Le plus grand parti de la mouvance présidentielle à la croisée des chemins : Qui pour sauver l’UPR ?

L’UPR peut-elle survivre à la crise actuelle? Le pronostic est très réservé malgré la mise au point du porte-parole du gouvernement qui laisse profiler un bras-de-fer entre les partisans du chef de l’Etat et le PRD.
Depuis février 2025, l’UPR traverse une zone de turbulences qui ne laisse présager rien de bon. La sortie médiatique de Me Adrien Houngbédji, président historique du PRD, aura marqué un tournant. Critiquant ouvertement le président Patrice Talon, l’homme politique expérimenté a ravivé les tensions internes qui couvaient depuis la « fusion » entre le PRD et l’Union Progressiste, fusion qui a fait naître un nouveau parti entièrement acquis à la cause du chef de l’Etat.
À ce jour, ni Joseph Djogbénou, président de l’UPR, ni le président Talon n’ont daigné briser le silence. Faut-il y voir une stratégie de temporisation ou le signe d’une impuissance à gérer un conflit devenu trop personnel, voire trop symbolique ? Car lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur le passé du paysage politique béninois, les fusions ont toujours été suivies de divorces retentissants.
L’un des cas les plus emblématiques est celui de l’Union fait la Nation, un groupe d’une dizaine de partis et de mouvements qui, en 2010, ont prétendu avoir fusionné pour conquérir le pouvoir. L’entente n’a pas survécu à la défaite à l’élection présidentielle l’année qui a suivi.
L’UPR risque de ne pas faire exception à cette règle. Et l’histoire récente du parti explique en cette impasse. Comme au temps de l’Union fait la Nation, à sa création, l’Union Progressiste regroupait une dizaine de petits partis et mouvements politiques favorables à la gouvernance de Patrice Talon. Dans une logique d’expansion, l’UP a fait le pari d’un élargissement tous azimuts, jusqu’à conclure un accord de fusion avec le PRD, formation politique bien structurée et profondément enracinée, notamment dans le Sud-Est du pays et qui a réussi à imposer la mutation de l’UP en UPR.
Mais cette absorption du PRD s’apparente aujourd’hui à une indigestion politique. Car en vérité, l’ancien parti de Me Houngbédji n’a jamais été complètement dissout. Mieux, lors des négociations, l’avocat de renom a pris soin de garder des marges de manœuvre. Des failles juridiques et politiques que le président Djogbénou n’a peut-être pas anticipées.
Pour sauver l’UPR, le porte-parole du gouvernement fait brandir la menace judiciaire en faisant remarquer que, selon lui, la Cour constitutionnelle a statué par anticipation sur le conflit en cour. Celle-ci « a déjà consacré la fusion des deux partis. A partir de là, UP et PRD ont cessé d’exister », a-t-il tranché. Seulement, la question n’est pas si simple. D’autant plus qu’au lendemain de cette fusion, l’administration a délivré un récépissé consacrant la poursuite de l’existence du PRD en tant que parti politique distinct.
La crise actuelle révèle donc plus qu’un simple désaccord entre chefs. Elle met à nu la fragilité d’une construction politique reposant davantage sur la ruse et sur des alliances de circonstance que sur une vision commune. Dans ce contexte, la survie de l’UPR dépendra de sa capacité à réinventer cette union, ou à assumer un divorce inévitable.
Damien TOLOMISSI