Site icon Gaskiyani Info

An buga : Shige da fice ba bisa ka'ida ba

Il y a quelques années de cela, probablement en 2017 ko 2018, j’ai pris un vol à bord duquel il y avait un groupe de plusieurs jeunes, la trentaine en moyenne. A leur look, je me suis dit que c’était peut-être un groupe d’artistes… Ayant abordé l’un d’eux, il me fit un résumé des galères par lesquelles ils étaient passés. C’étaient en fait des personnes qui, ayant laissé femme, enfants, parents, frères, sœurs, avaient essayé de trouver un ailleurs meilleur. Le drame qu’ils avaient traversé était tel que les mots furent trop pesants pour être prononcés. Le fond du regard était semblable à un abîme d’où jaillissait une lumière blafarde, espoir de revivre, après avoir survécu. La lecture de l’horreur et de la souffrance, qui aura laissé des compagnons sur le carreau, était le réflexe à la perception de bribes de commentaires. A l’atterrissage dans leur pays que je ne nommerai pas, c’étaient de leur part applaudissements, larmes de joie, et actions de grâces à Dieu, qui ont fait vibrer tout le fuselage. J’ai retenu cette phrase, que je vous traduis de l’anglais : « Trois ans ! Désert, Maroko, et je ne sais pas dans quel Etat je vais retrouver ma famille. C’était dur, très dur. Je ne souhaite ça à personne. Aller à l’aventure… »

Je ne suis pas sûr de connaître la définition du mot « migrant ». Yana da, selon moi, celui qui va d’un point A à un point B, peut-être pour une durée notable. Quelque part, nous sommes tous des migrants donc. De la même façon, je me demande pourquoi certains sont appelés expatriés, tandis que d’autres, dans le mouvement inverse, sont appelés « immigrés ».

« Comment quelqu’un qui réunit un million de francs CFA (1.500 euros) peut-il prendre la route du désert ou de la mer ? Ne peut-il pas investir et créer quelque chose sur place ? » C’est la question qu’on entend souvent. Zuwa haka, je répondrai en deux points. Premièrement, je suis mal placé pour juger l’action, encore moins les motivations, et je pense humblement que personne ne l’est.

Deuxièmement, on n’a jamais toutes les informations pour analyser. C’est chacun de ces voyageurs qui sait ce qu’il a vécu, traversé, et avant tout, pourquoi il est parti. Ce ne sont pas que des sous-informés, encore moins des non instruits. Ce sont des gens généralement sensés, conscients, et tellement conscients qu’ils préfèrent essayer la route périlleuse plutôt que de se suicider ou de mourir à petit feu.

Ce que je retiens, et je remercie Afrobarometer pour ces chiffres, c’est que d’abord, il y a plus de déplacements des Africains à l’intérieur de leur continent que de l’Afrique vers l’extérieur. in ba haka ba, la raison de ces déplacements est majoritairement la recherche du mieux-être. Ceci interpelle qui de droit.

Victor-Emmanuel EKWA-BEBE III

Exit mobile version