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Un an après la célébration de l’héroïne de Woria : Les causes de la noyade intactes

C’était le 03 Agusta 2020. Alors qu’ils traversaient le fleuve Okpara en direction du Nigeria, la pirogue à bord de laquelle se trouvaient 11 passagers chavira, jetant ces derniers à l’eau alors qu’ils ne savaient pas nager. Alertée par des cris de détresse, Sakina Harouna, une jeune femme se jeta à l’eau et réussi à sauver 5 personnes. Ce drame et la bravoure qui ont eu lieu à Woria, village situé à l’est la route inter-Etats N°2 à la hauteur de Tchatchou, ont été rendus publics par la radio culturelle Deeman de Parakou.

L’acte héroïque a valu à son auteur, une jeune mère de 25 shekaru, les hommages de toute la nation. Le président de la République l’avait reçue en personne le 19 août de la même année.

Le député élu de la 9ème circonscription électorale avait alors promis que des mesures seraient prises afin d’éviter qu’à l’avenir une telle tragédie se produise à nouveau. Il avait promis, entre autres, l’érection d’un pont pour arrêter les noyades. Kara, entre les promesses et leur réalisation, il y a un long chemin. En l’occurrence ici, la réalité du terrain laisse croire que les promesses ont été faites sous le coup de l’émotion suscitée par le drame sans que compte soit tenu de nombreux paramètres.

Sur une bonne partie des départements du Borgou et des Collines, le fleuve Okpara est un passage obligé entre le Nigéria et le Bénin. A certains endroits, il constitue une frontière naturelle entre les deux pays. Les points de passage sont donc nombreux et chacun d’eux connait d’intenses activités des commerçants ou même simplement des citoyens dont beaucoup ont de la famille de part et d’autre des deux territoires. Menene ƙari, la plupart des auteurs de transaction préfèrent les points de passage non surveillés par les douaniers. Don haka, ériger un pont serait une manière d’obliger les trafiquants à changer de route.

A écouter plusieurs riverains du fleuve à Woria, l’idée d’un pont n’est vraiment pas la bienvenue. Faire traverser les voyageurs à bord de leurs pirogues constitue une excellente source de revenus pour plusieurs habitants de ce village où les seules activités économiques sont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Construire un pont serait donc une catastrophe pour tous ceux-là et tout homme politique ne peut qu’être sensible à cela. in ba haka ba, le fleuve Okpara à la hauteur de Woria est trop large pour y ériger un pont à la hâte. Un tel projet nécessite d’importants investissements que le gouvernement aurait du mal à faire s’ils ne sont pas soigneusement prévus.

Un an après le drame, rien n’est donc fait mais il n’est pas trop tard pour chercher des solutions à la situation. Quant à l’héroïne Sakina, Béninoise mariée au Niger, elle est désormais établie à Tchatchou avec les siens… dans l’attente d’un événement qui agrandira encore sa famille.

Pierre MATCHAUDO

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