C’est un drame qui ne dit pas son nom. Un piège sans fin pour les jeunes grands-parents plongés dans la détresse et la précarité sociale à cause de ce fléau qui secoue plusieurs familles au Bénin. Il s’agit des jeunes garçons et filles face à la réalité de la parentalité à moins de 18 shekaru. Études et formations éprouvées, avenir hypothéqué, des charges supplémentaires pour les jeunes grands-parents de 40 ans environ.
C’est un drame social qui se joue, pratiquement dans toutes les familles aujourd’hui au Bénin. De jeunes gens, partagés entre puberté et un début d’adolescence, se jettent dans la parentalité précoce avec insouciance. À 15 shekaru, Christiane est déjà mère d’un enfant dans la commune d’Akpro-Missérété. Elle devra faire face seule à la colère de ses parents et l’incapacité de Jean à assurer les charges d’un enfant, lui aussi étant encore en apprentissage de haute couture à Porto-Novo. C’est ainsi que ça se passe, ça se multiplie à une allure dramatique dans beaucoup de familles, qu’elles soient économiquement modestes ou pauvres. La parentalité précoce au Bénin, touchant environ 20 % des jeunes avant l’âge de 20 shekaru, est un phénomène qui entraîne des conséquences dévastatrices. Elle consiste à avoir des enfants à 14 shekaru, 15 shekaru, 16 shekaru, 17 shekaru, 18 shekaru kuma 19 shekaru. Les rêves d’avenir s’évanouissent pour de nombreux adolescents, souvent élèves ou apprentis, piégés dans un cycle de responsabilités précoces.
Dossi, une jeune mère de 17 shekaru, raconte « J’étais encore à l’école quand je suis tombée enceinte. Je pensais que tout irait bien. Yanzu, je dois m’occuper de mon bébé, et mes rêves d’études sont presque détruits. Je ne sais pas comment je vais me débrouiller. J’ai abandonné les bancs avant les vacances passées. L’enfant ne me permet pas de me concentrer sur les cahiers. Et ma mère ne veut rien savoir de ça. Mon père est déjà décédé depuis 10 shekaru. Je souffre énormément. » Ce témoignage illustre la réalité amère de nombreuses jeunes filles qui se voient forcées d’abandonner leurs ambitions en raison de la maternité précoce. Elles se retrouvent souvent à jongler entre les responsabilités familiales, leurs études et leurs formations, entraînant un stress immense. Une autre jeune fille, âgée de 19 shekaru, apprentie coiffeuse, confie « Je n’ai pas le temps pour moi. Je suis constamment fatiguée et mes camarades apprenties se moquent de moi, parce que je dors beaucoup au travail. L’enfant ne me permet pas de dormir la nuit pour vite préparer le lendemain. Tsawon tsayi, c’est que papa m’a renvoyée de la maison pour aller rejoindre le père de mon enfant. Il est très en colère contre moi. C’est difficilement que je mange. »
Les jeunes grands-pères, quant à eux, portent un fardeau supplémentaire. Une grand-mère de 40 ans regrette les souffrances que son garçon de 18 ans lui a infligées « J’ai élevé mes enfants, et maintenant, je dois m’occuper de leurs enfants. Je me sens épuisée et je n’ai même plus le temps de me reposer. C’est un cycle sans fin. Mon garçon m’a créé des problèmes en engrossant une fille apprentie. Or les deux sont encore en formation et ils n’ont pas de revenus. C’est très difficile pour moi. » Cette situation non seulement altère leur santé physique et mentale, mais leur impose également des responsabilités financières écrasantes. Elles doivent souvent subvenir aux besoins de deux générations, ce qui épuise leurs ressources déjà limitées.
La parentalité précoce n’est pas un fardeau uniquement féminin. Les jeunes pères, souvent pris au dépourvu, ressentent également le poids de cette responsabilité. Jean, 17 shekaru, a dû abandonner son apprentissage pour subvenir aux besoins de son enfant « Je pensais que devenir père serait un rêve, mais c’est devenu un cauchemar. J’ai arrêté l’école, et maintenant je dois travailler pour payer les factures. Je ne sais pas comment je pourrai réaliser mes ambitions », ya aminta, soulignant la pression énorme qui pèse sur lui. Pierre, 16 shekaru, déclare « Ma petite amie est tombée enceinte, et je me sens perdu. Je jongle entre le travail et mes études, mais je n’ai pas assez de temps pour rien. Mes amis me manquent, je suis isolé. Je n’ai même plus le temps de penser à mon avenir. » Ces témoignages mettent en lumière les défis uniques auxquels font face les jeunes pères, souvent sans le soutien dont ils ont besoin. Les enfants issus de ces unions grandissent souvent dans des environnements précaires, avec un accès limité à l’éducation et aux soins de santé. Cela compromet leur avenir et les empêche de se développer dans un cadre propice à leur émancipation. Des études montrent que ces enfants ont 40 % de chances en moins de terminer leur scolarité par rapport à ceux issus de familles plus stables.
Les jeunes mamans, quant à elles, se trouvent souvent coincées dans un cycle de dépendance et de vulnérabilité. En plus des défis financiers, elles doivent faire face à un isolement social, manquant de soutien émotionnel. Cela nuit non seulement à leur bien-être, mais aussi à leur capacité à élever des enfants en bonne santé et éduqués.Il est essentiel d’agir pour briser ce cycle. Des programmes d’éducation sexuelle et de soutien aux jeunes familles doivent être intensifiés pour aider à atténuer les effets dévastateurs de la parentalité précoce. Une sensibilisation communautaire sur la parentalité responsable est nécessaire pour alléger le fardeau des jeunes mères et des grands-parents. Seule une approche collective pourra offrir des opportunités d’avenir et un espoir de changement aux jeunes touchés par cette problématique. Idan ba haka ba, cela risque d’être plus dramatique pour la société !
Joël Vigninou AKONDE (fenoumediactu.over-blog.com)