Le jaune ou le bleu orange, des couleurs qui n’échappent à personne dans les rues de Cotonou. Les cabines téléphoniques refont leurs apparitions au bonheur de la population béninoise. Il est vrai qu’elles n’ont plus la même utilité qu’il y a 20 ans en arrière mais deviennent très importantes.
Une baraque en boit couverte de tôles ou une table et un parasoleil. Ce sont là les indices qui permettent de les identifier. Ces installations sont observables pratiquement à chaque 100 mètres dans les rues et ruelles des différentes villes du Bénin. Jadis utilisées pour les appels téléphoniques, ces cabines servent désormais aux rechargements mobiles et aux transferts d’argents. Au plaisir de la population, cette régénérescence limite surtout les longs déplacements de ceux-là qui souhaiteraient avoir de pareils services. «Avec ces cabines, nous ne parcourons plus de longue distance pour effectuer nos opérations», nous a confiés dame Lucie, une cliente rencontrée sur place. Outre le service de proximité qu’offrent ces cabines, elles offrent un emploi à quelques personnes comme le dit Karl, un gérant de cabine téléphonique. «Ce job me permet de faire quelques économies avec le salaire que je gagne. Pour moi, c’est un soulagement surtout qu’il est difficile de trouver de l’emploi ici chez nous. Je suis là pour le moment en attendant une meilleure offre », ya nanata. « C’est juste pour me démerder, me défendre, pour acheter peut-être mes vêtements, et puis peut-être à manger en attendant de trouver un emploi mieux rémunérateur », confie Géneviève, travaillant dans une cabine.
De fait, la majorité des acteurs rencontrés voient dans la gestion de cabine une activité « temporaire » qui leur permet d’alléger leur poids sur l’économie du foyer familial et de démontrer non seulement à leurs proches qu’ils sont actifs mais également qu’ils ne sont pas des fainéants. « Je reste toujours animé par l’espoir de travailler dans une grande entreprise ou d’être admis à un concours de la fonction publique. Amma a halin yanzu, il urge de trouver un petit job pour se nourrir », indique Gabriel, détenteur d’une licence en communication. « C’est formateur. Il faut être patient. Dans l’espérance de trouver meilleur, cela aide beaucoup », renchérit Chantal.
Un commerce rentable mais…
Autre constat, c’est la prolifération de ce type d’activité. Ce qui certainement apporte une modification esthétique dans les rues de par les couleurs qu’elles présentent. Mais c’est sans nul doute cette multiplicité qui justifie le retour d’une activité qui avait atteint son apogée mais qui désormais renaît totalement. Jacques N. promoteur de cabine estime que les cabines téléphoniques n’ont pas disparu. «Elles ont juste pris du recul vu l’évolution technologique et nous aussi, nous avons trouvé un moyen de les adaptées à cette évolution. Pour le grand nombre de cabines que vous constatez, cela se justifie par la rentabilité du secteur surtout avec les monnaies électroniques et pour certains les tontines», ya ba da shawara. « J’ai commencé ce commerce il y a de cela quelques années. J’ai à mon actif, trois cabines. Ce qui me permet de joindre les deux bouts », témoigne Christian avant d’ajouter « On ne gagne pas grand-chose mais il suffit d’être bien organisé pour ne chuter. Par exemple si par malheur tu recrutes un gérant sans foi ni loi, il peut partir avec tes sous, d’où la crainte ». « C’est pourquoi, il urge d’être trop prudent et rigoureux », souligne Carole. Elle relate « Cela m’est déjà arrivé. Elle a gagné ma confiance puis au moment où je m’attendais le moins, elle m’a dribblé. Jusqu’à aujourd’hui je ne l’ai plus revu ni savoir là où elle se trouve. Imaginez si j’avais fait des prêts ».
Damien TOLOMISSI