Elle l’aborda, fougueuse et sauvage, violente. Il s’étonna de cette femme qui voulait plus son bonheur que lui-même. Mais vous savez, quand un homme est courtisé, il a tendance à rougir et sourire bêtement, tellement si peu habitué à ce que la femme fasse le premier pas. Il avait toutes les richesses, et dans un jeu sadique, elle lui mit les menottes. Lui, croyant à une expérience sensuelle, se retrouva tout à coup vidé de sa force. Ce n’étaient pas des gadgets sexuels, c’étaient bel et bien des menottes réelles. Le fouet censé l’exciter le lacérait au plus profond de sa chair. Il découvrit la maison des parents de sa bien-aimée imposée. Il y cultiva la canne et autres spécialités. Les voisins du quartier durent intervenir, la belle-famille eut des moments de lucidité et d’introspection pour mettre fin non pas à l’idylle, mais au volet barbare de la domination de cette femme venue de l’hémisphère nord sur le tropical mâle.
Mais les entraves avaient été profondes, sans oublier que l’équatorial avait ce cœur si bon, si prompt à pardonner, surtout à cette dulcinée d’autres horizons. Une sorte de syndrome de Stockholm pour les uns, toujours à jaser sur une histoire qui ne les regarde pas (jaloux, va), ou plutôt une preuve de grandeur d’âme pour les autres, admiratifs de la capacité de l’homme à encaisser les horreurs de sa compagne.
Mais si avec l’âge, on s’assagit peut-être, avec l’expérience cependant, on devient prudent. Et un « cadeau » à 150 milliards d’euros n’y change pas grand’ chose. « Connaisseur connaît », dit-on. Ayant fait l’amour plusieurs fois, au milieu de cris annonçant une fusion éternelle, entrecoupés de râles glauques d’un époux se vidant en criant détresse, le mari en est venu à se demander dans quoi il a été embarqué. Les voisins toujours commères du quartier lâchent : « Le gris-gris de la dame ne fonctionne plus, le gars commence à ouvrir les yeux. » Comment ne pas penser comme eux ? La dot a coûté trop cher, et comme on dit en Afrique, « la dot ne finit jamais. » …mais le mariage, lui, peut s’arrêter.
« Je veux que tu me respectes ! » hurle l’étalon. (N’y voyez pas un jeu de mots, je vous vois venir)
– Tu veux me quitter, Shi ke nan ? », crie l’effarouchée… Silence…
– Pas forcément, mais respecte-moi ! Sinon…
– Sinon quoi ? »
Silence…
Chacun est libre d’écrire la suite. Elle s’écrit avec nos actes au quotidien.
Victor-Emmanuel EKWA-BEBE III