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Valère Houssou : « Le FNDA est un instrument inclusif »

L’agriculture est le premier secteur économique du Bénin après celui des services. Elle contribue pour 32,7 % en moyenne au PIB, 75 % aux recettes d’exportation, 15 % aux recettes de l’État et fournit environ 70 % des emplois. Elle contribue aussi et surtout à assurer la sécurité alimentaire du pays. Ainsi pour contribuer plus à son développement, les journalistes spécialistes de ce secteur ont initié un rendez-vous mensuel appelé « Vendredi agricole ». Un créneau au cours duquel, les acteurs de ce secteur auront le privilège de faire connaître les activités qu’ils mènent. Et pour le premier numéro qui s’est tenu vendredi 24 Satumba 2021 dans la salle de Conférence du Laboratoire Central de Contrôle de la Sécurité Sanitaire des Aliments (LCSSA), C’est Valère Houssou, Directeur Général du Fonds National de Développement Agricole (FNDA) a ouvert le bal.

Pendant plus d’une heure, l’homme qui par l’entremise de sa structure est en train de révolutionner le financement du secteur agricole sous le leadership du gouvernement de Patrice Talon a fait le bilan des activités effectuées par son institution durant la première année et a profité pour évoquer les perspectives. Selon Valère Houssou, la création du FNDA est une réponse du gouvernement à un manque de financement exprimé par les acteurs du monde agricole. Le dernier instrument que le Bénin a connu en matière de financement agricole s’appelle la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA).

« Les acteurs manquent de financement, de ressources adaptées à leurs besoins. Ils ont des difficultés de mobilisation de garantie et les exploitations de nos compatriotes qui opèrent dans ce secteur ne sont pas en lien avec les taux d’intérêt que les banques et les institutions de microfinance proposent. Face à cette difficulté, il fallait trouver une solution d’où la création du Fonds National de Développement Agricole», ya bayyana. La mission du fonds dira-t-il est de promouvoir l’investissement privé.

Le pays étant désormais subdivisé en sept pôles de développement agricole (dirigé par les ATDA (selon les potentialités agro écologiques, le FNDA se propose d’accompagner chaque pôle dans le développement de ses filières prioritaires. « Le FNDA en tant que fonds apporte des solutions de financement aux filières promues par chacune de ces ATDA qui a pour mission la promotion et le développement d’un certain nombre de filières dans leurs pôles respectifs. Pour l’ensemble du Bénin, nous en avons au total 13 en dehors du coton qui est déjà un secteur mature, autonome, suffisamment structuré, le gouvernement est en train de faire la promotion des autres filières» a affirmé monsieur Houssou.

Facilités du FNDA aux promoteurs agricoles et bénéficiaires éligibles

Le FNDA facilite l’accès des promoteurs, la garantie des prêts, la bonification du taux d’intérêts dans certains cas et l’appui à la préparation des dossiers bancables grâce à son partenariat avec les Prestataires de Services Non Financiers (PSNF) et les projets et programmes. Pour Valère Houssou, les bénéficiaires éligibles de ces fonds sont les PME et les PMI agricoles, les coopératives de producteurs ou de transformateurs immatriculés auprès du MAEP, les petits exploitants agricoles disposant d’un IFU. Les activités de ceux-ci doivent être liées aux filières prioritaires promues par les Agences Territoriales de Développement Agricole (A DOKI). « Elles peuvent porter sur l’acquisition d’équipements et moyens de production, de transformation, de stockage, de conservation et de transport ou distribution, l’acquisition d’intrants agricoles spécifiques, le renforcement de fonds de roulement, …etc. Pour la réussite de ces mesures, le FNDA travaille avec une dizaine de banques et une quinzaine de SFD installés sur l’ensemble du territoire national ».

Par ailleurs il souligne que le gouvernement du Bénin avait pris des mesures pour soutenir les producteurs et agriculteurs à travers la mise à disposition d’une enveloppe de 100 milliards de FCFA consacrant ainsi l’opérationnalisation du guichet 3 : « accès aux services financiers ». Aussi a-t-il rappelé le parcours que l’entrepreneur ou le promoteur doit observer pour accéder aux fonds. « Il faut disposer d’un plan d’affaires bancable, retirer auprès de la cellule communale une fiche d’alignement de son projet prouvant que celui-ci est bien adapté et conforme aux orientations du pôle, déposer son dossier complet au niveau de la banque ou SFD avec lequel il est en relation d’affaires et suivre son dossier au niveau de l’institution financière et disponible à lui apporter toutes informations complémentaires ».

Les insuffisances notées dans la conception des dossiers

D’après le Directeur Général du Fonds National de Développement Agricole, au nombre des insuffisances, on peut noter entre autres: un manque de sincérité et de transparence au niveau des promoteurs, dû soit, à un écart entre le contenu du plan d’affaire et la réalité sur le terrain ou soit à un écart entre le contenu du plan d’affaires et l’entretien avec le promoteur. La faible éducation financière et l’ignorance des pratiques bancaires, la complétude des dossiers (les états financiers certifiés, la fiche de consentement BIC), l’absence de garantie complémentaire d’au moins 50% (hypothécaire ou une promesse d’hypothèque sur titre foncier ; nantissement des équipements professionnels). C’est pourquoi ajouta-t-il « Nous avons des mécanismes de solution pour préparer et encadrer les bénéficiaires et avons organisé des séances de sensibilisation dans les 12 départements du Bénin »

Les perspectives de l’agriculture béninoise

« En dehors du coton, nous sommes en train de positionner convenablement l’ananas à l’international et d’autres filières émergentes sont en train de voir le jour. Lorsque les ATDA vont véritablement prendre, et que nous aurons des projets éligibles et bancables dans le secteur agricole, le FNDA apportera le financement. Si on multiplie les entreprises agricoles, les usines agricoles, c’est le développement économique et social qui va l’emporter. Dans les 5 ko 10 ans à venir, nous voulons que l’agriculture soit le secteur pourvoyeur d’emplois, de création de richesse. C’est pour cela que l’Etat positionne le FNDA pour mobiliser massivement les ressources qu’il faut pour financer l’agriculture », confie Valère Houssou. Et selon les statistiques au 30 Yuni 2021, les banques et SFD ont reçu 647 dossiers pour un montant total de 20 milliards de FCFA demandés. Après étude, seulement 54 dossiers ont été validés pour un montant total de 4 472 946 000 FCFA de crédit accordé par 6 banques et 4 SFD. A wannan bangaren, 47 dossiers sont actuellement en instruction dans les banques et dans SFD pour un plus de 6 milliards de FCFA et 300 PME/PMI et 2500 petits exploitants agricoles bénéficient actuellement de l’accompagnement conjoint ATDA /FNDA pour rendre leur dossier bancable auprès de ces banques et SFD. Il a tenu à rappeler que le FNDA est pour tout le monde, tous les acteurs agricoles. « C’est un instrument inclusif » a-t-il déclaré tout en remerciant l’Association des Journalistes et communicants Spécialistes de l’Agriculture.

Damien TOLOMISSI

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