Les chances de l’opposition de faire bonne figure aux prochaines élections s’amenuisent à mesure que le président Patrice Talon multiplie les actions pour rallier certains de ses adversaires les plus farouches.
« Lionel Zinsou est un objet volant non identifiable dans la politique béninoise ». C’est par cette phrase assassine que Komi Koutché marque, ce 22 février 2022, sa désapprobation vis-à-vis de l’ancien premier ministre du gouvernement auquel il a participé en tant que détenteur du portefeuille des finances. Libéré de condamnation en appel, après que l’accusation s’est retirée dans une affaire que d’aucuns ont estimé être politique, Lionel Zinsou ne manque pourtant pas de dérouter les membres de l’opposition actuelles qui l’ont porté à la candidature au poste de président de la République en 2016.
Tantôt critique, tantôt approbateur de Patrice Talon son tombeur, il ne rassure plus l’opposition à environ un an des prochaines consultations électorales. Venu de France à bord d’un même avion avec le président Talon, Lionel Zinsou a également été aperçu le week-end passé au Palais de la République lors du vernissage de l’exposition des œuvres d’art restituées par la France.
Dans le même temps, Nicéphore Soglo, l’ancien président de la République qui s’est montré un farouche opposant depuis 2016 a commencé à montrer des signes de ralliement au pouvoir. Après une visite du président Talon à son domicile, une semaine plus tard, c’est à son tour de se rendre au Palais à l’occasion du vernissage des œuvres d’art le samedi 20 février dernier. D’aucuns ont estimé que la question du retour de Léhady Soglo, fils de Nicéphore et ancien maire de Cotonou a été évoquée sans qu’il soit possible de dire les promesses éventuelle sur le sujet.
Mais bien avant ces rencontres, Nicéphore Soglo a, lors d’une de ses prises de parole, désavoué son allié de l’opposition. Il accusait alors Yayi Boni, ancien président, d’être à la base des malheurs du pays et de l’opposition. Cela alors qu’ils avaient jusque-là mené des actions communes pour contraindre le pouvoir à avoir une main souple vis-à-vis de l’opposition.
Toute cette zizanie ne présage rien de bon pour l’opposition, en l’occurrence à l’occasion des prochaines consultations électorales. Le Président Talon doit se frotter les mains d’avoir réussi à ramollir la plupart des adversaires les plus virulents sans avoir rien lâché en échange.
De fait, aujourd’hui il ne reste plus que le parti Les Démocrates (LD) à se positionner dans l’opposition radicale. C’est vrai qu’ici également les murs ont commencé à se lézarder avec, entre autres, la défection de Moïse Kérékou qui s’était déjà positionné comme candidat à la vice-présidence avec une personnalité en dehors du parti.
Nombre de politiciens béninois affirment qu’il n’est pas aisé de rester longtemps dans l’opposition dure, ce qui les amène à pactiser avec le pouvoir. Un signe que la politique au Bénin a d’abord pour but de nourrir les politiciens au détriment des idées et des principes.
Pierre MATCHOUDO