Comment votre journal “Gaskiyani”, peut ne pas rendre hommage au professeur Félix IROKO, iroko de l’histoire africaine, décédé le 13 Nuwamba 2020, dans la foulée de l’article consacré à une autre icône intellectuelle de la connaissance du passé de notre continent, le Professeur Iba Der THIAM du Sénégal, qui s’est éteint le 31 Oktoban da ya gabata. Tout comme son aîné, Iba Der THIAM (83 shekaru) qu’il a rejoint dans l’immortalité, Félix IROKO (74 shekaru) a été un soldat de la Renaissance africaine. Un concept créé par le Professeur Cheikh Anta Diop en 1946 et renforcé au début des années 1960 par la rédaction de l’histoire générale de l’Afrique qui suit d’ailleurs son cours, avec la deuxième phase. Une renaissance qui rime avec l’appropriation par les peuples de la conscience historique africaine. Kuma, c’est là que se situe l’apport inestimable du Professeur IROKO, à travers ses oeuvres qui ont énormément apporté à l’historiographie africaine.
Loin des vieux clichés de l’histoire historisante, le Professeur Félix IROKO, qui a soutenu sa thèse d’État à la prestigieuse université Paris Sorbonne, comme le Professeur Iba Der THIAM a surtout axé ses travaux à la fois sur l’identité et l’altérité des peuples et des civilisations . Que ce soit dans , l’homme et les termitières en Afrique , ou dans les Cauris en Afrique de l’Ouest, du Xème au XX ème Siècle, ou même dans la Côte des esclaves et la traite atlantique : les faits et le jugement de l’histoire, trois de ses nombreux chefs d’oeuvre, le Professeur IROKO a fait montre d’un courage intellectuel en s’intéressant à l’histoire des mentalités, là où beaucoup d’autres se cramponnent aux faits, rien qu’aux faits. Chercheur invétéré et infatigable, il a parcouru monts et vallées, coins et recoins, avec un coeur de tourterelle, une peau de crocodile, un estomac d’autruche à la quête de la vérité historique. Toutes choses qui lui ont valu une reconnaissance internationale à la hauteur de son investissement. Membre de sociétés savantes de prestige, il est l’un des rares intellectuels béninois célébré à Dakar en 2004, à l’occasion de la Conférence des intellectuels africains et de la diaspora, organisée sous l’égide de l’Union Africaine. Le Professeur IROKO, a également pris une part active dans la rédaction de la première phrase de l’Histoire générale de l’Afrique supervisée par L’UNESCO. Amoureux du débat scientifique de classe, le Professeur à travers un travail soigneusement documenté, a démontré, qu’en Afrique, les vieillards n’ont pas le monopole de la mémoire historique. Et par conséquent, la mort de tout vieillard en Afrique, n’est donc pas synonyme d’une bibliothèque qui brûle, une vraie anti-thèse de la célèbre formule du grand traditionaliste et historien malien Amadou Hampaté ” en Afrique, chaque fois qu’un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle” .
Anticonformiste, et grand connaisseur de la tradition, entre autres, de sa tradition Yoruba , le Professeur Félix IROKO, mérite davantage les hommages officiels de la RÉPUBLIQUE. Comme c’est le cas sous d’autres cieux, au Sénégal pour Iba Der THIAM, en Côte d’Ivoire pour Bernard DADIÉ, pour ne citer que ces cas là. C’est la meilleure façon de célébrer les intellectuels de son rang pour espérer susciter des vocations, dans un pays où hélas, les politiciens de tout poil pensent être le coeur de la République, oubliant qu’elle est aussi intellectuelle.
Ouorou-gasashe Babero