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Mobile banking : Nicolas Yenoussi a-t-il fait économie de vérité?

Si la nouvelle taxe sur les transactions financières par téléphonie mobile permet à l’Etat d’engranger d’importantes ressources, à l’échelle individuelle, l’impact est très significatif. Du coup, son impact psychologique reste énorme dans un contexte d’inflation galopante, surtout que le gouvernement et les compagnies de téléphonie mobile sont peu enclins à une explication de texte.

Après avoir démenti ce qui n’était qu’une rumeur en début d’année, les sociétés de téléphonie mobile ont finalement lâché le morceau. Pourtant le Directeur Général des Impôts, Nicolas Yenoussi, reçu le dimanche 23 janvier 2022 dans l’émission «90 minutes pour convaincre» de Radio Bénin, a déclaré qu’«il ne s’agit pas de taxer la transaction, de taxer le montant transféré ou le montant retiré». Il a expliqué que lorsque vous faites le transfert ou le retrait d’argent, «la maison de GSM perçoit jusque-là une commission» et que c’est cette «commission qui est taxée à 5% et les 5% sont en dedans et non en dehors». «Nous travaillons avec les sociétés de GSM. On n’a pas fini. On continue pour qu’il n’y ait pas une mauvaise interprétation de la mesure» a-t-il affirmé. Il a dit que les frais de transfert et de retrait ne vont pas augmenter «parce que la taxe est dedans».

Mais depuis vendredi 11 mars 2022, c’est le contraire qui s’observe.  « Chers clients, en application du CGI, une taxe de 5% sera ajoutée à vos frais de retrait et de transfert à partir du 11 mars », a annoncé le plus grand des deux opérateurs présents au Bénin. Le CGI, c’est le Code général des impôts qui a prévu, pour 2022, plusieurs nouvelles taxes.

Cette nouvelle a suscité beaucoup d’émoi au sein de l’opinion publique et enflammé les réseaux sociaux. Très vite, les calculs sont faits, sur la base des montants déposés ou retirés via mobile banking. 5%, c’est énorme. Au-delà des chiffres et des explications éventuelles, c’est la création même de cette nouvelle taxe qui irrite les Béninois. Ces dernières années déjà les tarifs de certains services de téléphonie mobiles ont augmenté à la demande de l’Etat, ce qui explique en partie la frilosité de ces sociétés lorsqu’il s’est agi d’annoncer une nouvelle augmentation.  La fureur des consommateurs est alimentée par ce que la création tous azimuts de taxes. Ainsi, depuis le 1er janvier de cette année, la vente de motos neuves est frappée de TVA, ce qui a fait grimper le prix de ces engins à deux roues qui sont un véritable bien de grande consommation au Bénin. Dans le même temps, les transactions foncières, autre domaine de prédilection des Béninois, sont-elles aussi concernées par de nouveaux frais. Dans la même logique, bien d’autres domaines de la vie courante sont affectés par la hausse de ce que perçoit l’Etat.

Parallèlement aux taxes, les prix des produits alimentaires connaissent eux aussi une augmentation qui dure depuis quelques années. Exaspérés, les syndicats se sont vus obligés de monter au créneau pour réclamer des mesures visant à baisser la courbe de l’inflation.

Face à tout ceci, une taxe, fut-elle petite, sur les frais de transactions monétaires via mobile banking sonne comme une goutte d’eau de trop, une pilule difficile à avaler.

Pierre MATCHOUDO

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