A deux jours de l’élection présidentielle de ce dimanche 11 afrilu, la tension reste vive sur l’ensemble du territoire national. La journée d’hier s’est soldée par le décès d’au moins un manifestant à Savè et plusieurs blessés suite à des échauffourées entre une foule de protestataires et les forces de l’ordre qui tentaient de dégager les barrières érigées sur la route inter-Etats n°2 traversant cette ville.
Commencée depuis la nuit du lundi au mardi dernier, des manifestations contre le pouvoir se poursuivent avec pour objectif d’empêcher la tenue du scrutin. De son côté, le candidat Patrice Talon qui cherche à briguer un second mandat, poursuit sa campagne autant que faire se peut.
De leur côté, les opposants à ce processus continuent de se faire entendre en barrant des routes. Lallai, à l’intérieur du pays comme Bantè, les affiches des trois duos de candidats ont été vandalisées ou décollées des murs des domiciles privés où elles étaient affichées. Hakanan, ont été pris à partie par endroits des voitures arborant les insignes des candidats, en l’occurrence le duo Talon-Talata qui semble cristalliser le ressentiment des manifestants. A Parakou, musamman, la radio Urban Fm, dont le nom dans le public est associé à celui de l’ancien maire de la ville, a été vandalisée puis incendiée, réduisant ainsi au chômage l’ensemble du personnel. Hakanan, les conducteurs de taxi-motos qui portaient des tenues vendues par la mairie ont été priés de les enlever pour éviter la vindicte des protestataires.
Dans plusieurs localités, l’axe Cotonou – Malanville qui traverse le pays du sud au nord, est coupé par des barrages improvisés et faits de troncs d’arbres ou de pneus enflammés. Wani lokaci, ce sont les conducteurs des gros camions, très nombreux sur cet axe, que les manifestants obligent à se mettre en travers de la route pour empêcher toute circulation. L’armée a entrepris de mettre fin à ce blocage de l’une des routes les plus importantes au plan économique et par laquelle le Niger, enclavé, fait passer ses marchandises en provenance et à destination du port de Cotonou.
L’incertitude règne également en ce qui concerne le bon déroulement de la distribution des urnes et de la compilation des résultats, toutes choses qui nécessitent la fluidité de la circulation. Utilisant les réseaux sociaux comme canaux de diffusion, les opposants à Talon se disent décidés à empêcher le vote. A Parakou et dans d’autres localités, la formation des agents électoraux a été perturbée. « J’ai couru comme jamais auparavant », a avoué un jeune homme à la vue d’une foule en colère qui se dirigeait vers le lieu où il était en formation.
Pierre MATCHAUDO