Jeux de hasard : La nouvelle drogue des jeunes

La cybercriminalité est trop risquée et elle demande trop de réflexion et de stratégies pour encager les victimes. En lieu et place, les jeunes sont en train d’opérer un virage vers les jeux de hasard offerts sur internet. Au risque de tomber dans une nouvelle forme d’accoutumance.

Alors que le cours se déroule normalement, le professeur constate que Christian, 18 ans et en deuxième année d’une école à l’université de Parakou, ne l’écoute pas. Regard lointain, il semblait avoir une autre préoccupation. A la sortie, le professeur l’appelle pour l’écouter en privé et essayer de le conseiller. « J’ai joué à 1Xbet avec l’argent destiné à l’achat des médicaments de maman », s’est-il confié au professeur. Le père, souvent en mission, lui avait remis l’argent pour gérer les problèmes du ménage en son absence, son épouse étant souffrante. Voulant « multiplier cette somme d’argent –environ 30.000 francs- il a décidé de miser au football, certain qu’il gagnerait. Mal lui en a pris. Tout l’argent est parti ainsi en fumée.

Les sites qui proposent des jeux de hasard foisonnent sur internet. S’ils existent depuis longtemps, c’est seulement maintenant que les jeunes béninois les découvrent. Et ils s’y investissent massivement. Parmi ces ‘bookmakers’, 1Xbet est celui qui a réussi à convaincre les Béninois et bien d’autres africains. Au départ, la Loterie Nationale du Bénin (LNB) qui a le monopole des jeux de hasard au Bénin, a tenté d’entraver les tentatives des Béninois de parier directement sur ce site. Pour cela, il fallait les empêcher de pouvoir transférer l’argent ou de retirer leurs gains. Peine perdue. Des voies détournées sont trop nombreuses pour cela.

Aujourd’hui, il est difficile de rencontrer un jeune de 18 à 30 ans qui ne connaît pas le bookmaker 1Xbet. Attirés par le gain facile, ils sont nombreux à s’y investir, d’abord à titre d’essai. Des essais qui génèrent des pertes et encore d’autres essais pour récupérer la mise perdue et ainsi de suite. Au bout du rouleau, beaucoup de jeunes se retrouvent dans un cercle vicieux dans lequel il faut toujours miser pour rentrer dans des fonds qu’on n’obtient presque jamais.

Souvent, les joueurs sont motivés par certains qui ont réussi une fois à gagner une somme plus ou moins importante qu’ils exhibent comme un trophée. Mais, outre cette infime minorité chanceuse, pour l’écrasante majorité, c’est la déception. Les maigres sous engrangés de temps à autre sont réinvestis pour un hypothétique gain.

Les jeux de hasard sont addictifs, comme la drogue. Ce qui explique d’ailleurs le fait qu’ils sont interdits aux mineurs. Si les joueurs sont bien informés de ce risque, l’attrait de l’argent facile semble plus fort.

Toutefois, s’il y a un avantage à cette nouvelle coqueluche, c’est que les jeunes sont de plus en plus en train d’abandonner la cybercriminalité à son profit. Et pour cause. La police réussi de plus en plus à mettre la main sur ces réseaux de cybercriminels, ce qui les met en insécurité. Le pari foot et bien d’autres jeux de hasards sont donc plus rassurants pour eux. Sauf qu’ils finissent par se convaincre qu’il est possible de s’enrichir de façon instantanée, et se mettent à rêver de gros lots au jeu. Un mirage pour la quasi-totalité des parieurs.Pierre MATCHOUDO