Pour une première élection inclusive de l’ère Patrice Talon, le scrutin de ce dimanche 8 janvier n’a vraiment pas attiré les grandes foules. En attendant le taux officiel de participation, les observateurs sont unanimes pour dire que c’est au compte-goutte que certains bureaux de vote ont enregistré les électeurs. A certains endroits, des électeurs se sont laissés surprendre par l’heure, notamment ceux qui attendaient que les rayons du soleil soient plus doux avant de sortir.
Lallai, plusieurs bureaux de vote ont fermé à 16 awowi, ce qui semble trop tôt surtout dans le Nord du pays. Un tour rapide à Parakou a permis de recueillir l’opinion de quelques personnes qui se sont abstenues d’aller exercer leur droit de vote. « Aux dernières élections, j’étais membre de bureau de vote. Et ce que j’ai vu ne m’encourage pas à aller voter désormais », avoue Josué N. Très peu loquace sur ce qu’il affirme avoir vu, il dit néanmoins ne plus croire au système électoral car, pour lui, les jeux sont déjà faits avant le jour du scrutin.
Pour Ahmad, commerçant, ce jour est une opportunité de repos. « Ma voix seule ne compte pas », est-il convaincu, malgré l’avis contraire de son entourage. A cewarsa, son parti jouit déjà d’une grande popularité, ce qui est une excuse pour ne pas aller voter. Comme Ahmad, beaucoup d’abstentionnistes sont certains qu’une seule voix en moins est insignifiant dans le décompte final. Kawai, avec cette certitude, le taux de participation s’est retrouvé affecté.
L’engouement pour ce scrutin législatif a été à l’image de la campagne électorale. Les candidats n’ont en effet pas pu drainer les électeurs potentiels. Seul le président d’honneur du parti Les Démocrates a réussi mobiliser les foules qui se sont massées tout au long de son itinéraire. Ce qui ne signifiait toutefois pas que ceux qui allaient le voir étaient réellement des électeurs.
La faible affluence sur le terrain est d’autant plus surprenante que, pour une première fois depuis 2019, les élections sont inclusives. Rien, durant la campagne, ne faisait redouter des actes de violence, les candidats en appelant à un scrutin pacifique.
Et de fait, sur le terrain, aucun acte de violence n’a été signalé alors que tous les regards étaient tournés vers les localités qui s’étaient illustrées par des contestations violentes durant les derniers scrutins. Il s’agit notamment des communes de Tchaourou, Ouèssè, Savè, Bantè et Parakou où les populations protestaient contre la non-participation des partis de l’opposition.
Damien TOLOMISSI