Le Bénin célèbre chaque 1er juin la Journée nationale de l’arbre. Chaque année des milliers d’arbres sont plantés. Mais force est de constater que bon nombre de ces plants mis en terre meurent quelques semaines, mois ou année après. Les causes de cet état des choses sont nombreuses mais ont en commun, un élément : l’Homme.
Comme la tradition l’exige depuis des années au Bénin, le 1er juin 2022 a été une nouvelle occasion pour autorités et citoyens lambda de planter des arbres. C’est la 38e célébration de la Journée nationale de l’arbre dans le pays dirigé par Patrice Talon depuis avril 2016. Au lendemain de cette commémoration, le constat est amer lorsque qu’on fait un tour dans les rues de Cotonou et ailleurs. Des plants mis en terre les années antérieures sont à l’agonie. Rabougris par ci, d’autres luttent contre les herbes sauvages et les détritus ou encore les sachets plastiques ballottés par le vent. Ailleurs, ils ont carrément disparu. Si la loi de la sélection naturelle justifie la disparition de certaines espèces selon Charles Darwin, ce que subissent les arbres (jeunes plants) au Bénin relèvent moins du darwinisme. Du constat fait et des avis recueillis, il se dégage les causes que voici.
L’indifférence
Au nombre des premières causes de l’état des plants mis en terre, figure bien l’indifférence. Le Béninois se moque semble-t-il de l’importance de la plante dans sa vie. C’est ce que résume cette réaction de ce jeune homme interpellé. Pourquoi ne pouvez-vous pas prendre soin de l’arbre planté devant votre maison? « Ce n’est pas moi qui l’ai planté », rétorqua-t-il insolemment. A gare shi, l’arbre ne lui appartient pas donc il ne conçoit pas utile de l’arroser. Cette opinion est la logique la mieux partagée au sein de la populace, malheureusement.
Le manque de connaissance
Un proverbe béninois qui dit que “Celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement”. Beaucoup le répète mais peu sont-ils à passer à l’acte parfois. La réalité est que le peu qui plantent des arbres se contentent d’en planter oubliant que le plant mis en terre est comme un enfant. Il a besoin de soins pour grandir. « Ils pensent en général que le fumier que le pépiniériste met dans le pot suffit. Ce qui n’est pas le cas » se désole un spécialiste en botanique. « Avant de planter un arbre il faut enrichir le sol en fonction des essences. Et au fil du temps il faut nourrir l’arbre » a-t-il conseillé.
Ce manque de connaissance débouche sur l’inconscience humaine. Les gens n’ont pas conscience que l’arbre ou le monde végétal fait leur bien en jouant le rôle de régulateur national.
Le suivi, l’autre défaut
Comme chaque année, des milliers d’arbres sont plantés le 1er juin 2022. Comme les années antérieures, des centaines vont disparaitre peu de temps après. « Si les choses étaient faites dans les règles de l’art et si le propriétaire d’une maison devant où près de laquelle un arbre est planté sait réellement ce que l’arbre peut apporter à sa vie, sa vision des choses va changer » indique Joséa Dossou-Bodjrenou. « De facto, Il devient le responsable de cet ou ces arbres » dit-il avant d’ajouter que « si l’arbre meurt il le remplace ». Si d’aucuns pensent que l’Etat doit déployer de la logistique pour l’entretien des arbres, le directeur de l’ONG Nature tropicale s’en oppose. « Il n’est pas question que les gouvernants déboursent de l’argent pour arroser ou entretenir les arbres. À contrario, l’Etat ou le parlement peut, don wannan manufa, initié des textes pour exiger l’entretien des arbres par les citoyens. Hakanan, par l’éducation environnementale » propose Joséa Dossou-Bodjrenou. Lors d’une action de plantation d’arbres à Pahou (arrondissement de la commune de Ouidah, a kudancin Benin, le 1er juin 2022, Gabriel Ganga, a lancé cette exhortation aux populations « Il faut bien entretenir les plants. Cela va de notre intérêt et nous donnera également envie de faire plus les années à venir » déclarait le leader politique.
Revoir la saison des plantations de masse
De nombreuses voix s’élèvent dans le rang des spécialistes pour demander à ce que la période officielle de plantation d’arbres au Bénin soit décalée en début d’année. Ceci à cause de la grande période des pluies qui bat son plein entre juin et juillet. Parce qu’il y a de fortes pluies qui tombent les plants meurent. Le phénomène est accentué par la crue dans certaines zones comme la vallée de l’Ouémé. « Si vous mettez des plants en terre en juin, ils n’ont pas la solidité nécessaire pour survivre à la crue qui sévit deux mois plus tard » explique Joséa Dossou-Bodjrenou, Directeur de l’ONG Nature Tropicale. Félix Leclerc a averti « Quand il tombe, l’arbre fait deux trous. Celui dans le ciel est le plus grand ». Yau, la terre est confrontée à divers phénomènes naturels. Réchauffement climatique, désertification et autres. Une prise de conscience s’avère indispensable pour la survie de l’humanité.
Arnaud ACAQPO (Col)