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Mariam Chabi Talata : L’ascension surprise mais méritée…

Tous les acteurs se sont vus l’image écornée par l’activisme politique très peu vendable à l’ère de la rupture, le renouvellement de la classe politique, le presque ‘’dégagisme’’ que vit le Bénin depuis 2016 a été impitoyable pour beaucoup. L’espace politico-socioculturel est si asséché qu’en ce début du processus électoral, le Bénin s’interroge sur le visage qui en paire ira avec Patrice Talon à ces joutes. Mariam Chabi Talata Zimé, a été le choix de Patrice Talon. Un tirage presque risqué tant, les Béninois ne connaissaient pas leur probable future vice-présidente.

C’est dans son bureau des locaux de l’Assemblée Nationale que la première vice-présidente accepte nous recevoir. Entre deux cérémonies qu’elle préside en cette matinée de samedi on va être introduit par un protocole, presqu’inexistant. Protocole fait de secrétaire particulier, d’assistant et de gardes du corps. Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, c’est la simplicité importée dans les hautes fonctions républicaines. Son entourage, un mélange de plusieurs éléments issus de différentes promotions de ses anciens élèves. On aura au total un entretien de 17 minutes. Assez pour celle qui, ce jour-là, doit dire un discours au parlement des jeunes en clôture de session. À l’époque elle même était loin de parier sur ce destin qui aujourd’hui va à mille à l’heure.

Mariam Chabi Talata Zimé, pour beaucoup, n’est que la première vice-présidente de l’Assemblée Nationale. Une législature dont la mise en place n’a pas été pour le Bénin démocratique le meilleur moment. Le numéro 2 du parlement est justement écorné en termes de visibilité politique par son appartenance à cette 8e législature. N’empêche, elle reste égale à elle-même. Elle est respectée, adoubée et même vénérée des milieux d’influence féminine. Elle a aussi une côte et un positionnement considérable dans les coulisses intellectuelles des quatre départements du Nord et même des Collines. Elle y est perçue comme l’une des rares figures encore farouchement engagées en faveur d’une société équilibrée entre émancipation et conservation des acquis d’une tradition dont elle est fière.

Le féminisme, selon Talata Zimé

La première vice-présidente du parlement béninois est une militante singulière des causes féminines. Son combat du genre, elle le mène à contre-courant. Quand la plupart des féministes trouvent dans la tradition, les éléments d’iniquité sociale, elle autre en trouve qu’il faut mettre en avant. C’est le cas des royautés bariba avec des palais où la femme est plus que consacrée, placée au cœur du pouvoir traditionnel. Elle a à son actif sur le sujet un documentaire intitulé : « Yon Kogui, l’impératrice du Baru Tem ». Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, c’est également une intraitable de la rigueur. Qui, des jeunes générations, aurait pu oublier la purge d’enseignants et d’élèves indélicats qu’elle a infligée au collège Hubert Koutoukou Maga dans les années 2000. Quid aussi de sa particulière opposition à la gouvernance Yayi dont elle n’a eu de cesse de dénoncer les tares tout le long de ses 10 ans de mandat?

Parvenue politique ? Non

Le parcours politique de Mariam Chabi Talata épouse Zimé Yérima est méconnu des Béninois. Elle est perçue comme cette suppléante parvenue à ses fins grâce au désistement du ministre de l’Intérieur Sacca Lafia à l’issue des législatives de 2019. Pourtant, la première vice-présidente de l’Assemblée Nationale, coordonnatrice Borgou de l’Union Progressiste a un parcours loin d’être celui d’une parvenue politique. Cette ancienne icône de l’Alliance Soleil a, pour plus d’un mandat, siégé au conseil municipal de Parakou. Elle aura été à ce titre, présidente de l’UFeC/ABC (Union des femmes élues locales de l’Alibori, le Borgou et les Collines). Avec l’UFeC/ABC, elle a une tribune pour asséner son message de revendication de représentation égale homme-femme sur les listes des partis politiques à l’occasion des joutes électorales. Le réseau se mue aussi en rempart des couches vulnérables surtout les jeunes filles. Le début d’un encrage politique, d’une visibilité et d’une influence qui va conquérir les cœurs, d’autant plus que les initiatives de Mariam Chabi Talata se mènent dans la discrétion loin de la fanfaronnade politique qui agace les populations. Une politique de contact direct avec la base, les populations pendant 17 ans sous une seule bannière. Celle de l’Union pour la Démocratie et la Solidarité nationale (UDS) du ministre Sacca Lafia. Preuve d’une fidélité inebranlable.

Cet activisme politique à forte connotation féministe et culturelle n’est pas le seul combat de l’enseignante de philosophie. Parallèlement, elle est engagée  sur le front de l’enseignement. Professeur des lycées, censeur, elle est faite conseillère pédagogique avant de finir au Ministère de l’Enseignement Secondaire et de la Formation professionnelle en tant que Directrice Nationale de l’Enseignement Secondaire, poste qu’elle va quitter pour le parlement. 

Une taloniste revendiquée

Dans le septentrion, les têtes de pont politique ont soit basculé dans la clandestinité et le silence politique, soit changé de camp. Beaucoup ont embrassé le ‘’talonisme’’ à contrecœur, certains bons grés. La première vice-présidente du parlement fait partie de cette dernière classe de politique en harmonie avec le règne de l’actuel chef de l’État.

 Sous Yayi, elle n’a eu de cesse de dénoncer le pouvoir exorbitant de l’argent. La lutte farouche contre la corruption, l’assainissement de la classe politique, le rajeunissement de celle-ci et le plus de chance offerte aux femmes par les dispositions constitutionnelles actuelles sont les éléments qui ont toujours préoccupés l’élue de Parakou. Talon et elle politiquement c’est un tandem dont elle sait jusqu’ici tirer avantage en termes d’aura.

Latifou Sana Sarè Boni (Coll)

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