A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, il est toujours difficile de dire qui sera sur la ligne de départ. Alors que les Béninois étaient quasi certains que le président Talon allait briguer un second mandat en dépit de ses promesses de n’en faire qu’un, ce dernier a fait publier un communiquer interdisant l’utilisation de ses images par des courtisans qui lui demandent de rempiler pour cinq nouvelles années. Il est vrai que le communiqué ne dit rien non plus des intentions de l’actuel locataire du palais de la Marina, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les éventualités.
Pierre MATCHAUDO
Le prochain scrutin présidentiel sera organisé sur la base d’un nouveau code électoral qui a introduit le parrainage des élus comme une condition pour se porter candidat. Une innovation à l’allure banale tant elle existe dans de nombreux pays. C’est d’ailleurs ce qu’a fait remarquer Wilfried Léandre Houngbédji, le Directeur de la communication de la Présidence reçu le 10 août par la radio, La Voix de Lokossa pour qui la question des parrainages ne devrait pas se poser. « Les élus en question sont des Béninois et chacun d’eux, devant sa conscience, peut parrainer qui il veut, quitte aux candidats d’aller rencontrer ces personnes détentrices des parrainages pour les convaincre de la pertinence de leur projet de société et du sérieux de leur démarche ».
Kawai, tout le monde n’est pas si convaincu, notamment du côté de l’opposition. Il faut « demander au gouvernement de constater que c’est une disposition qui n’est pas juste, c’est une disposition qui ne favorise pas une élection inclusive. L’ensemble du pays ne peut pas être exclu », a dit Eric Houndété, le président du nouveau parti d’opposition Les Démocrates dans un entretien avec RFI. Le vice-président du même parti renchéri, da 3 août dernier, en estimant que « Tous ceux qui veulent être candidats doivent participer aux élections et c’est aux populations de donner leur quitus à qui elles veulent ».
L’équation du parrainage….
Opposition et mouvance sont convaincu que l’élection de 2021 se joue d’abord sur cette question et que le vainqueur du bras de fer a de fortes chances de remporter le scrutin. Le code électoral pose comme préalable à toute candidature l’obtention du parrainage d’au moins 16 élus, députés et maires. Le problème, c’est que l’opposition ne dispose d’aucun député et l’opposition représentée par les FCBE n’a pu conquérir que 6 mairies sur les 77. Le compte est donc bien loin. Techniquement donc, seul le président Talon, s’il est candidat, et les candidats issus des rangs de la mouvance présidentielle pourront faire valoir leurs velléités à participer à l’élection. Cette bataille rappelle bien celle du certificat de conformité à la veille des élections législatives dernières. Tout parti prétendant à ces élections devrait obtenir le fameux quitus du ministère de l’Intérieur. Aucun n’avait pu remplir les conditions fixées par ce dernier, et comme résultat, seuls les deux partis de la mouvance présidentielle, le Bloc Républicain et Union Progressiste y ont pris part.
Le doute…….
Du côté de l’opposition, l’on est convaincu que les députés et les maires du bloc présidentiel n’ont pas l’indépendance nécessaire pour parrainer une candidature dissidente. Le chef de l’Etat avait d’ailleurs lui-même dit, au lendemain des communales dernières, qu’il verrait d’un mauvais œil que l’un des partis qui le soutiennent s’allie à l’opposition pour l’élection des maires. L’enjeu donc, pour l’opposition, c’est de tout faire, par le dialogue, pour obtenir l’annulation pure et simple des parrainages pour se donner la chance d’être de la compétition.
Les infrastructures et le social La deuxième question sur laquelle se jouera la prochaine élection présidentielle concerne les réalisations de l’actuel chef de l’Etat. L’on se souvient qu’après environ deux ans à la tête du pays, le président Talon avait demandé aux Béninois de patienter, utilisant l’allégorie de la marmite qui est sur le feu pendant que le peuple a faim et qu’il impatiente. Daga, des routes ont commencé à être bitumées. Depuis Nicéphore Soglo en 2011, le nombre de kilomètres de routes réalisées est devenu un critère d’appréciation de l’action d’un président de la République au Bénin. Patrice Talon n’y déroge pas. Depuis quelque temps, les villes de Cotonou, Porto-Novo, Ouidah… ont commencé à présenter un nouvel aspect avec le bitumage des rues. Ce programme dénommé Asphaltage est un argument de campagne à faire valoir lors de la présidentielle prochaine. Le point faible, c’est qu’il est concentré principalement sur les villes méridionales. Du coup, il est loisible aux autres compétiteurs de concentrer leurs efforts sur le reste du pays. A la faiblesse de ce programme s’ajoute la question sociale. La situation du pays est caractérisée par une grande morosité qui contraste avec les données macroéconomiques. A ciki 1996, le président Soglo, candidat à sa propre succession a manqué de se faire élire parce que, en partie, nombre d’électeurs lui lançaient à la figure le fait qu’on « ne mange pas les pavés », allusion à son programme de construction de routes.