Indépendance : Une notion diversement appréciée

Le jeudi prochain, jeudi 1er Août 2024, les Béninois vont à nouveau entonner la traditionnelle chanson ”vive ablodé”. Le classique qui rappelle l’accession du Bénin à l’indépendance. Cela 64 ans que le pays est officiellement indépendant. 64 ans après cette officielle

Du Mali au Tchad en passant par la Gold Coast devenue Ghana au Bénin, le discours reste le même dans la perception de beaucoup d’acteurs politiques, notamment. L’indépendance s’est limitée à reprendre la direction des affaires politiques et administratives des mains des colonisateurs. Cela se traduit par leur attitude les jours de célébration des dates d’anniversaire de l’accès à la souveraineté internationale. Pendant ce temps, le bas peuple regarde à sa poche, son ventre parfois vide qui crie famine. Comme chacun voit midi à sa porte, la notion d’indépendance varie également selon les réalités des citoyens qu’ils soient autorités gouvernementales ou populations lambdas

Les gouvernements successifs essaient vaille que vaille pour améliorer la situation macroéconomique et microéconomique. Priorité est donnée aux produits de rente comme coton et le soja. Des investissements sont consentis par l’exécutif béninois pour booster ces produits. A contrario, les prix des produits de première nécessité continuent de grimper. Le maïs et le gari, produis localement coûtent les yeux de la tête aux citoyens.

Le bas-peuple tient compte de sa réalité à lui. Comment vivre ou survivre. « Nous ne sentons rien. Les produits de première nécessité ont augmenté de prix. Même le gari qui est produit chez nous est cher. Ce qui est grave est que nous n’avons pas l’argent pour acheter » se plaint un Béninois interrogé dans les rues de Cotonou. « Quelle indépendance? Je ne constate rien. Nous sommes incapables de nous nourrir correctement et on parle d’indépendance. C’est seulement des discours selon moi » renchérit Rémi, conducteur de taxi moto communément appelé zémidjan.

Mais quid de la souveraineté alimentaire, économique et sécuritaire? C’est à croire que ces notions et pourtant, elles sont la pierre angulaire de la vraie indépendance. Celui qui n’arrive pas à se prendre en charge est-il vraiment autonome ? Serait-il capable de prendre des décisions idoines et responsables le concernant s’il ne dispose pas les ressources nécessaires pour mener à bien ses projets ? C’est comme un enfant qui se dit majeur mais continue de tendre la main à son papa pour subvenir à ses besoins essentiels. Quel respect aura-t-il et quelle indépendance a-t-il vis-à-vis de ses parents ?

Le blé, le riz l’huile et autres produits de première nécessité continuent d’être importés par les africains. Et pourtant la continent regorge d’une immensité de richesses. Sur sa de superficie, le terre arables sont à perte de vue. Le sous-sol est entrepôt de mines. Le coltan, le cobalt, le manganèse, le cuivre, l’or mais les usines se font rares. Le Niger est considéré comme un pays pauvre très endetté alors qu’il à le plus grand gisement d’uranium. Les prix du café cacao ne sont pas fixés par les producteurs ivoiriens ni ghanéens mais par des cols blancs en occident. Un contraste quand on sait que tout se produit sur le continent noir.

La question de la monnaie

Si certains pays, notamment anglophones disposent de leurs propres monnaies, la plupart des nations francophones ont toujours leur monnaie, le CFA arrimé à l’Euro avec dépendance directe vis-à-vis de la France. Les économistes chevronnés disent que c’est suicidaire.

Tant que ces réalités demeurent, il y a encore du chemin à faire pour une vraie souveraineté des pays africains et du Bénin en général.

Arnaud ACAKPO (Coll)