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Libération des espaces publics : Le balai des villes reprend

Pour des activités différentes, nombres de personnes s’installent de façon illégale sur les places réservées au public ou encore au passage des riverains. Depuis peu, les autorités s’affairent à assainir ces lieux à travers des déguerpissements qui ne font pas l’unanimité chez les occupants.

Cotonou et Abomey-Calavi, deux villes connues pour leurs densités humaines et aussi pour leurs forces économiques, connaissent depuis quelques jours une campagne d’assainissement de ses artères.

En effet, à la veille de la commémoration de la 61ème année d’indépendance, les préfets des départements de l’Atlantique et du Littoral ont décidé de donner un nouveau visage aux villes de ces deux départements en relançant pour une énième fois le processus de libération des espaces publics. Vendeurs d’essences de contrebande, vendeuses de pains et autres, de même que les artisans installés aux abords des rues sont depuis lors invités de force à libérer ces espaces qui ne leurs sont pas destinés.

Si pour certains quitter cet emplacement est bien facile, pour d’autre, la carapace semble être dure au point où l’application de cette mesure est pour eux un fardeau. Le lieu public est entretemps devenu un bien personnel au point où certains s’y sont installés et installent leurs commerces. Malgré les différentes mises en garde, ce que l’on peut qualifier de pagaille a pris le dessus dans l’attitude des occupants périodiques et aussi définitifs. Même renvoyées des lieux, ces personnes ne trouvent aucun mal à se réinstaller quelques minutes après le départ des autorités. Cette campagne lancée est non seulement une campagne pour assainir les artères des villes de la capitale économique et des villes voisines mais aussi un moyen pour assurer la sécurité des personnes et des biens.

« Il était temps que les autorités agissent dans ce sens pour donner un autre visage à nos villes. Nous constatons que de plus en plus certains citoyens prennent d’assaut nos rues pour exercer des activités sans tenir compte du visage qu’ils donnent aux villes en s’installant de façon anarchique », tente de faire savoir John un riverain du quartier Dèkoungbé. Marguerite, elle aussi habitante dudit quartier se dit satisfaite de ce nettoyage qui se fait depuis peu mais souhaite que cela soit continuel et définitif « Pour nous c’est une très bonne chose de voir nos rues être libérées, nous demandons aux autorités de tout mettre en œuvre pourque ces personnes ne reviennent plus là », renchérit-elle.  Une visite après le passage des agents ayant pour mission de déguerpir les occupants illégaux au quartier Agla permet de constater le travail effectué. Plus aucun hangar, pas d’étalage, encore moins de cabine téléphonique sur les trottoirs. La ville retrouve son esthétique voulu. Les commerçants sont renvoyés dans les ruelles.    Ce travail ne fait aucunement l’unanimité.

Esthétique ou la faim

Pour les déguerpis la mesure est sévère vu l’état économique du pays. Des familles seront privées d’espèce sonnantes et trébuchantes.  « Nous sommes conscient que nous occupons illégalement des emplacements qui ne nous sont pas destinés pour nos activités. Mais il faut aussi comprendre que nous n’avons pas tous la chance de nous installer dans les marchés. Les autorités devraient penser aussi à notre devenir et celui de nos enfants », s’insurge dame Ayélé restauratrice déguerpie. Jeannette, vendeuse de petits articles abondent dans le même sens. « Bon nombre d’entre nous, c’est en vendant à ces lieux que nous subvenons aux besoins familiaux », martèle-t-elle. « Je suis obligé dans la quête d’un emplacement qui pourrait me permettre de renouer avec mes activités », a laissé entendre Martial, mécanicien moto en soulignant « Mes apprentis sont à la maison depuis quelques jours. C’est déjà compliqué pour nous de joindre les deux bouts. Avec la situation actuelle, on risque de devenir mendiant».

« Faudrait-il rappeler que cette opération de déguerpissement dans les différentes artères n’est pas nouvelle », rétorque Jean Baptiste, administrateur des impôts. Cette mesure dira-t-il « a souvent connu de sevrage en cours d’application. Les villes méritent d’avoir la plus belle image possible et les usagers ont besoin aussi de tous, bénéficier des espaces qui leurs sont réservés ». « Il revient à l’Etat de ne plus laisser les gens s’installés à nouveau », indique Etiennette. 

Firmin KASSAGA

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