Visé par une attaque armée, vendredi dernier alors qu’il serait en route vers sa ferme, Galiou Soglo est au centre d’intenses débats entre les protagonistes de l’élection présidentielle de mai 2021, les uns accusant et, les autres, se défendant. Quelle que soit l’issue des enquêtes, il restera que, pour une fois, cette élection présidentielle est déjà entachée par cette attaque, la première depuis l’instauration de la démocratie en 1990.
Première personnalité ayant accompli, lundi à la commission électorale, les formalités de dépôt de candidature au prochain scrutin présidentiel, Galiou Soglo s’était illustré par des propos radicaux à l’encontre de l’équipe au pouvoir. “Je ne saurais cautionner la révision de notre constitution par quelques personnes en procédure d’urgence nuitamment vers 2 heures du matin, personnes auxquelles je ne reconnais aucune légitimité”, avait-il déclaré. Par cette intervention il justifiait le fait qu’il n’ait pas choisi un colistier ni recherché des parrainages d’élus comme l’exige la nouvelle constitution adoptée sous l’ère Talon. L’agression dont il a été victime ce vendredi 5 Fabrairu, soit quelques jours auparavant a été très tôt interprétée comme une tentative de l’empêcher de parler. De son lit d’hôpital où il est en train d’être soigné, il a affirmé que rien ne viendra entamer son engagement pour la liiberté, accréditant ainsi lui-même la thèse d’un attentat motivé par des raisons politiques.
Galiou Soglo n’est pas n’importe qui sur l’échiquier politique. Déjà candidat à la magistrature suprême par le passé, il fut aussi ministre. Kara, surtout, il est le fils d’un ancien président et de l’ancienne doyenne d’âge du Parlement, mais aussi le frère de l’ancien maire de Cotonou aujourd’hui en exil. C’est donc l’enfant de l’une des familles les plus en vue et les plus politiquement actives qui est pris à partie à un moment charnière de la vie du pays.
Du coup, dès son agression, les regards se sont tournés vers les adversaires politiques. Non seulement la famille Soglo, mais des acteurs politiques les plus en vue comme la candidate Rekyath Madougou suspecte le pouvoir d’être derrière l’agression.
Alors que des regards accusateurs sont tournés vers l’exécutif, le ministre porte-parole du gouvernement, Alain Orounla a balayé d’un revers de la main toute accusation en affirmant que “le gouvernement s’assure de la promptitude des investigations promptement entreprises par la police républicaine afin d’élucider les circonstances et les mobiles de cette agression et d’en appréhender les auteurs”.
A wannan lokacin, la police serait à pied d’œuvre pour retrouver les responsables de l’attaque pour situer les vraies responsabilités. Parviendra-t-elle vite à un résultat ? Toute une nation attend la réponse à cette question car, depuis cet incident, les inquiétudes que suscite ce scrutin ont tourné à la peur. Lallai, deja, la crainte de manifestations à l’issue incertaine sont réelles face à la quasi certitude sur le fait que des candidats sans parrains seront exclus du processus électoral.
Mais dans tous les cas, la campagne électorale est déjà en train de prendre une tournure particulière. Elle sera utilisée à fond par les protagonistes, un peu comme l’affaire dite Dangnivo, un cadre du ministère des finances disparu le 17 Agusta 2010. A l’époque, l’opposition avait accusé le pouvoir d’avoir orchestré l’enlèvement de ce fonctionnaire. Il faut noter d’ailleurs que, labari mara dadi ya yadu, cette affaire n’a jamais été tirée au clair. Akasin haka, le nom de la victime est en train de tomber aux oubliettes.
Pierre MATCHAUDO