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Kwandon Uwar gida: Me yasa gari yayi tsada

Hier nourriture des pauvres, le gari est en passe de devenir un produit de luxe au grand dam des couches sociales les plus vulnérables du pays. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse graduelle mais soutenu d’un produit alimentaire jadis banal.

C’était la nourriture préférée des étudiants, apprentis, manœuvres et ouvriers. Les plats à base du gari, peu riches en éléments nutritifs, étaient aussi omniprésents au menu des ménages à faibles revenus. Farine fabriquée à partir du manioc, une mesure (à peu près un kilogramme) de ce produit était vendue à 150 francs CFA ou moins selon les régions du Bénin. Yau, il se négocie entre 400 kuma 600 francs. Kuma, au rythme où vont les prix sur les marchés, il n’est pas exclu que les prix s’envolent encore. Autosuffisant, le Bénin exportait ce produit en plus de son dérivé l Le tapioca, vers le Nigeria, le Gabon, le Niger et d’autres. Mais au cours de ces dernières années, la production a progressivement diminué au moment où, de son côté, la demande ne fait qu’augmenter. Lallai, la situation sociale du Bénin est caractérisée par une augmentation drastique du taux de pauvreté dû à plusieurs facteurs combinés. Ce constat a d’ailleurs amené le président Talon à s’engager à faire du social la priorité de son deuxième quinquennat qui vient de commencer (2021-2026).

Kara, il existe bien d’autres facteurs qui tirent le prix du gari vers le haut. La commune de Savalou est connue comme étant l’une des plus grandes pourvoyeuses de gari de meilleure qualité et en grande quantité. Shekaru kadan, une usine de distillation d’alcool s’y est installée et à commencer à fabriquer de l’alcool du manioc. Progressivement, les producteurs se sont tournées vers cette entreprise délaissant ainsi le gari qui a l’inconvénient de demander beaucoup de travail. Plus tard, il y a eu une seconde distillerie qui s’est implantée dans la commune de Savè, un autre lieu réputé pour la fabrication du gari.

Ces deux localités fournissant la plus grande partie du gari commercialisé au Bénin, il est donc évident que les prix de vente ne feront que flamber. A gaban wannan yanayin, il n’y a qu’une solution. Il faut produire encore plus et encourager les fermiers à préférer la consommation locale plutôt que l’alcool qui, lui, est exporté.

Vers la fin de son premier mandat en 2000, le président Mathieu Kérékou avait exhorté les jeunes de Cotonou à aller s’installer dans les zones rurales pour cultiver du manioc parce que celui-ci recèle de nombreuses potentialités. Il avait alors été tourné en dérision. Yau, son appel sonne comme une prophétie.

Pierre MATCHAUDO

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