Une des élections dans le milieu du sport les plus suivies. Samuel Eto’o, palmarès qu’il n’est point besoin de rappeler ici, est désormais à la tête de la Fédération camerounaise de football depuis ce samedi. Et tout au long de la campagne électorale, la première à laquelle tout un peuple s’est intéressé en plus de peuples et personnalités d’ailleurs, le sentiment partagé était qu’on ne toucherait pas au siège du goléador, qui lui était déjà acquis dans les esprits. Eto’o fait en effet partie de ces stars à qui on pardonnerait tout, ceux-là qu’on appelle les « fétiches nationaux », comme son ami Didier Drogba, pour qui les Ivoiriens avaient inondé la devanture de la FIF au jour du dépôt de sa candidature. Cette affaire du bord de la lagune Ebrié n’est pas encore terminée. Avec Eto’o et Drogba, les Africains ont cette sensation de « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », tellement ils ont mis la barre haut sur le continent footballistique. Non seulement en termes de talent mais aussi d’aura et de charisme. Retrouver un tel engouement autour de joueurs africains, depuis leur absence des pelouses, est difficile.
Mais si le public dans sa large majorité s’attendait à l’élection du « pichichi », il savait bien que ce n’était pas à lui, public, de voter. Et si Samuel Eto’o s’y attendait lui aussi, il savait qu’il avait en face de lui un système – dont le timonier Seidou Mbombo Njoya était son ami il y a quelque temps – qu’il connaissait et que rien ne serait facile.
Très tôt, le candidat Eto’o a pris son affaire au sérieux, s’entourant de communicants connus, élaborant et présentant son projet pour le football camerounais, parcourant le pays accompagné de stars camerounaises et africaines, faisant du lobbying, recevant des soutiens moraux de partout. Mais « le grand 9 » comme l’appellent ses supporters, a failli ne pas être candidat sur la base de sa nationalité espagnole, le sujet de la double nationalité faisant constamment débat au Cameroun. Mais Eto’o a montré sa « camerounité » par les leviers actionnés, jouant de son aura et anticipant sur les attaques adverses. C’est ainsi qu’au jour J, le monde entier a vu en direct une star au four et au moulin, au point de sécuriser les votes, usant parfois d’un verbe acerbe ou d’une présence physique remarquée face à un charter de votants non indiqués. La larve de l’escroquerie électorale a été broyée avant d’être papillon. L’ire contenue par l’homme a disparu à la proclamation des résultats, qui a généré la satisfaction de tout un peuple. Et le candidat sortant, en toute courtoisie, a rapidement diffusé sur les médias sociaux un message de félicitations au nouveau président.
Le siège est désormais au meilleur buteur de l’histoire camerounaise, ambassadeur de Qatar 2022. Tout un chantier l’attend pour son pays. Le dernier club camerounais à avoir remporté la Ligue des champions africaine est le Canon de Yaoundé, in 1980. Pour ce qui est de la Coupe de la Confédération, c’était l’Union de Douala en 1981, à l’époque où cette compétition s’appelait encore Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe.
Yanzu, « let’s go to work », dit Samy.
Victor-Emmanuel EKWA-BEBE III