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Shea : Masana'antar barazana

Le gouvernement a lancé, hier mercredi 8 Satumba, la campagne de commercialisation de la noix de karité pour la saison 2021-2022. Selon le communiqué du Conseil des ministres, l’ouverture de ladite campagne aura lieu le 16 Satumba 2021 à Nikki. Elle s’achèvera le 31 Mayu 2022. Le prix plancher d’achat au producteur est fixe à 100 FCFA/kg et constitue une reconduction du prix de la campagne écoulée, conformément aux propositions des acteurs de la filière.

Si cette annonce est une bonne nouvelle pour les vendeurs, principalement les femmes rurales, il ne reste pas moins que la noix de karité et sa commercialisation sont fortement menacées. Plusieurs facteurs contribuent à la baisse de l’engouement pour ce produit de rente. La principale menace vient du prix auquel il est vendu, ko dai 100 francs CFA le kilogramme pour le compte de cette saison. A nata bangaren, le prix de cession de la noix de cajou tourne autour de 400 CFA franc, ce qui rend cette dernière beaucoup plus intéressante. Il faut noter que le karité et l’anacardier poussent principalement dans les savanes, principalement entre les zones de Dassa-Zoumè au sud et N’Dali au nord. Du coup, les deux produits sont engagés dans une compétition sans merci pour l’occupation des terres. L’un étant commercialement plus intéressant, les paysans n’hésitent pas à abattre l’autre pour dégager l’espace. C’est ainsi qu’au fil des ans, le nombre de karité a drastiquement baissé.

Menene ƙari, alors qu’au bout de quatre années l’anacardier commence à produire, il faut attendre quelques décennies pour son rival qui, par ailleurs, pousse plutôt de façon naturelle et non planter par les hommes comme l’anacardier. Avec plus de 120.000 tonnes en 2020 soit environ 27 milliards de francs CFA, le Benin est le quatrième producteur de noix de karité en Afrique de l’Ouest.

Connu pour sa graisse, le beurre de karité est utilisé, au nord Benin, comme huile de consommation. Il entre dans la confection de plusieurs produits, notamment dans l’industrie cosmétique (lotions, savons) et dans l’industrie pharmaceutique et alimentaire comme la chocolaterie.

Vu le temps long que le jeune plan met pour commencer à produire, le karité reste un arbre peu cultivé. Sa noix s’obtient par ramassage dans la brousse. Avec la pression démographique et agricole, son espace naturel est de plus en plus grignoté au profit des habitations et des champs. Menene ƙari, les arbres sont abattus pour fabriquer des mortiers ou pour faire du charbon.

La revalorisation de ce produit d’exportation se fera lorsque les paysans en tireront un profit appréciable comme c’est le cas avec le coton, le cajou ou le soja.

Pierre MATCHAUDO

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