Les tractations en cours et les crocs-en-jambe entre acteurs politiques laissent conclure que tout est en train d’être fait pour baliser le chemin aux partis soutenant le président de la République.
Comme ils l’aiment bien, les médias se sont délectés des attaques en règle au sein du doyen Wallis Zoumarou contre son « jeune frère » Abdoulaye Bio Tchané, tous deux membres du Bloc Républicain (BR), l’un des grands partis actuels. A moins d’un an des élections législatives, cette fronde sur fond de positionnement sur la liste électorale était d’autant plus intéressante qu’il s’agissait d’une discorde au sein même du BR, l’une des formations politiques soutenant le chef de l’Etat. Seulement, la guerre n’a finalement pas eu lieu grâce au flegme de Bio Tchané.
Mais même dans le cas contraire, cette bataille n’est qu’un épiphénomène car, de l’autre côté, les acteurs semblent tout faire pour se disperser et donc… perdre de nouveau cette élection pourtant cruciale pour le contrôle de l’exécutif.
En effet, le principal parti d’opposition, Les Démocrates, sont de plus en plus absents des débats. Depuis l’arrestation en mars 2021 de Reckya Madougou, alors candidate à l’élection présidentielle, ce parti créé et mis sous le parrainage de l’ancien président Yayi Boni semble avoir cessé toutes activités. Absent des débats publics et n’organisant pas de réunions publiques, réussir à faire élire ses candidats paraît plutôt relever d’un rêve.
Même constat s’agissant des FCBE, le parti dont le secrétaire général est le chef de l’opposition. Quand bien même il bénéficie du financement accordé en vertu des dispositions de la constitution, il demeure un parti affaibli par la démission de la plupart de ses fondateurs comme le président Yayi Boni. Bien plus tard, c’est Aboubacar Yaya qui en est sorti, suivi de plusieurs autres militants provenant de plusieurs circonscriptions électorales.
Pour sa part, la Renaissance du Bénin est déjà rangée au placard pour n’avoir pu se conformer à la loi n°2019-41 modifiant et complétant celle n°2018-23 du 17 septembre 2018. Son chef, Nicéphore Soglo a déjà été vu avec le président Talon, son ennemi d’il y a encore quelques mois, avec lequel il échangeait des confidences après avoir publiquement désavoué son allié Yayi Boni.
Pendant ce temps, les partis satellites du pouvoir sont en train de peaufiner leurs stratégies de conquête des sièges au parlement. Pour y parvenir, ils ont réussi à happer même des soutiens qui ont accepté de se saborder à travers une fusion. C’est le cas de l’UDBN de Claudine Prudencio et du Bloc Républicain. Moele-Bénin, de son côté a décidé d’aller pour l’heure aux élections tout en affirmant son identité.
Quant aux partis jumeaux que sont le BR et l’UP, s’il y a des batailles fratricides, aucun membre de ces regroupements ne peut couper le cordon ombilical sans courir le risque quasi-certain de se voir couper des avantages que procure la proximité d’avec le pouvoir.
Pierre MATCHOUDO