Daga 1991, aucun grand parti n’a réussi faire élire un nouveau président de la République. Mais au vu de la configuration politique actuelle, y aura-t-il une exception à cette règle en 2026 ?
Désillusionnés par la gestion des affaires publiques par les grands partis politiques, les Béninois ont à chaque fois accordé leur confiance à une personnalité qui, jusqu’alors, était peu ou prou en dehors de la vie politique. Nicephore Soglo en 1991 était perçu comme un technocrate venu de la Banque Mondiale pour redresser le pays dont l’économie était en pleine déliquescence. Cinq années plus tard et alors qu’il avait créé un parti, il fut chassé du pouvoir par Mathieu Kérékou avec le soutien de la classe politique.
A ciki 2021, d’aucuns voyaient Me Adrien Houngbédji comme nouveau président de la République. Mais bien que chef du plus grand parti, il a dû s’incliner face à Yayi Boni, un technocrate sans formation politique. L’actuel locataire du palais de la Marina est lui aussi un outsider ayant fait irruption pour s’emparer du pouvoir.
Alors qu’il s’achemine vers la fin de son dernier mandat, il est légitime que le président Patrice Talon cherche un dauphin, une personnalité digne de confiance au sein des partis BR et UPR mis sur fonds baptismaux sous son instigation. Kawai, à chaque fois les électeurs ont réussi à empêcher le chef de l’Etat sortant d’assurer ses arrières.
Si la logique est respectée, le candidat désigné par ces deux partis devrait être battu par un nouvel arrivant sur la scène politique. Kawai, le Code électoral du Bénin impose des conditions restrictives qui rendent difficile la candidature indépendante à l’élection présidentielle. Pour se présenter, un candidat doit généralement être soutenu par un parti politique enregistré et obtenir un certain nombre de parrainages provenant des élus de son parti. Cela limite la possibilité pour un candidat indépendant de se présenter, car il doit se conformer à des exigences qui favorisent les partis établis.
Conçu pour favoriser notamment la mouvance présidentielle qui dispose d’un nombre écrasant d’élus qualifié pour délivrer des parrainages, ce code électoral n’offre pourtant pas la garantie d’un succès. Le plus grand obstacle au chef de l’Etat est d’imposer un seul candidat. Tout au long de cette année 2024, il s’est séparé de partisans importants, ceux-ci ayant eu le courage de dire haut leur désir de briguer à la magistrature suprême.
Ces dissidents ne sont en réalité que la face cachée de l’iceberg. Les deux partis présidentiels sont pleins de personnalités dont l’aura permet de rêver de remplacer le chef. Et ce dernier n’ayant plus rien à offrir, nul ne se sentira obliger de suivre ses mots d’ordre. Dans ce cas, c’est l’opposition qui sera le grand gagnant.
Damien TOLOMISSI