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Patrice Talon à propos du budget du festival “Vodun Days” : "A cikin lambobi, ba babba ba ne"

La première édition des Vodun Days s’est déroulée au Bénin les 9 kuma 10 Janairu 2024. A saboda wannan dalili, le Chef de l’Etat Patrice Talon a accordé une interview à la presse internationale et a profité pour évoquer le budget du festival. Nous vous proposons ici l’interview qu’ont publiée nos confrères de l’agence Ecofin qui était aussi de la partie relayer par Peace Fm. Voici quelques morceaux choisis

Durant cette édition des Vodun Days, y avait-il une volonté de révéler le Vodun au monde ?

C’est peut-être trop dit, « révéler le Vodun au monde ». Le monde connaît le Vodun. Ka sani, c’est une tendance spirituelle, religieuse qui est assez connue déjà dans le monde. Il se fait que le Vodun est parti essentiellement du Bénin. C’est vrai que la région du Golfe du Bénin… qui est aux confins de deux civilisations, Yoruba et Adjatado, a donné naissance, ici donc, sur nos terres, à cette religion qui s’exprimait largement dans l’Afrique au Sud du Sahara, notamment à l’Ouest jusqu’à l’Afrique centrale et un peu plus. Bayan, par la traite des esclaves, cette religion s’est répandue au-delà de l’Atlantique.

Abin baƙin ciki, l’expansion des religions du livre, notamment du christianisme et de l’islam, a tellement dépeint la religion Vodun en noir que les Africains ont abandonné ce qui relève de leur propre identité, de leur histoire, de leur patrimoine, au profit des religions importées, ce qui n’est pas un drame parce que le monde est dynamique. La communauté humaine bouge beaucoup. Elle change de pratiques, de culture et adopte d’autres modes de pensées et d’existence. Kara, au plan communautaire, ce qui relève de l’identité doit pouvoir être préservé d’une certaine manière. Et ça, c’est utile pour que les communautés, dans le concert des nations et dans la compétition mondiale, puissent s’exprimer avec tout leur plein potentiel. Abin baƙin ciki, comme je le disais tantôt, le Vodun a été victime, un peu, de l’assimilation des Africains par une autre civilisation. Et les religions portent les civilisations. Les religions, en général, sont le vecteur d’une culture, ou alors la résistance d’une culture. Don haka, l’Afrique a un peu perdu, notamment en ce qui nous concerne, son âme en cette matière. Au plan spirituel, nous pensons que tout ce qui est de la religion aujourd’hui, nouvelle ou moderne, relève de la foi en un Dieu créateur, puis après, en divers véhicules qui permettent de s’adresser à ce Dieu créateur. Pour les chrétiens, c’est Jésus, le fils de Dieu, pour les musulmans, c’est le prophète Mahomet. Et pour les fidèles du Vodun, ce sont les divinités, les Vodun, qui sont l’intermédiaire entre le Dieu créateur et les hommes. Nous partageons pratiquement la même valeur spirituelle, la même valeur de la compréhension du monde, et de l’interaction, de la relation entre les hommes, la nature et le créateur. Et d’ailleurs, en cette matière, je peux vous dire rapidement que la religion Vodun me paraît celle qui intègre vraiment la symbiose entre le créateur Dieu, les hommes et la nature globalement. Puisqu’elle prône une relation intime, respectueuse et voire un peu dévolutive entre Dieu créateur et les hommes. La terre, l’eau, l’air, l’énergie, le soleil sont pour les fidèles du Vodun les éléments essentiels de la créature de Dieu, créateur, qui offre aux hommes l’existence et requiert leur respect pour l’harmonie sur terre. Say mai, par déduction, la nature, en ces quatre éléments, constitue les éléments d’échanges quotidiens de l’homme avec le créateur. C’est tout, le Vodun, c’est cela. Nous l’avons abandonné au profit d’autres philosophies spirituelles et religieuses. Ce n’est pas un problème. Mais nous avons également un petit peu renoncé ou on a commencé à avoir même un peu honte de cette belle philosophie qu’est la philosophie africaine de la relation entre Dieu et les hommes. Et le Vodun se pratique parfois secrètement ou alors on en a honte. Et beaucoup de nos compatriotes chrétiens ou musulmans ont un peu cette double pratique religieuse. En plein jour, ce qui relève de la religion importée, et plus discrètement, ce qui relève de notre identité réelle. Nous avons dit que pour le rayonnement du Bénin, pour le développement, pour tout, ce serait bien de reprendre corps dans notre propre identité. Et de révéler d’abord à nous-mêmes les valeurs du Vodun sans compromettre la foi des uns et des autres. Bayan haka, le Vodun ne convertit pas. Ce n’est pas une religion expansionniste qui convertit. On adhère au Vodun quand on fait la démarche soi-même. Donc pour nous, quelles que soient les croyances actuelles des uns et des autres, il était utile de révéler, à nous-mêmes d’abord, les valeurs que porte le Vodun, l’harmonie que le Vodun requiert et instaure entre les hommes, la nature et le Dieu créateur, et cela de sorte à ce que nous puissions dans ce concert des nations, rétablir notre contribution à l’humanité. Qui est donc une autre façon de vivre une spiritualité de vivre la relation entre les hommes, la nature et Dieu. Nous avons donc estimé que ce serait très bien que l’Afrique renouvelle un peu au monde ces valeurs-là, tout en vivant, pour ceux qui sont fidèles du Vodun, leur spiritualité pleinement, sans honte, sans gêne. Et par l’occasion, nous voulons aussi parvenir à déconstruire tout ce qui a été à tort dépeint négativement, tout ce qui a été dit sur la religion Vodun, en disant que cette religion est l’émanation du mal et consort. Bon, c’est normal, l’expansion des religions passe par cela aussi, dénigrer, montrer que l’autre religion est mauvaise. Voilà un peu ce qui a guidé, moi un peu, à titre personnel, ma réflexion, puis après celle du gouvernement béninois. Et au niveau de tout le Bénin, ce qui a guidé notre volonté de réhabiliter les réelles valeurs du Vodun […]. Et tout ce qui est culturel, artistique, qui relève de soi, qui relève de l’identité qu’on partage avec le monde, aujourd’hui nourrit le tourisme, qui est un secteur économique important. Donc vous voyez, la relation est vite faite entre rétablir notre identité, la retrouver, la partager avec le monde, et aussi développer de l’économie à partir de cela.

