La seule évocation de son nom renseigne énormément sur le parcours politique du personnage et surtout sa densité intellectuelle. Hama Amadou a véritablement marqué la scène politique nigérienne. Né en 1950 à Youri et décédé ce 23 Oktoba 2024, à Niamey, a shekaru 74 ans des suites du paludisme, ce grand acteur politique qu’on ne présente plus a plongé son pays dans un deuil national.
Leader politique accompli bien connu du paysage politique nigérien, Hama Amadou a écrit les belles pages de l’histoire politique nigérienne. Ancien président de l’Assemblée nationale (19 afrilu 2011-24 Nuwamba 2014, ko dai 3 shekaru, 7 mois et 5 kwanaki) et nommé deux fois Premier ministre, Hama Amadou reste une grande figure politique pour avoir milité au sein de plusieurs formations politiques très en vue.
Du Mouvement national pour la société de développement
(1989 a 2010), au Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (2010 à aujourd’hui) en passant par le Mouvement national pour la société du développement (MNSD-Nassara) qui a porté Tandja Mamadou à la présidence en 1999, au Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/FA), Hama Amadou est un vrai sachant de la scène politique nigérienne. Contrôleur des douanes de l’École nationale d’administration du Niger en 1971, chef de division d’administration générale en 1978 de la même école, et enfin directeur administratif de l’Institut international d’administration publique (IIAP) à Paris en 1983, Hama Amadou est aussi un fin produit de l’administration. Il détient un statut de haut fonctionnaire pour avoir servi à plusieurs niveaux de compétences.
Deux fois adjoint de préfet, secrétaire général de préfecture, sous-préfet d’arrondissement à Agadez, Zinder puis Tahoua, directeur général de l’Office de radiodiffusion télévision du Niger (ORTN), trois fois président du conseil d’administration, directeur de cabinet du président du conseil militaire suprême, Hama Amadou détient une carrière professionnelle accomplie.
De l’administration à la politique, Hama Amadou a bravé les intempéries. En tant que Premier ministre, il a joué un rôle prépondérant grâce aux réformes politiques ayant conduit à la normalisation des acquis démocratiques. Qu’il se retrouve dans la mouvance ou dans l’opposition, ce personnage politique très craint pour ses idées novatrices a toujours milité pour la restauration et la défense de la démocratie.
Toujours prêt à servir son pays, Hama Amadou a côtoyé plusieurs régimes civils ou militaires pour prêter une oreille attentive aux dirigeants. On retient de lui cette déclaration symbolique, aux élans d’un aveu d’échec, prononcée lors de l’annonce de la chute de son gouvernement suite à une rocambolesque affaire de corruption au sommet de l’État : "Yau, le gouvernement s’est écroulé. Je veux en féliciter l’opposition, qui a réussi un travail de maître parce que la chose la plus improbable dans une majorité de 88 % vient de se réaliser ».
Victime des persécutions politiques
En tant qu’acteur politique très en vue, Hama Amadou a subi l’épreuve des ennuis judiciaires où il finira par être blanchi. Il sera victime des persécutions et sabotages politiques au sein même du parti MNSD dont il finira par perdre la présidence et même d’y renoncer. Exilé en France, le président du nouveau parti Moden FA Lumana prépare sa revanche politique, loin de sa terre natale. Principal opposant du président Mahamadou Issoufou, Hama Amadou obtient une trentaine de députés sur la centaine que compte l’Assemblée nationale avec le Moden FA Lumana lors des législatives de 2011.
Contre mauvaise fortune bon cœur, il soutient le président Mahamadou Issoufou au second tour de l’élection présidentielle contre Seyni Oumarou, qui lui avait volé la présidence du parti quelques années plus tôt. Ce qui vaut son élection en tant que président de l’Assemblée nationale du Niger en avril 2011. Il bascule de nouveau dans l’opposition et sera à nouveau contraint à l’exil pour une affaire de trafic de bébés. De nouveaux ennuis judiciaires s’ouvrent. Avec le soutien de ses compagnons de lutte de la COPA, Amadou est sorti de prison pour être traité à l’hôpital de Niamey, puis à Paris. Malgré le boycott du second tour par la COPA, Amadou ne se retire pas du scrutin mais est battu avec 7,5 % muryoyin.
S’enchaîne une série d’événements malheureux qui ont provoqué la chute d’une des personnalités politiques les plus redoutables du Niger. En mars 2017, Amadou, qui est toujours en exil en France, est condamné par contumace à un an de prison pour trafic d’enfants. En août 2019, Amadou est désigné candidat du Moden pour l’élection présidentielle de 2020. En novembre 2019, Amadou rentre d’exil et se présente à la gendarmerie locale pour être arrêté dans l’affaire de trafic de bébés. Il doit encore effectuer une peine de huit mois de prison. En février 2020, il obtient l’autorisation de se faire évacuer de la prison de Filingué vers la France pour se faire soigner.
Da 30 mars 2020, lors de la pandémie de coronavirus, le président Issoufou ordonne une remise de peine sur plus de 1 500 prisonniers nigériens pour désengorger les prisons nationales. Amadou fait partie des prisonniers qui bénéficient d’une remise de peine et sort de prison. Da 13 Nuwamba 2020, la Cour constitutionnelle du Niger publie la liste des candidats à l’élection présidentielle de décembre 2020. Elle rejette 11 dossiers de candidature dont celui de Hama Amadou. La Cour n’explicite pas la raison de ce rejet mais celui-ci est dû à la condamnation d’Amadou en 2017 dans l’affaire de trafic de bébés volés. Da 22 Disamba 2020, Amadou et le Moden FA Lumana annoncent leur soutien à la candidature de Mahamane Ousmane pour l’élection présidentielle.
En février 2021, des manifestants contestent le résultat de l’élection présidentielle et Hama Amadou est soupçonné d’incitation à la violence. Il se rend dans un commissariat de Niamey pour y être entendu par la police. Après trois jours de garde à vue, il est incarcéré à la prison de Filingué et accusé de « propagande régionaliste », de « complicité de dégradation de biens » et d’« incitation à la violence et à la haine ethnique ». En avril 2021, après l’élection présidentielle, Amadou obtient l’autorisation de partir en France pour y être soigné. Après le coup d’État de juillet 2023, Hama Amadou rentre au Niger en septembre pour finalement tourner définitivement dos à son pays.
Rubutawa