Leadership féminin au Bénin : Les générations se succèdent mais…

Si aux plans politiques et économiques les femmes béninoises ont encore du chemin à parcourir, il est à remarquer que les pouvoirs publics décrètent l’égalité des droits entre hommes et femmes. Mais pourquoi la gent féminine reste-t-elle toujours à la traîne?

De Mathieu Kérékou à Patrice Talon, en passant par Nicéphore Soglo et Yayi Boni, les gouvernements successifs ont toujours compté une minorité de femmes. Il en est de même des postes au sommet de l’administration et des entreprises publiques.

L’un des secteurs où on note une importante évolution de la représentativité des femmes est l’assemblée nationale. Depuis la première législature entre 1991 et 1996, on a enregistré un taux de 4,69% (1991). Mais leur nombre n’a jamais franchi le cap des 10% jusqu’à ce que le président Patrice Talon ait pris la décision de fixer un seuil minimum de représentativité. Ainsi, l’actuelle législative a connu un bond avec un peu plus de 24%de femmes.

Par contre, le secteur sur lequel les femmes règnent en maître est bien celui de l’obtention des microcrédits. L’ancien président Yayi Boni en avait fait son cheval de bataille avec comme résultat plus de 90% de fonds leur étant alloués.

Il est par ailleurs important de souligner qu’historiquement, les femmes béninoises ont toujours eu le droit de vote et les mêmes salaires que les hommes dans la fonction publique à qualifications égales.

Toutes ces avancées ne sont malheureusement que de mini progrès. Le chemin reste encore loin pour la conquête de l’égalité. Et toutes, elles ont été quasiment le résultat de décisions politiques faites suite au bon vouloir et à la sensibilité des hommes à la tête de l’État. Les femmes qui disent lutter pour leur avancement, on en voit beaucoup chaque 8 mars, une célébration qui prend plutôt une connotation folklorique.

Si toutefois par le passé le Bénin a connu des femmes de poigne, la jeune génération semble manquer de leadership de qualité. Tous les Béninois d’un certain âge se souvient des femmes comme Rosine Soglo, Marie-Elise Gbèdo, Rafiatou Karim et bien d’autres encore et de leur contribution à la conquête des droits en faveur de leur congénères. L’adoption d’un code de la famille largement généreux n’est autre que le résultat de leur lutte incessante.

Pour espérer une égalité dans les instances dirigeantes et dans la vie économique et sociale, elles doivent non seulement suivre le chemin tracé par leurs aînées mais aussi et surtout œuvrer à ce qu’il y ait plus de femmes dans les écoles.

Pierre MATCHOUDO