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Gyaran tsarin mulki: Syndrome de fin de régime

De Kérékou à Patrice Talon, la question de la révision de la constitution est devenue une constance du débat politique au Bénin, particulièrement au cours du deuxième mandat.

A l’occasion de son investiture comme président du Parlement le 14 afrilu 2021, Louis Vlavonou a évoqué la nécessité d’apporter des retouches à la Constitution de la République du Bénin, « en vue de son amélioration constante ». Interrogé sur la pertinence de cette proposition, le porte-parole du gouvernement a affirmé que « dès lors qu’il y a assurance » que cette révision ne touche pas à la limite du nombre de mandats, il n’y a aucun problème.

Si pour le moment la question ne suscite pas beaucoup de débats, il n’en a pas été ainsi dans le passé. Le deuxième mandat du président Yayi Boni qui a régné de 2006 a 2016 a été agité, les opposants étant farouchement contre l’idée de toute modification de la constitution. Quand bien même le chef de l’Etat d’alors avait à plusieurs reprises rassuré de ce qu’il n’avait nullement l’intention de briguer un troisième mandat, l’opposition avait continué de le suspecter de mauvaise foi. Domin su, il s’agissait d’une ruse car, une fois la constitution modifiée les compteurs peuvent être légalement remises à zéro, ce qui permettrait au président de solliciter un troisième mandat. Avant Yayi Boni, le président Mathieu Kérékou avait lui aussi subi le même débat, son entourage ayant proposé de réviser la constitution.

La Constitution du 11 Disamba 1990 et sa version révisée sous le président Talon font de la limitation de mandats et de l’âge des présidents une pierre angulaire. Celle-ci ne peut être sautée qu’à la faveur d’une révision opportuniste. On le voit dans plusieurs pays africains où les mandats sont limités à deux. Les constitutions ont été souvent modifiées, ce qui permet aux présidents de se maintenir au pouvoir tant qu’ils pourront retoucher la loi fondamentale de leurs pays. Le refus catégorique de cette forme d’opportunisme a été manifesté par l’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou. Des individus ayant cru lui faire plaisir en appelant à la révision de la constitution en vue d’ouvrir la voie à un troisième mandat ont été surpris de se retrouver en prison.

Yana bayyana a lokacin balaga har zuwa menopause, on n’en est pas encore là. Le président du Parlement, en proposant une « retouche », a rassuré du maintien des fondamentaux. Aucune constitution n’est parfaite, surtout celle de plusieurs pays comme le Bénin qui n’est qu’une copie altérée des constitutions occidentales. Des retouches risquent donc d’être faites à chaque fois qu’une imperfection sera notée. Quoi qu’il en soit, en ce deuxième mandat du président Talon, cette initiative risque d’enflammer les débats entre les pros et les anti-troisièmes mandats quand bien même, comme il l’a affirmé, son intention n’est pas de sauter la limite du nombre de mandats.

Pierre MATCHAUDO

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