Passionnée de lecture et d’écriture, elle sort son premier ouvrage, “Tresses d’océan”. Mazidath Adenikè Boussari, enseignante de français dans les collèges et lycées, actuellement en fonction à Sèmè-Podji vient de réaliser ainsi un de ses rêves. Dans son quotidien bien rempli, elle a accepté de faire une pause pour nous parler de son livre. Lisez plutôt !
Il y a quelques semaines, vous aviez gratifié vos lecteurs d’un nouveau livre “Tresses d’océan” sorti aux éditions Savanes du Continent. Pourquoi avoir choisi de faire votre entrée en littérature par un livre à double genre ?
Merci d’abord pour l’attention. La poésie et la nouvelle sont deux genres que j’affectionne tellement. La poésie me fait rêver, et la nouvelle me ramène à la réalité. De plus, je n’ai pas voulu “essouffer” le lecteur en leur servant un roman comme première publication. C’est, en quelque sorte, un bonheur administré à petites doses. Qui aime de la poésie lira le livre, tout comme qui aime la nouvelle y trouvera aussi son compte. Et puis, mettre les genres côte à côté, dans un même livre, me semble une manière de montrer mon originalité, car à vrai dire, je n’aime pas ce qui est commun.
Nous avons constaté que vous aviez disparu après que nous avons fait votre découverte dans Mandela, la grande rencontre. Que s’est-il passé ?
Mandela, c’était une expérience pour moi, j’avais voulu frotter ma plume naissante, balbutiante, à d’autres plus alertes, plus confirmées. Et je ne savais pas que j’attirais, par-là, les regards sur moi. J’ai reçu, dans le temps, des félicitations et encouragements de lecteurs anonymes. Dès lors, j’ai compris l’importance du travail bien fait en littérature. Je me suis donc imposé la patience et la persévérance dans mes productions. Je me suis remise à travailler, travailler, et travailler encore, pour atteindre un niveau pas parfait, mais acceptable, avant de sortir un livre autonome. Car, ce que beaucoup d’écrivains ignorent, le premier livre est très important, c’est ça qui détermine le regard que se font les lecteurs de vous. « Mille fois remettre son métier sur la toile », comme l’enseigne Nicolas Boileau.
Pourquoi avoir choisi Habib Dakpogan et de Grégoire Folly pour encadrer et parrainer votre livre ?
Habib et Grégoire, je ne les connaissais pas personnellement, quoique ce soient des écrivains que j’affectionne particulièrement. J’ai lu toutes leurs productions littéraires, et sans vous mentir, ils sont au-dessus de la mêlée. Habib, c’est, quoi qu’on dise, ce qui se fait de mieux aujourd’hui en littérature. Et Grégoire, parmi les jeunes écrivains, n’est pas des moindres… Ce sont, en quelque sorte, des points de mire pour moi. Donc quand j’ai souhaité être parrainée par eux, mon éditeur, qui est aussi leur éditeur, les a aussitôt contactés, et quelques jours leur ont suffi pour livrer leur avis sur Tresses d’océan, qu’ils ont vraiment aimé. Je les en remercie au fond du cœur.
Dans votre livre ” Tresses d’océan”, le lecteur averti devinera que vous êtes plus poétesse que nouvelliste même s’il s’agit de deux genres?
J’aime bien les deux genres, comme je l’avais dit précédemment. C’est vrai que j’ai fait mon apprentissage de l’écriture par la poésie. Et je me surprends moi-même, à faire de la poésie dans tout ce que j’écris. C’est un peu comme on dit, chassez le naturel, il revient toujours au galop. La poésie, c’est tout pour moi… Voir les choses autrement… Les dire d’une manière peu commune…
Une confidence. Comment choisissez-vous vos titres ?
On m’a toujours posé cette question depuis que le livre a paru. Et merci si vous les trouvez originaux. En fait, pour moi, le texte ou le livre n’est pas fini tant que vous n’y avez pas trouvé un bon titre. Un titre qui captive, qui interpelle, qui amène le lecteur à se poser mille et une questions. Un titre, pour moi, c’est ça qui fait vendre le livre, en dehors de l’illustration de la couverture. Et un titre, ça peut venir à tout moment. Pour certaines nouvelles, j’ai le titre bien avant de commencer l’histoire. Pour d’autres, c’est deux mois après le texte que je finis par trouver le titre le plus séduisant.
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes talentueux ont du mal à se faire éditer. Pourrait-on alors dire que vous aviez la chance de tomber sur un bon éditeur ?
Je dirai que j’ai une chance que n’ont pas forcément la plupart des jeunes écrivains. A vrai dire, je n’ai jamais été satisfaite de mes productions, je me disais qu’il me faut travailler, encore et encore. Que mon livre partirait de lui-même quand viendrait le moment. Je n’ai donc pas choisi mon éditeur, c’est lui qui m’a choisie. Me connaissant, pour avoir édité mon texte dans Mandela, il m’a juste contactée pour me proposer un contrat d’édition à compte d’éditeur. J’ai d’abord refusé, car je ne trouvais pas mes textes éditables. Mais il a réussi à me convaincre de leur qualité. Je dirai juste que c’est le travail bien fait qui a finalement payé. Merci aux éditions Savanes du Continent.
Dites-nous, quels sont les auteurs béninois que vous suivez particulièrement ? N’oubliez surtout pas la littérature féminine…
J’ai passé des années à consommer la littérature béninoise, afin de me faire mon opinion et, par-delà, savoir comment je dois désormais écrire. Et la littérature béninoise aujourd’hui, est à l’instar de la musique de chez nous. Beaucoup de créations, mais trop d’impuretés et très peu de bonne matière. J’espère que les choses s’arrangeront avec le temps… En ce qui concerne mes préférences, je parlerai de plusieurs grands noms que je ne vois plus sur la scène (Hilaire Dovonon, Arnold Sènou, Jérôme Nouhouaï, Constantin amoussou, etc.), et de ceux qui sont là (Gaston Zossou, Habib Dakpogan, Daté Atavito, Rodrigue Atchaoué, Destin Mahoulolo, Grégoire Folly, Djamile Mama Gao, etc.)
Parlant des femmes, j’aime bien les textes de Carmen Toudonou, Harmony Bill Cataryra, Myrtille Haho, sans oublier les grandes sœurs Sophie Adonon et Adélaïde Fassinou. Nous ne sommes pas bien nombreuses, mais nous y arriverons, j’y crois.
Encore félicitions ! Belle entrée dans le monde littéraire, avec de croustillants poèmes et nouvelles que nous recommandons à tout lecteur. Bonne route à vous, et nous espérons qu’il ne nous faudra pas encore patienter sept pour lire votre prochain livre…
Merci. J’ai plusieurs manuscrits dans mon tiroir, et ce dans plusieurs genres. La littérature, tout comme tout art, est très exigeante. Quand vous commettez l’erreur d’attirer l’attention sur vous, vous n’avez plus le droit de fuir le public, vous ne pouvez plus non plus servir aux admirateurs une qualité en dessous du premier plat. J’ai, dès lors, sorti tous mes manuscrits du tiroir, je suis en train de les relire, les réécrire totalement, pour finalement soumettre à mon éditeur des textes qui le séduiront tout autant que ceux de Tresses d’océan. Et s’il est d’accord et que son calendrier le lui permet, le prochain livre viendra d’ici début 2023.
Véronique GBEWOLO (Stag)