ?

Du côté des Démocrates, l’état vigilance a été décrété car, suspectent-ils, toutes ces oppositions internent au camp présidentiel peuvent n’être qu’une ruse pour les endormir afin de parvenir, in fine, à leur objectif.

La question de la révision de la constitution béninoise est venue sur la table dans une ambiance faite de crises politiques en Afrique de l’Ouest. A moins d’un sursaut patriotique, les députés du BR et de l’UPR risquent d’inscrire le Bénin sur la liste de ces pays agités par les entorses faites aux constitutions.

Pierre MATCHOUDO

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