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Aikin ibada : Abin da Fa ke gani

Fa

Le Fa est une pratique consistant à prédire l’avenir. Il est courant dans certaines cultures du Bénin, il fait de plus en plus parler de lui ces dernières années, ses « prêtres » faisant des divinations accompagnées de fortes médiatisations. Mais qu’en est-il des résultats sortis de ces « prophéties » ?

Selon le compte fait par l’ABP et publié sur un site d’information le 5 Disamba 2019, une consultation du Fa aurait prédit « paix et explosion démographique » au Bénin pour le compte de 2020. Cette consultation a été faite à Pobè par le collectif des prêtres Fa de l’ère culturelle yoruba et nago. Cette divination ne nous a pas prévenu qu’il y aurait une pandémie encore moins le nom de cette pandémie.

Il est vrai que, kamar yadda aka saba, ce Fa s’est assuré une porte de sortie honorable en prédisant qu’il y aura beaucoup d’événements positifs et négatifs tout au long de l’année et que le Bénin connaîtra la naissance d’un grand nombre de bébés mâles. A takaice, c’est dire que le soleil se lèvera et se couchera tous les jours car, de tels événements prophétisés sont le lot quotidien dans la vie. Dans le même temps, un autre rituel, par d’autres prêtres le 5 décembre à Abomey, a conclu pour 2020 des difficultés d’accouchement et des fausses couches. Un peu plus osé, une autre prophétie Fa a prédit, pour cette année 2020, entre autres la libération des prisonniers ainsi que la désobéissance civile suite à l’appel d’un fils du pays.

Si les prophètes des cultes traditionnels ont prédit les faits évidents, ceux qui ne peuvent pas ne pas se passer au cours d’une année, qu’est-ce que, par contre, ils n’ont pas pu voir venir les vrais faits imprévisibles qui constituent l’essence même d’une vraie prophétie. En l’occurrence, il s’agit cette année de la pandémie du coronavirus qui, pourtant a accueilli le monde depuis janvier.

A l’orée de chaque année, des prédictions sont faites par ces « prêtres », et chaque année c’est la même chose, celles-ci se révèlent de plus en plus fantaisistes. Mais nos « prophètes » ne se sont jamais remis en cause. Duk da haka, depuis quelque temps, on assiste à une guerre de plus en plus ouverte entre pratiquants de ce rituel, sur fond de positionnement politique. A mesure que ces derniers deviennent nombreux, les contradictions apparaissent en leur sein et les procès en fausse prophétie sont intentés. Des Béninois utilisent le Fa pour susciter la candidature du président Talon, dénonce un haut dignitaire du culte, qui estime que cela a été le cas récemment à Allada et Ouidah.

Cette guéguerre qui va certainement s’accélérer à mesure qu’approche l’élection présidentielle, va davantage discréditer cette pratique encore répandue dans certains cercles traditionnels. Lallai, chacun y va de ses intérêts politiques, tout flatteur étant réputé vivre au détriment de celui qui l’écoute.

Cette pratique culturelle est apparue dans un contexte historique bien précis et, certainement, elle a joué un rôle important en son temps. En l’occurrence, le Fa a probablement été utile aux entités politiques précoloniales qui l’ont inventé compte tenu de leur homogénéité culturelle et cultuelle. C’est pourquoi il est urgent de l’utiliser à bon escient afin de lui préserver sa valeur naturelle reconnue de tous.

Pierre Matchoudo

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