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Lutte contre les sachets plastiques au Bénin : Un échec retentissant

Bientôt sept 07) ans que le peuple béninois par le biais de ses représentants au Palais des gouverneurs a pris l’option à défaut d’une interdiction radicale du sachet plastique sous toutes ses formes de faire une certaine concession en autorisant l’usage, la détention… unique des sachets biodégradables. Mais pour l’heure, la mauvaise habitude perdure. Raison pour laquelle, le 25 Février 2022, NaSEF-ONG après une profonde analyse avait proposé une modification de la loi N°2017-39 du 26 décembre 2017 portant interdiction de la production, de l’importation, de l’exportation, de la commercialisation, de la détention, de la distribution et de l’utilisation de sachets plastique non biodégradables en République du Bénin. Dans cet entretien Edmond Kakessa, président de NaSEF-ONG nous parle de ce sujet sulfureux.

Bientôt deux (02) ans quelle avancée peut-on noter depuis que votre ONG a formulé cette proposition.

C’est le silence radio, plus rien ne bouge et plus personne ne s’en plaigne même les associations de défense des droits des consommateurs ne s’en préoccupent guère. Les preuves sont là et personne ne peut dire le contraire. Je vous rappelle que NaSEF-ONG a fondé son argumentaire sur certaines questions afin de proposer une interdiction radicale de l’usage, la vente, la détention, l’importation de toute forme de sachets qu’ils soient biodégradables ou non en République du Bénin : Par quels moyens les sachets plastiques non biodégradables continuent d’être versés sur notre marché  béninois? Comment reconnaitre les sachets biodégradables ? Où peut-on s’en procurer ? Pourquoi les sachets biodégradables devraient-ils couter plus chers que ceux non dégradables si on est réellement engagé dans la lutte contre ces derniers? Ces interrogations demeurent jusqu’à présent sans réponse satisfaisante. C’est simplement le statu quo.

Pourtant on ne voit plus comme ça les voies jonchées d’ordures et plus précisément de sachets

Ce qui semble voiler un tout petit peu la nuisance que crée l’utilisation des sachets plastiques notamment dans les grandes villes comme Cotonou, Porto-Novo, Abomey-Calavi pour ne pas dire le grand Nokoué c’est la création de la SGDS qui aujourd’hui procède avec efficacité à l’enlèvement des ordures au niveau des ménages. Le temps où l’on voyait fréquemment nos voies jonchées d’ordures et plus précisément de sachets devient de plus en plus un vieux souvenir. Plus qu’avant, au sein des ménages, dans nos marchés le sachet plastique est ancré dans nos habitudes. Il est abondamment utilisé comme si une nouvelle règlementation contrairement à celle du 26 décembre 2017 nous y autorisait.  Si nous en parlons c’est parce que nous avons fait notre propre expérience et continuons de le faire grâce au contact quotidien que nous avons avec certaines franges de la population  (écoliers, élèves, femmes du marché…) mais parce qu’avant tout nous sommes citoyen de ce pays et plus encore un objecteur de conscience. Nous ne le faisons pas juste pour attirer l’attention sur nous mais nous en faisons une obligation morale.

Que faire alors ?

Nous réitérons une fois encore notre proposition qui n’est d’autre que d’aller à une interdiction pure et simple des sachets plastiques qu’ils soient biodégradables ou non ceci nous permettra d’une part d’éviter d’injecter massivement de moyens financiers dans l’achat de machine de contrôle des sachets, la pollution de notre sous-sol sans oublier les risques quotidiens de maladies causées par l’usage de ces tueurs silencieux et d’autre part le développement de l’économie locale puisse que l’alternative serait désormais l’usage à plein temps et en tout lieu des emballages fabriqués par nos artisans à base d’autres matières dont les tissus. Pour que les structures à qui l’état avait donné des agréments  pour la fabrication des sachets biodégradables et qui auraient massivement investi dans ce secteur ne se sentent pas léser, le même état pourrait prendre des mesures d’accompagnement à leurs égards afin qu’elles fabriquent à grande échelle et à moindre coût les emballages plus respectueux de notre environnement. Quoi qu’on dise et pour le commun des béninois, la problématique que pose les sachets plastiques est très sensible puisqu’on ne saurait la régler sans toucher aux intérêts de certaines personnes. Cette lutte relève simplement d’une volonté politique à l’exemple de celle observée sur la question des faux médicaments. Cette loi semble d’ailleurs être oubliée puisqu’on ne s’en rappelle qu’à l’occasion de la date de son anniversaire avec des actions éparses, fugaces et sans effets.

Un mot pour conclure

Pour l’instant et jusqu’à nouvel ordre chaque béninois au mépris de cette loi qui semble être déposée au placard continuera sans contrainte aucune à s’offrir son lot de ce poison ceci sous le regard passif mais complice de nous tous.  A toutes fins utiles et jusqu’à preuve du contraire nous rappelons une fois encore que d’après l’article 16 de cette  loi: « Toute personne physique ou morale non autorisée qui utilise un sachet non biodégradable, est punie d’une amende allant de cinq mille (5000) à cinq cent mille (500 000) francs CFA et d’une peine d’emprisonnement de trois (03) mois à six (06) mois ».

Propos Recueillis par Damien TOLOMISSI

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