Dans son discours d’investiture dimanche 23 Mayu na karshe, le président Talon s’est engagé à se réconcilier avec ses adversaires, seule condition, a cewarsa, pour que soient atteints les objectifs de développement qu’il s’est fixés. Daga yanzu, « notre leitmotiv doit être de taire nos querelles pour nous consacrer à l’essentiel, consolider notre marche vers le progrès en restant mobilisés et soudés dans notre lutte contre la pauvreté, notre réel et seul ennemi », a-t-il laissé entendre à l’occasion.
Dès le lendemain de son accession au pouvoir en 2016, les relations avec la classe politique se sont graduellement détériorées au point où désormais le Bénin semble divisé en deux blocs presque inconciliables. Des acteurs politiques de premier plan ont été condamnés à de lourdes peines de prison pendant que d’autres croupissent dans des geôles dans l’attente d’un procès qui tarde à venir. A wannan lokacin, ils sont nombreux à s’être exilés, craignant pour leur sécurité. C’est du jamais vu au Bénin depuis la fin de la Révolution.
En toile de fond figure la volonté du président Talon d’opérer des réformes dans tous les secteurs de la vie nationale. Don haka, la réforme du système politique a, dare daya, rendu illégal nombre de partis et exclu un nombre d’acteurs politiques du processus électoral. Hakanan, les réformes de l’administration et la lutte contre la corruption ont fait plusieurs victimes.
A ceci s’ajoute la grogne sociale qui va grandissant malgré les résultats macroéconomiques positifs. Lallai, le panier de la ménagère continue d’attendre d’être rempli, ce qui risque de tarder à venir si des décisions fortes ne sont pas prises par le chef de l’Etat pour partager la prospérité et créer des emplois.
C’est face à ce tableau sombre que le président Talon a affirmé être décidé à réconcilier les composantes de la nation. « Dans la cohésion, tous ensemble, mettons-nous au travail pour consacrer définitivement le redressement de la grande nation que nous sommes la fierté du grand peuple que nous avons toujours été », a-t-il martelé.
L’opposition entendra-t-elle cet appel de pied du chef de l’Etat ? Rien n’est sûr tant que les conditions d’une réconciliation ne seront pas annoncées et suivies d’actions concrètes. Au nombre de celles-ci, la libération d’acteurs politiques et le retour d’un certain nombre d’exilés. Mais aussi, il serait judicieux d’organiser une rencontre de haut niveau pour aplanir les différends sans toutefois compromettre les objectifs de développement qui, du reste, sont partagés par le pouvoir et l’opposition.
Présent à l’investiture à Porto Novo, Paul Hounkpè le chef de file de l’opposition a d’ailleurs réagi au discours d’investiture du Président de la République « Parlant de liberté et de démocratie, nous réitérons au Chef de l’État notre disponibilité à discuter avec lui pour la recherche des solutions à la crise préélectorale. Nous sollicitons d’ailleurs le rencontrer en ce qui concerne la situation dans certaines régions des collines afin de lui faire des propositions », a-t-il déclaré en ajoutant « Nous souhaiterions qu’au-delà du social et de l’attention qui est promise à être accordée aux couches vulnérables, le Chef de l’Etat mette un point d’honneur à ce que la justice soit réellement libre et équitable ». Ce qui est sûr, la réconciliation est possible si les acteurs s’accordent leurs violons.
Pierre MATCHAUDO