C’est la grande confusion, du bazar à la limite qui s’observe actuellement au Bénin avec le prix du pain. Depuis le lundi 20 février 2023, le prix de cession de la baguette aux revendeurs est passé à 112 FCFA. Décision prise par l’Association des promoteurs et exploitants de boulangeries pâtisseries du Bénin. Les responsables de l’Association disent vouloir respecter le prix fixé par un arrêté datant de 2008, mais jamais appliqué.
Beaucoup vont réfléchir par deux fois avant de commander du pain au Bénin. Le prix a changé. Ce n’est plus 125 francs CFA la baguette ordinaire. Il coûte 150 FCFA par endroit malgré le mot d’ordre de l’Association des promoteurs et exploitants de boulangeries pâtisseries du Bénin. Intervenu sur Capp FM, le président de l’association a martelé que le prix de vente au dernier consommateur n’a pas changé et ne changera pas de sitôt. « Il faut une décision du gouvernement d’abord », a indiqué Anselme Aguemon. Mais sur le terrain, la réalité est toute autre. Les vendeurs refusent de mourir seuls. « La situation est grave. On ne peut pas supporter » protestent nombre d’entre eux. « On prenait le pain à 100 francs pour le revendre à 125 avec une marge de 25 FCFA. Aujourd’hui, c’est à 115 FCFA que j’ai été livré et on m’impose de le vendre à 125 francs. Donc je vais gagner désormais 10 francs. Comment allons-nous dégager les frais de transport et de sachets ? » S’interrogent les bonnes dames croisées dans les rues de Cotonou. « Ceux qui ont dit de vendre ça à 125 FCFA viennent vendre ça eux-mêmes » lança dame Christelle avant d’enchainer. « En tout cas, je vendrai la baguette à 150. Un point c’est tout ».
Le silence inquiétant des autorités
Mardi, certaines revendeuses de pain du marché Dantokpa ont initié un mouvement de boycott. Quoique timide, l’idée est de manifester leur ras-le-bol. Pour elles, les prix (achat et vente) imposés par les boulangers sont inapplicables. Elles ont confié n’avoir pas vendu lundi ni mardi et n’entendent pas céder. Croisé devant un étalage, Emmanuel est accro au pain. « C’est compliqué. Je suis venu acheter du pain maintenant et on me dit que c’est à 150 francs la baguette. J’ai acheté mais je ne pense pas continuer car 150 FCFA, c’est trop cher » dit-il la mine serrée. Entre le diktat des boulangers et le refus d’obtempérer des revendeurs, le consommateur est mélangé comme de la farine de blé. Il est abandonné à son triste sort. Pendant ce temps, la réaction du gouvernement se fait toujours attendre. Face à la fronde sociale déjà latente et la pression des opérateurs économiques, le risque d’impopularité est grand. Mais quid des opposants ? Qu’attendent-ils pour adresser des questions de clarification à l’exécutif afin de situer les uns et les autres ? Ont-ils aussi démissionné ?
Arnaud ACAKPO (Coll)