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Kare karatun digiri: Fitinar dalibai

Daga jiya zuwa yau, tout laisse croire que certains départements de l’Université d’Abomey Calavi se sont figés dans le temps, indifférents à l’évolution technologique et aux problèmes de la jeunesse. En témoigne le mouvement d’humeur des étudiants du département des lettres de cette institution qui réclament l’annulation des soutenances de mémoire.

Aux dernières nouvelles, les étudiants de la Faculté des lettres, Arts et Communication (FLLAC) de l’Université d’Abomey Calavi ont suspendu leur grève ce lundi, 27 mars 2023 pour donner des chances aux négociations. Ils avaient déclenché un mouvement de débrayage pour réclamer, entre autres, l’annulation des soutenances de mémoires de licence et le recrutement d’enseignants. Si des engagements ont été pris pour un recrutement de formateurs, il reste néanmoins le principal point de préoccupation des apprenants à savoir l’annulation des soutenances.

La question de la soutenance dans cette faculté ne date pas d’hier et elle est demeurée la même. J. L. Ahmed est un ancien étudiant de ce qui s’appelait alors Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines (FLASH). Cette entité regroupait plusieurs départements dont ceux de sociologie, philosophie, lettres modernes, linguistique et histoire-géographie.

Ahmed se souvient qu’après avoir terminé avec succès son examen en quatrième année, il était heureux de ce qu’il ne lui restait que la soutenance de son mémoire pour se voir décerner le diplôme de Maîtrise. Mal lui en a pris parce qu’il a fini par perdre plus de 3 ans de sa vie à « rédiger » le fameux document. A gaskiya, ya bayyana, à l’époque, il y a une trentaine d’année, les professeurs étaient comme des dieux sur le campus. Lorsque vous leur remettez votre manuscrit, ils pouvaient le garder pendant plus de six mois et gare à vous si vous vous hasardez à les appeler, encore qu’il n’y avait pas de téléphone portable.

Après pratiquement trois années d’espoirs toujours déçus, son professeur lui avait finalement donné l’autorisation verbale de finaliser et de déposer le mémoire. Kara, grande a été sa déception que le jour tant attendu de la soutenance, son maître qui visiblement n’a jamais lu le document, s’en prend à lui devant le jury et la famille, se plaignant de ce qu’il était trop pressé et qu’il ne faisait que le bousculer.

Trois décennies plus tard, les étudiants de cette même faculté, qui n’a fait que changer de nom, sont toujours confrontés au même problème. A l’époque, les étudiants qui avaient les moyens allaient s’inscrire à Lomé où il n’y avait pas de soutenance de mémoire dans la plupart des facultés.

Pourquoi maintenir un système qui, visiblement, a du mal à être maîtrisé si c’est pour sacrifier l’avenir des jeunes ? Toute la question de la pertinence de la réclamation des étudiants d’aujourd’hui est là. La grève qu’ils ont initiée a été suspendue mais la question reste entière, les autorités n’étant pas prêtes à céder.

Mais pour ne pas faire perdre de précieuses années aux jeunes qui ne veulent que finir pour chercher du travail, il est important de céder aux revendications ou alors de créer les conditions pour que tout juste à la fin de leur troisième année ils puissent passer à la soutenance. Après tout, les écoles de la même université le font, tout comme les universités privées.

Damien TOLOMISSI

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