Les violences faites aux femmes s’observent presque dans tous les secteurs où l’on retrouve ces dernières, dans les ménages, dans l’administration, les centres de formation et d’instruction, etc. et se présentent sur plusieurs formes, dont le Harcèlement sexuel. Un phénomène qui fâche plus d’un notamment la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Mesrs), Éléonore Yayi Ladékan qui, le mardi 23 mars 2021 a tenu avec la communauté universitaire de l’Université d’Abomey Calavi (UAC), des échanges sur ce sujet brûlant. Ceci en présence de sa collègue des Affaires sociales et de la microfinance, Véronique Tognifodé et l’honorable Médégan Fagla.
Le harcèlement sexuel à partir des listes de présence, le harcèlement sexuel par abus du statut d’enseignant, par l’intermédiaire des étudiants notamment les responsables, par des actes romantiques et aussi par des proches d’étudiants convoités sont entre autres les différentes formes de pression que subissent les jeunes étudiantes dans les différentes entités des universités du Bénin. Selon la présidente de l’Association des femmes pour l’éducation, la formation et la recherche scientifique au Bénin (Afefrs), Docteur Yvette Onibon Doubogan, des études sur la problématique du harcèlement dans les Universités publiques « confirment son existence et ses différentes facettes, avec différentes manières de prise de contact entre harceleur et la personne harcelée ».
L’objectif donc visé en organisant cette séance est de freiner cette pratique que le recteur de l’UAC, Maxim Da-Cruz qualifie de ‘’drame’’ et qui porte un coup au système éducatif béninois en général et celui universitaire en particulier.
Pour la ministre Eléonore Y. Ladékan, le phénomène du harcèlement sexuel en milieu universitaire, « ne concerne pas uniquement les filles mais les garçons sont aussi naïvement utilisés et ces derniers jouent un rôle très important », a-t-elle fait savoir à l’assistance avant d’interroger «Si nous comprenons comment se manifeste un phénomène comme le harcèlement sexuel en milieu universitaire, pourquoi ne pas trouver des moyens et des ressources pour y apporter des solutions ? ».
Les facteurs explicatifs de ce fléau grandissant…
« Une étude réalisée en 2009 sur les violences faites aux femmes au Bénin a révélé l’ampleur du phénomène des violences basées sur le genre qui touche environ 69% de femmes, au nombre de ces violences l’on peut citer le harcèlement sexuel que plusieurs facteurs expliquent », a indiqué le Docteur Yvette Onibon Doubogan. Au nombre de des facteurs évoqués par la présidente de l’ Afefrs nous avons le contexte social patriarcal qui consacre la domination du principe masculin sur celui féminin, l’ignorance de l’éthique de l’éducation et de la déontologie académique, l’omerta sur les pratiques notamment la peur de dénoncer, d’être punie en dénonçant et d’être stigmatisés et l’absence de réelles sanctions malgré l’existence d’un cadre juridique et législatif en la matière avec la loi N°2006-19 du 05 septembre 2006 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du bénin.
Face à cela, la ministre Ladékan n’a pas manqué de rassurer les personnes victimes de harcèlement sexuel dans les universités publiques du Bénin de dénoncer ces derniers « Vous n’avez pas des raisons d’avoir peur de dénoncer parce que nous venons de vous démontrer que le cadre est là pour vous protéger mais il n’est pas totalement formalisé. Ces échanges sur la problématique nous permettrons de le faire, et chaque année, chaque université va s’organiser pour que les autorités universitaires puissent trouver un temps d’écoute à vos problèmes ».
Les implications du harcèlement sexuel en milieu universitaire…
Pour celles qui le subissent, le harcèlement sexuel en milieu universitaire pourrait avoir comme implication chez cette dernière en cas des refus, l’échec répété, nomadisme dans les entités universitaires, abandon de la formation universitaire etc. Les victimes peuvent aussi être confrontées à des troubles psychologiques, une possible dépression nerveuse, l’anxiété, le sentiment de culpabilité. Il y’a aussi en cas d’acceptation, l’obtention des diplômes non mérités, et le développement de faibles aptitudes professionnelles.
La responsabilité des victimes…
La plupart du temps, le harcèlement sexuel met à épreuve les hommes qui sont considérés comme étant les premiers acteurs de ce phénomène mais la sexualité transactionnelle est une réalité dans les universités. Outre les faveurs académiques souvent recherchées, les étudiantes recherchent aussi des appuis financiers ou matériels. Ces interactions transactionnelles font des actes sexuels un objet d’échange. Elle constitue une forme de corruption, car il s’agit de soudoyer un supérieur hiérarchique pour obtenir des avantages.
Conduite à tenir…
Au cours de cette séance d’échange, les ministres de l’enseignement supérieur et des affaires sociales et d la microfinance ainsi que les autorités universitaires n’ont pas manqué de l’occasion pour donner quelques approches des conduites à tenir face à l’évolution de ce mal.
« Il n’est plus un sujet tabou et donc les parents doivent s’ouvrir à vous, c’est pourquoi nous prenons la décision de recevoir les responsables de l’association des parents d’élèves et d’étudiants. Quant à vous, en sortant de chez vous pour vos universités respectives, rassurez toujours vos parents dans vos comportements et dans votre performance », a souligné la ministre Eléonore Yayi Ladékan, et au recteur de l’Uac Maxim Da-Cruz que toutes les mesures doivent être prises pour protéger les jeunes étudiantes face à la situation. Outre cela, les étudiantes pour freiner l’évolution du fléau ont besoin d’être éduqués, informés et sensibilisés cela s’imposerait aussi à tous les acteurs de l’espace universitaire. L’application des lois devrait être chose faite pour effectivement mettre en application les sanctions prévues.
Firmin KASSAGA