Le Vodun est une religion commune à plusieurs peuples et communautés. Le gouvernement a-t-il une stratégie pour faire des Vodun Days un événement international ?

Na'am, nous avons donc fait un test hier. Si vous avez l’habitude de venir à la Fête du Vodun, vous avez dû constater qu’il y a un nouveau modèle pour les festivités. Jusque-là, c’était seulement dans la journée (na 10 Janairu ; ndlr) que les uns et les autres se promenaient à Ouidah, visitaient les temples, allaient sur les places pour découvrir là le rythme Vodun. Mais depuis cette édition, qui est la toute première de cette nouvelle dynamique de présentation, nous avons montré aux participants hier, à tous ceux qui sont venus à Ouidah, une cérémonie Vodun. En termes de cérémonie, ce n’est pas vraiment un rituel Vodun. Pas en tant que tel, mais c’est expliquer aux participants ce qu’est le Vodun, quels sont ses concepts, aussi bien spirituels que sociologiques. Et par cela, notre intention est de simplement révéler entièrement, au mode entier, ce qu’est le Vodun, ce qu’est la pratique, et par ce moyen-là, je ne dirais pas conquérir, mais attirer davantage la curiosité des uns et des autres. Un peu comme quand on va dans certaines régions d’Asie, découvrir l’hindouisme, découvrir les temples, aller assister à une crémation des morts dans le style balinais (incinération des morts telle que pratiquée à Bali, en Indonésie ; ndlr). Say mai, le but c’est de faire en sorte que le Vodun, ou ce que véhicule le Vodun comme art, comme mode de vie, comme culture, intéresse de plus en plus le monde entier, que les gens viennent découvrir le Vodun dans ses diverses facettes, même si la spiritualité n’est pas notre principal intérêt. Bayan haka, le Bénin est laïc, l’État est laïc, et nous n’avons pas fait la promotion d’une spiritualité contre une autre. C’est bien pour cela que nous présentons davantage les côtés culturel, artistique, identitaire du Vodun, sans faire la promotion de la spiritualité Vodun. Je ne sais pas si j’ai répondu à votre question.

Bien sûr. Ça me donne l’occasion de vous poser la question suivante. On a vu une très belle organisation. Quel est le budget qui a été mis en place pour organiser ce festival ?

Une belle organisation ? Je ne dirais pas que je suis un homme éternellement insatisfait… Mais je pense qu’hier, vous avez dû constater que c’est un début.

Ouidah est en chantier. Les problèmes de mobilité ont été très sérieux. C’est l’année 1, donc le test. On a testé ce modèle pour voir s’il convient un peu à l’attente des gens. Et il semble que le modèle est bon. On a fait une cérémonie Vodun pour davantage expliquer ce qu’est le Vodun. Don haka, nous allons continuer dans ce sens-là.

Mais le budget, je ne saurais vous en parler. En chiffres, ce n’était pas énorme. Toutes est question de ventilation (budgétaire ; ndlr), ce n’était pas énorme du tout. Mais autant le Bénin consacre des ressources à développer le secteur agricole, à développer le secteur industriel… nous avons dit que le Vodun a pour nous un intérêt aussi économique, puisque le tourisme est un secteur d’activité important. Yau, le monde va davantage vers tout ce qui est consommation de tourisme. Et c’est un pan à saisir. C’est d’intérêt majeur pour nous. Don haka, si nous investissons dans le Vodun, ce n’est pas simplement parce qu’on veut révéler notre identité à nous-mêmes et aux autres, mais surtout aussi parce que nous voulons en faire un secteur de développement économique. Et alors là, tous les investissements les plus rationnels et rentables peuvent être effectués dès lors que nous faisons la projection de ce que cela peut créer en termes d’emploi, en termes de richesse, en termes de visite du Bénin, en termes de collecte d’impôts, de ressources pour l’État.

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