Il est connu comme un fougueux politique qui ne garde jamais sa langue dans sa poche. Il est connu comme quelqu’un qui crache sa vérité, à lui, sans édulcorant. Lui, c’est Bertin Koovi. Comme à son habitude, l’homme vient de frapper un nouveau coup. Un sévère réquisitoire qui ne plaira pas à tout le monde, surtout pas à la mouvance présidentielle dont il fait partie. Même si cette sortie dissonante de l’économiste fondamentaliste à l’air d’un bleus personnel, c’est 2026 qui se joue déjà pensent certains observateurs de la vie sociopolitique béninoise.
Les déclarations de l’ex-président de l’alliance Iroko font l’effet d’une bombe à sous-munitions. Ancien pourfendeur du gouvernement de la rupture, puis allié de Patrice Talon de dernière heure, Bertin Koovi dit ne pas s’épanouir comme il le pensait en rejoignant le navire rupturien. En dehors du manque de considération qu’il constate de la part des membres du Bloc Républicain (BR), envers sa personne, Bertin Koovi se désole également de la paupérisation de la jeunesse. Touché par la situation socio-économique du pays, Bertin Koovi lance un coup de gueule. « Les Béninois sont en train de vivre une misère que je ne peux plus supporter »crache-t-il. A en croire l’économiste fondamentaliste, c’est en l’absence de perspectives d’avenir que certains jeunes s’adonnent à des actes répréhensibles. L’ex président du mouvement Iroko ira loin en révélant des promesses non tenues par le Chef de l’État. Il s’agit de deux projets qui, selon ses dires, vont impacter des millions de béninois.
De la bonne foi…
A priori oui! Connaissant Bertin Koovi, autrefois pourfendeur du régime en place et actuel ardent soutien de la mouvance, ses propos sont à prendre au sérieux. Tout n’est pas rose dans la gouvernance Talon. En témoigne les deux opérations en cours dans le pays. Le dossier Togbin 4 et le contrôle des infractions routières. Ça manque de manière et surtout d’humanité dans les approches. Ailleurs, le gouvernement de la rupture a fait de mécontents dans le rang de ses soutiens. Plusieurs d’entre eux n’ont pas eu les avantages qu’ils espéraient en œuvrant pour son avènement. Si Bertin Koovi est resté centré sur sa personne, il a dit haut ce que beaucoup pensent tout bas sans jamais oser murmurer hors de leur chambre à coucher. Et à ceux qui le taxent d’insatiable et d’éternel grogneur et pis de faux soutien de Patrice Talon, l’homme s’en défend. Pour lui, dire la vérité à son ami pour permettre à ce dernier de toucher du doigt la réalité et rectifier son tir est la meilleure attitude qui soit. Il n’est donc pas question de se la boucler.
…mais également les syndromes de fin de mandat.
Même si l’on sait que Bertin Koovi est un homme d’un tempérament bouillant, dont la bouche refuse de porter caleçon comme le disent les Ivoiriens, son ” bleus ” est loin d’être anodin. Et ils sont nombreux ces acteurs politiques de la mouvance présidentielle qui fulminent. Si la plupart d’entre eux ruminent leur inconfort et continuent de contenir leur frustration, sans s’afficher urbi orbi, certains ont commencé par se démarquer du lot. C’est le cas du député Lazare Sèhouéto qui a montré son aversion pour la proposition de la révision de la constitution. Il n’a d’ailleurs pas hésité à tacler ses amis du même bord politique. Les élections générales 2026 approchent à grands pas. Elles coïncident avec la fin du dernier mandat constitutionnel de l’actuel locataire du Palais de la Marina. Pour les analyses politiques, c’est l’heure des repositionnements stratégiques sur l’échiquier politique. En fonction de la tendance qui se dessine et ayant compris que le pouvoir peut basculer à tout moment, les acteurs politiques commencent par réviser leur postures afin de pouvoir se retrouver dans le camp du prochain homme fort du pays. Etant donné que cette dynamique ne va changer de sitôt, il faut s’attendre à des rebuffades très prochainement.
Arnaud ACAKPO (Coll)